Dire, ne pas dire

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Échanger des propos et non s’échanger des propos ou échanger

Le 3 avril 2014

Emplois fautifs

Le verbe échanger est un verbe transitif et doit donc être construit avec un C.O.D. Une mode se répand, qui consiste à l’employer absolument, mais c’est une incorrection. Rappelons d’autre part que le seul emploi pronominal correct de ce verbe est un emploi pronominal à valeur passive. On dira Ils échangèrent quelques paroles et non Ils s’échangèrent quelques paroles. Cette faute trouve probablement son origine dans la prononciation. Le s d’ils, qui doit être prononcé z dans ils échangèrent, a été assourdi à tort et prononcé s, comme dans Ils s’échangèrent.

On dit

On ne dit pas

Nous avons échangé quelques propos

Ils échangèrent des regards

Des compliments s’échangeaient

Nous avons échangé

Ils s’échangèrent des regards

Des personnes s’échangeaient des compliments

 

 

Sens dessus dessous, tourner les sangs

Le 3 avril 2014

Emplois fautifs

Sans et Sang sont homonymes. Dans Sens, le s final se fait entendre, sauf dans les formes sens dessus dessous et sens devant derrière. Dans ces expressions, la présence du nom sens est assez récente. On disait autre fois Ce en dessus dessous, c’est-à-dire que ce qui devait être dessus se retrouvait dessous. Ces deux mots, ce et en, ont été réunis en cen, que l’on a ensuite confondu avec l’ancien français sen, « chemin, sentier ». Quand sen est sorti d’usage et n’a plus été compris, on l’a remplacé par sens, mais en en conservant la prononciation. C’est cette prononciation qui explique que cette forme est parfois incorrectement orthographiée et que l’on peut lire Sans dessus dessous. Rappelons aussi que l’on doit écrire tourner les sangs et non tourner les sens, même si cette expression se trouve dans plusieurs nouvelles de Maupassant.

On dit et on écrit

On ne dit pas, on n’écrit pas

Mettre tout sens dessus dessous

L’angoisse lui tourne les sangs

Mettre tout sans dessus dessous

L’angoisse lui tourne les sens

 

Voilà

Le 3 avril 2014

Emplois fautifs

Les présentatifs Voilà et Voici sont composés de l’indicatif voi, forme ancienne de vois et des adverbes ou ci. On les rencontrait aussi jadis formés avec la 2e personne du pluriel, ce qui donnait des formes comme vezci. Voilà sert à présenter ce qui est éloigné ou ce qui est passé et voici, ce qui est proche ou à venir. On dira ainsi Voilà ce que vous avez fait, voici ce qui reste à faire. On pourra présenter une personne en disant Voici l’ami dont je vous ai parlé et conclure un propos par Voilà ce que j’avais à vous dire. Ce sont les emplois corrects de ces présentatifs. Il convient de ne pas en faire une forme d’adverbe de phrase servant à introduire ce que l’on va dire ou à signaler que l’on n’a rien à ajouter.

On dit

On ne dit pas

Nous voudrions vous parler

J’arrive demain

Il m’a dit que j’exagérais

Voilà, nous voudrions vous parler

J’arrive demain, voilà

Voilà, il m’a dit que j’exagérais

 

Abréviations des adjectifs numéraux

Le 6 mars 2014

Emplois fautifs

L’abréviation des adjectifs numéraux est souvent source d’erreurs. Ces abréviations sont parfois allongées, sans doute par volonté de bien faire et par souci de lisibilité, plus qu’il n’est nécessaire. Rappelons donc que premier et première s’abrègent en 1er et 1re, que second et seconde s’abrègent en 2d et 2de, et que toutes les autres formes s’abrègent en : 3e, 5e, 100e, etc. Ces adjectifs numéraux ordinaux peuvent tous prendre la marque du pluriel et, dans ce cas, on ajoutera un s dans l’abréviation : « Les 2es Jeux olympiques d’été eurent lieu à Paris en 1900. »

On écrit

On n’écrit pas

La Ire et la IIde République

La classe de 2de

La 8e femme de Barbe-bleue

La Ière et la IInde République

La classe de 2nde

La 8ème femme de Barbe-bleue

 

Inapte et inepte

Le 6 mars 2014

Emplois fautifs

Les adjectifs Inapte et Inepte sont proches par la forme et par l’étymologie. Inapte est dérivé d’apte, qui est lui-même emprunté du latin aptus, « approprié, fait pour », alors qu’inepte est directement emprunté du latin ineptus, « qui n’est pas approprié, déplacé ». Si autrefois inepte a pu signifier « qui n’a pas d’aptitude », ce sens tend aujourd’hui à s’estomper et cet adjectif signifie maintenant, pour une personne, « qui fait preuve de sottise » et, pour une chose ou un propos, « absurde ». On évitera donc d’employer ces adjectifs l’un pour l’autre, en se souvenant qu’inapte se rattache à inaptitude et veut le plus souvent un complément, alors qu’inepte se rattache à ineptie et se construit généralement absolument.

