INAUGURATION DE LA STATUE ÉLEVÉE
À LA MÉMOIRE DE PAUL DÉROULÈDE
A PARIS (SQUARE DE LABORDE)
Le dimanche 20 novembre 1927
DISCOURS
DE
M. LOUIS BARTHOU
DÉLÉGUÉ DE L’ACADÉMIE FRANÇAISE
GARDE DES SCEAUX, MINISTRE DE LA JUSTICE
MESDAMES, MESSIEURS,
C’est au nom d’un Gouvernement d’Union nationale que j’apporte à la mémoire de Paul Déroulède l’hommage reconnaissant de la patrie victorieuse. Ainsi je marque, dès mes premiers mots, la portée exacte de la manifestation qui nous rassemble. Les passions et les divisions de la politique en sont exclues. Leur place est ailleurs, qu’elles sauront reprendre. Ailleurs, nous avons des étiquettes et des prénoms, par lesquels s’affirment et s’affrontent nos divergences et nos querelles. Ici, nous retrouvons notre nom de famille : nous sommes, sans autre épithète, des Français, venus pour évoquer le souvenir d’un grand serviteur de la France.
Aucune existence ne fut plus mouvementée que celle de Paul Déroulède. Elle a déjà sa légende, qui la simplifie et, par une heureuse justice, la ramène à son trait essentiel, le patriotisme. Au travers de tant d’aventures tumultueuses et retentissantes, qui en firent un chef de parti, et même un chef de faction. Paul Déroulède, dont le courage généreux s’imposait à tous, n’eut jamais d’autre ambition que celle de la France. Il ne parlait et il n’écrivait, il n’agissait et il ne priait que pour elle. Depuis 1870, il lui donna sa vie. La guerre, surtout après les premières défaites, fut pour lui une révélation. Agé de vingt-quatre ans, il revenait de loin. Étudiant et avocat, l’Empire, qu’il détestait, lui cachait la figure de la Patrie. Il avait versé dans les idées humanitaires, que ni le démembrement du Danemark, ni Sadowa n’avaient troublées dans leur inconsciente quiétude. Pendant que Bismarck poursuivait, tantôt par la force et tantôt par la ruse, des projets qui devaient faire de la Prusse la maîtresse de l’Allemagne et du monde, la jeunesse républicaine, menée par des utopistes égarés, ne songeait qu’au désarmement et à la fraternité des peuples. Paul Déroulède suivait ces guides. Passionné pour les lettres, il ne croyait qu’à la gloire des arts et il méprisait comme une honte celle des armes. Libéré du service par la chance d’un bon numéro, il ne comprenait pas la grandeur de la servitude militaire. Faut-il le dire ? Oui, puisqu’il l’a dit lui-même : par horreur de la guerre, il méprisait l’armée. Il était pacifiste et antimilitariste. Le réveil fut terrible. Quand il comprit que la déroute des armées, qu’il avait jusque-là confondues avec l’Empire, risquait d’entraîner celle de la France, il fut pris d’un remords qui changea tout son destin. Paul Déroulède ne s’arrêta jamais à mi-chemin d’un devoir. Nommé sous-lieutenant dans un bataillon de mobiles, qui fut ramené de Châlons à Paris, il n’accepta pas ce qu’il tenait pour une reculade, et, il s’engagea comme simple soldat dans le 3e zouaves, dont la conduite à Reichshoffen n’avait pas démenti la gloire qu’il s’était acquise à l’Alma et à Inkermann.
