Dire, ne pas dire

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« Exit » prononcé comme « Excite »

Le 7 avril 2022

Emplois fautifs

Le mot exit, qui est d’abord une indication scénique indiquant la sortie d’un personnage et qui s’emploie par extension pour évoquer le départ d’une personne (Exit le chef de service), se prononce « egzit ». Le graphème x transcrit les phonèmes [k] et [s], mais quand ils se trouvent en position intervocalique, ces phonèmes se sonorisent en [g] et [z], comme dans exemple ou exister. Il convient donc de se souvenir que si les mots exit et exciter sont proches, ils ne se prononcent pas de la même manière, le « c » d’exciter empêchant la sonorisation du [k] et [s].

« Résolverons » pour « Résoudrons »

Le 7 avril 2022

Emplois fautifs

Les verbes dont l’indicatif présent se termine en -vons à la première personne du pluriel et en -verons au futur, sont des verbes du premier groupe, en -ver : nous trouvons, nous trouverons ; nous levons, nous lèverons. Mais si le verbe résoudre fait bien résolvons au présent, il n’appartient pas au premier groupe et ne fait donc pas résolverons au futur, comme on l’entend trop souvent, mais résoudrons.

Œdipe, œcuménique, œsophage

Le 7 avril 2022

Emplois fautifs

Les mots français tirés de formes grecques commençant par -oi ont soit une initiale en é-, comme économie, soit une initiale en œ-, comme Œdipe, œcuménique ou œsophage. Dans tous ces mots, la première syllabe, qu’elle s’écrive é ou œ, se prononce de la même manière, avec un é fermé. On doit donc dire Édipe, écuménique ou ésophage. On se souviendra d’ailleurs que dans les deux premières éditions de son Dictionnaire, l’Académie française écrivait œconomie et non économie et que des linguistes ont proposé que l’on écrive édème, et non œdème pour que la prononciation et l’orthographe concordent. Cette remarque ne vaut bien sûr pas pour les mots en œ- issus de mots latins commençant par un o-, comme « œuf » (ovum), « œil » (oculus), ou « œuvre » (opus).

Commissairiat

Le 3 mars 2022

Emplois fautifs

Il existe en français une vingtaine de noms en -ariat, dérivés de noms en -aire, qui indiquent un état, une fonction. On trouve ainsi les couples notaire/notariat, volontaire/volontariat, secrétaire/secrétariat. L’usage a suivi la même règle pour former le dérivé de commissaire, « commissariat », qui désigne l’emploi, la qualité de commissaire, l’ensemble des services dépendant d’un commissaire (ou d’un haut-commissaire) ou, enfin, le lieu où sont installés les services dépendant d’un commissaire. Dans tous les cas, c’est commissariat qu’il faut dire et non, comme on commence à l’entendre, commissairiat.

« Cinquante et une mille doses » pour « Cinquante et un mille doses »

Le 3 mars 2022

Emplois fautifs

Un est le seul adjectif numéral cardinal à varier en genre : deux hommes, un homme ; deux femmes, une femme. Il conserve cette variabilité quand il est directement suivi du nom qu’il détermine : vingt et une filles, cent une dalmatiennes, les mille et une nuits. Mais dans l’adjectif numéral cardinal cinquante et un mille (doses), un ne se rapporte pas à doses mais à mille, qui est invariable en genre : On dira donc ce centre a reçu cinquante et un mille doses de vaccin et non ce centre a reçu cinquante et une mille doses de vaccin.

« De facto » prononcé « Deux facto »

Le 3 mars 2022

Emplois fautifs

Le français a intégré dans son vocabulaire un certain nombre de locutions latines comme a priori, et cetera, ex abrupto, grosso modo, in vitro ou proprio motu. Leur prononciation ne pose en général pas de problème. Il en allait jusque-là de même avec celles dans lesquelles entre la préposition latine de. Mais on commence à entendre prononcer de facto « deux facto » comme s’il s’agissait de la préposition française « de », que l’on trouve, par exemple, dans la locution « de fait ». Rappelons donc que cette préposition se prononce « dé » et que c’est « dé facto » que l’on doit dire. Cette remarque vaut aussi bien sûr pour de cujus, de jure, de profundis, de visu, et c’est encore « dé » que l’on doit dire dans delirium (tremens) ou desiderata.

« Favorie » pour « Favorite »

Le 3 mars 2022

Emplois fautifs

Les participes passés et adjectifs terminés par un -i ont leur féminin en -ie : abrutie, bouffie, chérie, dégourdie, jolie, etc. Il y a cependant une exception, le féminin de favori est favorite. Sans doute est-ce par analogie avec le féminin des autres formes en -i que l’on entend de plus en plus aujourd’hui le féminin favorie, qui n’en est pas moins fautif. L’erreur inverse, qui consiste à substituer, parfois en manière de plaisanterie, des formes en -ite aux formes en -ie, s’explique par un même phénomène d’analogie et doit, elle aussi, être évitée.

on dit

on ne dit pas

C’est ma chanson favorite

Une pomme pourrie

C’est ma chanson favorie

Une pomme pourrite

« Au surcroît » au sens de « De surcroît, par surcroît »

Le 3 février 2022

Emplois fautifs

Le nom surcroît entre dans les locutions adverbiales par surcroît (le reste vous sera donné par surcroît) et de surcroît qu’on trouve, par exemple, dans Sganarelle ou le Cocu imaginaire de Molière : « Les querelles, procès, faim, soif et maladie / Troublent-ils pas assez le repos de la vie, / Sans s’aller de surcroît aviser sottement / De se faire un chagrin qui n’a nul fondement ? » On le rencontre aussi dans la locution prépositive, aujourd’hui vieillie, pour surcroît de (pour surcroît de bonheur, il a retrouvé ses amis).

Mais, même si ce nom est un synonyme de surplus, qui entre dans la composition de la locution adverbiale au surplus, « en outre, malgré cela » (il est un peu colérique mais au surplus c’est un brave homme), il convient de ne pas mêler ces deux formes pour créer le tour incorrect au surcroît.

« Complètement » pour « Oui »

Le 3 février 2022

Emplois fautifs

L’adverbe complètement signifie « entièrement, tout à fait ». Il faut, pour ne pas l’affaiblir, éviter d’en faire un adverbe de phrase qui serait l’équivalent de « oui ». L’emploi d’un adverbe d’intensité pour donner plus de force à une réponse est un tic de langage et une mode dont on peut espérer qu’ils sont passagers et qu’ils disparaîtront bientôt. C’est d’ailleurs ce qui est arrivé à un autre adverbe d’intensité, absolument, dont on abusait naguère, une fois encore, à la place de « oui ».

« Jusqu’à où » pour « Jusqu’où »

Le 3 février 2022

Emplois fautifs

La forme jusqu’où est parfaitement correcte en français. On la trouve, par exemple, dans la traduction française de la devise latine des Fouquet : Quo non ascendet ? (« Jusqu’où ne montera-t-il pas ? »), ou dans le fameux mot de Cocteau : « Le tact de l’audace, c’est de savoir jusqu’où on peut aller trop loin. » Mais elle devient incorrecte si l’on fait précéder le pronom relatif ou interrogatif de la préposition à.

on dit

on ne dit pas

On se demande jusqu’où il ira

Voyez jusqu’où va leur impudence !

Jusqu’où nous mène ce sentier ?

On se demande jusqu’à où il ira

Voyez jusqu’à où va leur impudence !

Jusqu’à où nous mène ce sentier ?

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