On dit

On ne dit pas

Il est inapte à exercer ces fonctions

Tous ses propos sont ineptes

Il est inepte à exercer ces fonctions

Tous ses propos sont inaptes

 

Soi-disant pour prétendu

Le 6 mars 2014

Emplois fautifs

La locution adjectivale Soi-disant signifie « qui se prétend tel ». On ne doit donc l’employer qu’avec des êtres vivants susceptibles de parler et de dire quelque chose les concernant. Si l’on peut donc dire : « Le soi-disant avocat était un escroc », on ne peut dire : « La soi-disant broche en or n’était qu’un bijou de pacotille. » N’oublions pas non plus que soi-disant ne peut être employé que pour évoquer une personne qui revendique telle ou telle qualité, tel ou tel état, et non pour évoquer une personne à qui on les prête. Rappelons enfin que disant est invariable et que soi, pronom personnel, ne saurait être confondu avec son homonyme soit.

On dit

On ne dit pas

Un prétendu tableau de maître

 

Le prétendu coupable était innocent,
celui que l’on accusait était innocent

Les soi-disant infirmières

Un soi-disant tableau de maître

 

Le soi-disant coupable était innocent
 

Les soi-disantes infirmières

 

 

Traiter au sens d’insulter

Le 6 mars 2014

Emplois fautifs

Le verbe Traiter peut avoir des noms de personne comme complément direct ; il signifie d’abord et généralement « agir de telle ou telle manière avec quelqu’un ». On dira ainsi : « Notre hôte nous a traités royalement. » Traiter signifie aussi par extension « insulter », mais, dans ce cas, il doit obligatoirement être construit avec un nom attribut du C.O.D : « Il a traité son voisin de cafard. » La construction sans attribut est incorrecte avec ce verbe. Rappelons que, à l’inverse, le verbe Insulter ne doit pas être suivi d’un attribut du C.O.D.

On dit

On ne dit pas

Il me traite d’idiot, de lâche, d’assassin, etc.

Il m’a insulté

Il me traite

Il m’a insulté de voleur, de voyou, etc.

 

Décrédibiliser pour discréditer

Le 6 février 2014

Emplois fautifs

Des adjectifs marquant la possibilité et construits avec les suffixes -able, -ible et -uble, il n’a été tiré que très peu de verbes, cette dérivation étant sans doute éloignée du génie de notre langue. On se gardera donc d’employer les verbes crédibiliser et décrédibiliser apparus il y a quelque temps déjà et l’on se souviendra que le verbe créditer et ses dérivés, ainsi que les périphrases où figurent ces verbes, sont plus appropriés pour exprimer l’idée que telle action, telle attitude fait perdre ou augmente le crédit dont jouissait quelqu’un ou quelque chose. Rappelons de surcroît que l’adjectif crédible s’applique aux idées et non aux personnes ; d’un homme on dira qu’il est sérieux, digne de foi, qu’il inspire confiance, etc.

On dit

On ne dit pas

Ces succès accréditent le bien-fondé de notre méthode

Ses mensonges répétés l’ont discrédité

Ces succès crédibilisent notre méthode
 

Ses mensonges répétés l’ont décrédibilisé

 

Finaliser

Le 6 février 2014

Emplois fautifs

L’emploi du verbe finaliser doit être réservé au domaine des sciences humaines et n’a pas à entrer dans le discours politique ; en philosophie et en théologie il signifie « assigner un but à quelque chose ». On lit ainsi chez Jacques Maritain : « Le bien politique est un bien digne en soi de finaliser l’action humaine» On évitera d’ajouter à ce sens celui qu’a l’anglais to finalize, « achever, conclure, terminer ».

On dit

On ne dit pas

Mettre la dernière main à son travail

Conclure des négociations

Finaliser son travail

Finaliser des négociations

 

Lequel employé sans être accordé

Le 6 février 2014

Emplois fautifs

Les pronoms relatifs sont des fossiles vivants. Ils font partie des quelques mots qui ont gardé des traces des déclinaisons latines, c’est-à-dire que leur forme dépend de leur fonction. On a ainsi qui pour un sujet, que pour un complément d’objet direct, dont pour un complément de nom ou pour certains compléments circonstanciels et pour un complément circonstanciel. Mais de leurs ancêtres latins, la plupart des relatifs n’ont pas conservé les variations en genre et en nombre : qui est ainsi pronom relatif sujet, que l’antécédent soit un masculin singulier ou un féminin pluriel. Il n’en va pas de même pour les formes composées du pronom relatif, lequel, laquelle, lesquels, lesquelles, qui, elles, varient en genre et en nombre, ce qui permet d’ailleurs de lever les ambiguïtés qui surviennent quand le pronom relatif ne suit pas directement son antécédent, surtout à l’oral. Un homme a crié dans la foule qui était en colère est peu clair ; un homme a crié dans la foule, lequel était en colère l’est plus. Est-ce parce qu’elles sont moins employées que les formes simples que certains en font également une forme invariable ? Quoi qu’il en soit, il s’agit d’une faute grossière, qui, de plus, peut amener d’étranges janotismes.

On dit

On ne dit pas

Il a tué une fouine chez son frère, laquelle saignait ses poules.

Il a tué une fouine chez son frère, lequel saignait ses poules.

 

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