C’était, bien choisir, mais, en même temps qu’un régiment, Paul Déroulède choisissait une voie. Il n’en dévia pas. Je trahirais ma pensée et cette vérité qu’on doit aux morts eux-mêmes si je ne disais pas que, soit par entraînement personnel, soit par solidarité loyale, il commit des erreurs et des fautes, durement expiées. Mais, sous la contradiction des apparences et sous la mobilité des attitudes, sa vie ne tendit qu’au même but. Soldat et poète, auteur dramatique, ligueur et orateur, Paul Déroulède fut un « sonneur de clairon ». Pendant près de quarante-quatre ans, ces notes saccadées et stridentes, perçantes et claires, attestèrent une présence et un acte. Elles sonnèrent, sans lassitude, sans crainte de paraître démodées, avec la plus infatigable confiance, un réveil et un appel. Oui, vraiment, Paul Déroulède fut l’homme d’un seul devoir, et, s’il se trompa parfois sur les moyens, la grandeur de ce devoir, auquel il était prêt à tout sacrifier, fit l’unité de son existence.
La guerre finie, cette guerre où son frère André et lui avaient été blessés, Paul Déroulède resta dans l’armée. Mais il y avait dans cet officier une âme de poète. Déjà en 1869, grâce peut-être à l’influence de son oncle, Émile Augier, il avait fait jouer aux Français Juan Strenner, un acte en vers. Ce n’était qu’un essai d’écolier. La vie, l’expérience et la plus grande des expériences, la guerre, avaient mûri l’homme, pourtant si jeune encore. Il fallait à la France meurtrie un Tyrtée qui relevât sa confiance et lui rendît l’espérance. Les Chants du soldat lui apportèrent le baume consolateur. Ces « cris de fierté » n’ont pas perdu leur accent et ces vers « martelés comme des fers de lance » sont toujours bons à relire. Je plains qui les dédaigne. Ils sont une date, mais plus encore. Quoique le sort des chansons soit de ne pas durer, parce qu’elles sont un moment passager de l’émotion populaire, celles-ci vivent et vibrent. Ce sont des sonneries qui marchent. Elles ont un mouvement, un entrain et un rythme auxquels on ne résiste pas. De plus, ou plutôt surtout, elles sont sincères. Leur simplicité a de la force, mais elle ne sent pas l’apprêt. Une chanson trop gonflée de littérature manque son but. Les Chants du soldat, et la série qui suivit, de 1872 à 1890, sont des cris du cœur qui trouvèrent le chemin des cœurs. Ils y vont encore. Certes, ils n’ont plus la même raison d’être, mais le courage et le devoir, l’honneur et la gloire, le drapeau et la patrie ne sont pas devenus de vains mots, parce que la victoire leur a donné une expression sublime. Ces sentiments font partie de l’âme d’une nation; entrés dans la vie, ils n’en sortent pas et quoi qu’en prétendent certains apôtres du progrès, qui sont de mauvais prophètes, il y a toujours du passé dans l’avenir.
En 1874, un accident de cheval força Paul Déroulède à quitter l’armée. À vrai dire, il n’en abandonna que l’uniforme et il continua à servir. Le théâtre devint son moyen d’action, et il eut recours à la transposition historique pour propager ses idées.
L’Hetman, joué à l’Odéon en 1877, fut sa première pièce, qu’il dédia au « plus cher de ses compagnons d’armes », à son frère André. Ce drame développe ses péripéties, où l’amour et le patriotisme se contrarient et se heurtent, en Pologne et en Ukraine vers le milieu du XVIIe siècle. Mais l’âme du poète est ailleurs. La délivrance de l’Ukraine n ‘est qu’une fiction. C’est une autre délivrance, à peine voilée, qui inspire et anime la pièce. La voix de la Marucha, au fond la voix de la France blessée, lui donne un souffle de haine et d’espérance, qui s’exhale tantôt en couplets heurtés et saccadés comme un cri de guerre et tantôt en larges alexandrins dont l’ampleur à l’équilibre d’une mer au repos. Il y a de vraies beautés, et plus que de beaux vers, dans ce drame, soutenu, à travers les longueurs d’une intrigue parfois obscure, par l’ardeur d’une foi patriotique qui ne faiblit pas. L’heure lui fut moins propice qu’elle ne l’avait été à la Fille de Roland, dont les vers étaient d’ailleurs mieux frappés et les allusions plus directes.
Mais le sort différent laisse l’honneur égal.
Avec la Moabite, Paul Déroulède connut un sort encore moins heureux. Le drame, qu’il avait terminé en 1879, fut reçu au Théâtre Français sans y être jamais joué. Il fut victime d’une sorte d’« interdiction latente » et inavouée. Paul Déroulède s’en prit à Jules Ferry, ministre de l’Instruction publique, contre lequel sa rancune ne désarma pas. La pièce est un peu confuse ; elle s’inspire plus de Corneille, et non du meilleur, que de Racine, mais elle a de l’allure, mouvement, de la vie, et son lyrisme s’épanche en tirades tendres ou ardentes qui auraient mérité la fortune d’une représentation. Républicain et religieux, Paul Déroulède essaie d’y démontrer que « la liberté n’a rien de contraire aux croyances et que la morale humaine est chancelante qui ne s’appuie pas sur la loi divine ».
Il ne déserta jamais cette cause, et il ne fut pas un moindre croyant comme chrétien que comme patriote. Mais la religion resta pour lui un article du for intérieur tandis qu’il voua son âme d’apôtre à la Patrie, dont le culte, qui a, lui aussi, « ses symboles et ses rites », pouvait et devait rallier le pays entier dans la même foi et dans les mêmes espérances.
La Ligue des Patriotes fut fondée en 1882 pour organiser cette communauté nationale. Ouverte à tous les Français, qui ne devaient ni affirmer ni abdiquer leurs opinions ou leurs croyances, elle excluait par ses statuts les questions qui les divisaient et son programme, limité aux revendications imprescriptibles du droit outragé, pouvait développer entre toutes les consciences « cette sorte de parenté morale » qui fait, par l’union, la force et la grandeur d’un pays. La révision du traité de Francfort et la restitution de l’Alsace-Lorraine étaient les deux articles d’un seul et même dogme qui ne connaissait pas d’athées. « Soyons Français, bons Français, rien que Français », disait, dès le premier jour, Paul Déroulède, et il ajoutait : « Quant à la fraternité des peuples, nous en reparlerons le jour où Caïn nous aura rendu ce qu’il nous a pris. »
Il n’était pas un crieur de guerre; il était le messager de la justice immanente qui attendait, en la préparant par l’instruction militaire de la jeunesse, l’heure, confiée au destin, des réparations nécessaires. Qu’il y eût, malgré la sagesse des mots d’ordre, « trop de brusquerie dans les moyens et trop de fracas dans l’action », il ne songeait ni à le nier, ni même à s’en excuser. Le silence risque parfois de ressembler à une résignation qui convient mal à la noblesse passionnée des grandes causes. Mais Paul Déroulède se défendait d’être un provocateur, un impatient ou un imprudent. Il savait le danger qu’il en pouvait coûter aux chères espérances dont son âme était pleine. Disciple de Gambetta, et resté jusqu’à sa mort son ami fidèle, j’admire à quel point il put, sous cette haute influence, surveiller, modérer et retenir son langage. Écoutez-le, et précisément à l’occasion de l’inauguration de la statue de Gambetta à Cahors, en 1884, opposer la revendication à la revanche. « La revanche, c’est la guerre d’orgueil blessé et de haine envieuse qu’un peuple vaincu veut faire à son vainqueur ; c’est la guerre que la Prusse, réparée et même agrandie dès 1815, a préparée contre nous depuis Iéna. La revendication, c’est le Droit qui se relève, la Justice qui s’arme, l’Équité qui combat… » Et un an plus tard, à Vincennes : « Qui dit révision ne dit pas forcément rupture; qui dit restitution ne dit pas toujours reprise. »
Comment un tel programme n’aurait-il pas réuni autour du drapeau de la Ligue tous les hommes de bonne volonté, Henri Martin et Anatole de la Forge, qui furent ses premiers présidents, Victor Hugo et Chanzy, Waldeck-Rousseau et Paul Bert, Goblet et Henri Brisson, qui encouragèrent ses manifestations ? Aucune suspicion ne pouvait, du moins dans les débuts, écarter ces républicains de Paul Déroulède, dont les sentiments républicains n’avaient pas, en dehors de la Ligue, manqué une occasion de s’affirmer.
Mais la politique ne se laisse pas aisément exclure, et il ne suffit pas d’un article dans des statuts pour lui fermer la porte d’une association où les adhérents ont dû, afin de se rapprocher, faire, sinon le sacrifice, du moins la trêve de leurs opinions. Trois ans s’étaient à peine écoulés depuis la fondation de la Ligue des Patriotes, qu’un incident lui enleva son deuxième président, Anatole de la Forge, l’héroïque défenseur de Saint-Quentin. Une phrase de sa lettre de démission, si courtoise d’ailleurs et si affectueuse, marque le point aigu d’un conflit que les événements devaient rapidement envenimer et aggraver. « Vous êtes un patriote autoritaire, disait Anatole de la Forge à Paul Déroulède ; je suis un patriote libéral. »
Autoritaire, plébiscitaire et antiparlementaire, Paul Déroulède ne se cachait pas de l’être. Il croyait obéir par patriotisme à la leçon des événements, mais il suivait surtout la loi de sa propre nature. Son désintéressement ne lui conférait pas le don de l’infaillibilité. Quand de tels tempéraments se trompent, la sincérité de leur ardeur généreuse les emporte vite et loin. Sûrs de leur conscience, ils se croient sûrs de la vérité et comme il ne s’agit de rien de moins à leurs yeux que de la sécurité nationale, ils vont jusqu’au bout de leurs doctrines, de leurs attitudes et de leurs entreprises, bousculant dans leur action, souvent plus agitée que réfléchie, l’obstacle des lois et des hommes. Les uns les admirent et les suivent ; d’autres les réprouvent et les condamnent ; personne ne les méprise. Mais l’opinion, secouée d’abord, puis lasse, les juge aux résultats et il advint que Jules Lemaître, peu suspect, trouva à Déroulède « l’air noblement désorienté d’un héros inemployé ».
Ce héros — je prends le mot à mon compte — s’était, pour atteindre son but, trompé de route. Ainsi, il avait méconnu jusqu’à la haine le génie profond et clairvoyant d’un Jules Ferry, qu’il accusait presque de se faire l’allié de l’Allemagne en sacrifiant l’Alsace au Tonkin. Il avait maudit, avec une âpre injustice, sa politique coloniale qui devait, pour une si large part, contribuer à nous rendre ces murs de Metz et ce clocher de Strasbourg dont lui, le sonneur de clairon, avait, « les yeux fixés sur la frontière », la fière et douloureuse et invincible obsession. Peu à peu, il avait glissé vers l’Appel au soldat. Je ne veux pas dire quel soldat. L’histoire juge et s’étonne. Pour qu’elle soit impartiale, Messire du Guesclin et la Mort de Hoche doivent, sans que l’art dramatique en renie la sincérité et parfois la grandeur, entrer dans ses dossiers. Paul Déroulède a mis dans ces drames la confession d’une âme à la fois attristée et confiante, que des abandons imprévus, pour ne pas dire plus, ne découragent pas du devoir et de l’espoir d’agir. Cette action avorta de nouveau et Paul Déroulède paya son insuccès de six ans d’exil. Peut-être en touchant la terre de France, se rappela-t-il les vers d’Hélias, le tribun de la Moabite :
Ah ! merveilleux attraits du sol de la patrie,
C’est vous qui pénétrez dans mon âme attendrie ;
Et j’oublie un exil à peine terminé
Au seul aspect du coin de terre où je suis né.
L’oubli fut réciproque, car il n’y avait personne qui n’eût quelque chose à se faire pardonner. L’accueil de Paris montra que l’amnistie avait rendu à la France un grand Français, dont les actes les plus audacieux n’avaient jamais été dictés par les calculs d’une ambition personnelle. Aujourd’hui que, soustraits par le temps aux passions politiques, ils sont entrés dans l’apaisement de l’histoire, la mémoire de Paul Déroulède, même pour ceux qui les blâment — et il sut que je fus de ceux-là — ne perd rien à leur évocation. Il était impossible de les taire, mais combien ces événements, si près de nous, qui les avons vécus, sont déjà loin ! La guerre a passé par là, la guerre et la victoire. Ce sont elles qui ont restitué à Paul Déroulède sa vraie figure,
Tel qu’en Lui-même enfin l’éternité le change,
sa droiture courageuse, son désintéressement chevaleresque, son goût du sacrifice et son mépris de la mort, inspirés par son amour passionné de la France, qu’il voulait « faire unie pour qu’elle fût forte, et faire forte pour qu’elle redevînt entière ».
Toute sa vie et tout son programme tiennent dans ces mots si brefs et si riches. Il était un homme d’action, servi par une éloquence ardente, rapide et vibrante, où passaient des formules et des images qui séduisaient et enlevaient la foule. Il jouait moins un rôle qu’il ne remplissait une mission. Elle pouvait l’entraîne à des excès de parole, car il ne ménageait pas les adversaires qui lui paraissaient desservir, pour ne pas employer une autre expression, les intérêts de la France, mais au fond il était juste et bon. Son intimité était charmante. Quand le ressort de l’action se détendait en lui, cet homme brave redevenait simplement un brave homme, qui associait dans sa conversation la finesse d’un paysan, la rudesse d’un soldat et la culture d’un lettré. Il était modeste. Les honneurs ne le tentaient pas. Il n’avait pas d’autre fierté que celle de sa croix, gagnée en 1870 sur le champ de bataille. Il attrait pu être de l’Académie française, dont j’apporte, en même temps que celui du Gouvernement, l’hommage à sa mémoire. À la mort de François Coppée, qu’il aimait et qu’il aurait loué dignement, la candidature lui fut offerte. Il semblait avoir plus que des chances. Il fut flatté, mais il refusa, et non sans tristesse, de donner son nom. « Peut-on, disait-il, monter sur une borne quand on porte un habit vert ? »
Hélas ! il n’eut plus bientôt l’accès même de la borne. Ses dernières années furent rongées par une maladie douloureuse. Je le vis, il y a quatorze ans, presque mois pour mois, guetté par la mort qui, sûre de son heure, n’avait pas accepté la sienne, le jour de l’anniversaire, sur le plateau de Champigny. Il m’offrit, dans un visage amaigri, altéré et ravagé par une longue souffrance, la flamme de son regard et la bonté de son sourire. Il se savait perdu et il sentait, avec une clairvoyance presque prophétique, que la guerre, voulue par d’autres, était inévitable et peut-être prochaine. Vieux « sonneur de clairon », abattu par le sort implacable, il ne serait pas à son poste, et il souffrait plus de cette absence, hélas ! trop certaine, que de ses maux physiques. Mais l’espoir luisait dans ses yeux ardents et frémissait dans sa parole haletante. Il avait confiance, ayant juste assez vécu pour savoir, à la lumière d’événements récents, que le péril national ferait l’union nationale. Le 18 mai 1882, en fondant la Ligue, il avait rappelé cette parole d’un patriote du XVIe siècle, qu’il cita souvent depuis : « Le tout est que tout ce qu’il y a de Français en notre France se réveille, se rallie, et ait une parfaite intelligence ensemble. »
Pendant plus de quatre ans, après le réveil du 4 août 1914, les intelligences et les cœurs se rallièrent dans la communauté de l’effort que Paul Déroulède avait prévu et préparé. Il aurait mérité de sonner à Rethondes, le 11 novembre 1918, l’allégresse de l’armistice libérateur, et d’ajouter aux Chants du soldat les strophes de la victoire. L’injustice du destin lui refusa cette joie suprême. Mais un tel homme ne meurt pas tout entier, et c’est beaucoup qu’un nom survive, s’il est impossible de le prononcer sans évoquer les traits éternels de la France.