Dire, ne pas dire

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Sur un même pied d’égalité

Le 8 janvier 2015

Emplois fautifs

Les expressions sur un pied d’égalité et sur un même pied sont synonymes. Elles signifient que deux personnes traitent d’égal à égal, qu’il n’y a pas, dans l’affaire qui les occupe, de différence hiérarchique, que l’une n’est pas l’inférieure de l’autre. On évitera de commettre un pléonasme vicieux en faisant figurer dans une seule expression même pied et pied d’égalité qui l’une et l’autre signalent l’identité de niveau, de position évoquée plus haut.

 

On dit

On ne dit pas

Être sur un même pied

Être sur un pied d’égalité

 

Être sur un même pied d’égalité

 

Gagner la victoire

Le 4 décembre 2014

Emplois fautifs

L’expression gagner la victoire constitue un pléonasme vicieux puisque gagner, en emploi absolu, signifie déjà « remporter la victoire ». On peut comprendre que la griserie d’un succès et le fait de l’emporter sur ses adversaires provoquent une forme d’exaltation, appellent l’emphase et conduisent à l’hyperbole, mais la victoire n’en sera pas moins belle pour être chantée dans une langue correcte et un peu plus sobre. On pourra en revanche, avec un complément d’objet direct, accompagner le verbe gagner de noms désignant l’épreuve en question : gagner un match, une partie, une élection, gagner un prix, etc.

On dit

On ne dit pas

Remporter la victoire

L’emporter (sur son adversaire)

Gagner, vaincre, triompher

 

Gagner la victoire

 

Je vous serais gré pour je vous saurais gré

Le 4 décembre 2014

Emplois fautifs

Savoir gré est une locution très ancienne dans laquelle le mot gré est un nom qui signifie « gratitude, reconnaissance ». On en trouve la trace dans un des premiers textes français, La Vie de saint Alexis, qui date du milieu du XIe siècle. On y lit : « Un fil lor donet, si l’en sovrent bon gret », « Il (Dieu) leur donna un fils, ils lui en surent bon gré ». On se gardera bien de faire de gré un adjectif attribut et de substituer au verbe savoir le verbe être, quand bien même cette faute pourrait s’expliquer par la proximité phonétique des formes de ces verbes au conditionnel (saurais et serais), mode auquel cette expression s’emploie le plus fréquemment, ou par l’analogie avec certaines constructions attributives de même sens, comme être reconnaissant.

 

On dit

On ne dit pas

Je vous saurais gré de bien vouloir…

Je vous serais reconnaissant de bien vouloir

Je vous sais gré de votre assistance

Je vous serais gré de bien vouloir…

 

Je vous suis gré de votre assistance

 

Poncif pour Pontife

Le 4 décembre 2014

Emplois fautifs

Le poncif tire son nom de poncer, parce qu’il est d’abord un dessin dont le tracé, percé de nombreux trous, peut être reproduit sur tout type de surface si l’on promène sur les contours un petit sac rempli d’une poudre extraite de la ponce. À partir de cette idée de dessin reproductible à l’envi, poncif a signifié « dessin sans originalité » et, enfin, « lieu commun, cliché ». Il importe de ne pas confondre ce nom avec son paronyme, pontife, qui a d’abord désigné un membre d’un collège de prêtres de la Rome antique et qui, aujourd’hui, s’applique aux évêques dans la religion catholique, mais s’emploie essentiellement pour désigner le premier d’entre eux, le souverain pontife ou le pontife romain, le pape.

 

Reprise pronominale du sujet exprimé dans l’interrogation (combien d’auteurs sont-ils sélectionnés ?)

Le 4 décembre 2014

Emplois fautifs

Quand une interrogative partielle commence par un pronom interrogatif sujet ou par un déterminant interrogatif, il est de meilleure langue de ne pas reprendre ce sujet par un pronom personnel, même si cette construction se trouve sous la plume de grands auteurs. On se souviendra donc que l’on dira plutôt Combien d’auteurs sont sélectionnés ? que Combien d’auteurs sont-ils sélectionnés ? Il convient de rappeler que cette reprise est en revanche incorrecte dans l’interrogative indirecte : on ne dira donc pas Dites-nous combien d’argent Pierre veut-il mais Dites-nous combien d’argent Pierre veut. Enfin, on se gardera particulièrement d’utiliser la reprise pronominale quand le verbe de l’interrogative est un infinitif précédé d’un modalisateur comme pouvoir ou vouloir, l’ajout de ce pronom de reprise changeant parfois le sens de la phrase : il ne faut pas confondre Combien d’enfants veulent manger ? et Combien d’enfants veulent-ils manger ?

 

Du coup au sens de De ce fait

Le 6 novembre 2014

Emplois fautifs

La locution adverbiale du coup a d’abord été employée au sens propre : Un poing le frappa et il tomba assommé du coup. Par la suite, on a pu l’utiliser pour introduire la conséquence d’un évènement : Un pneu a éclaté et du coup la voiture a dérapé. Mais, ainsi que le dit Le Bon Usage, il exprime « l’idée d’une cause agissant brusquement », et à sa valeur consécutive s’ajoute donc une valeur temporelle traduisant une quasi-simultanéité. Du coup est alors très proche d’aussitôt. On ne peut donc pas employer systématiquement du coup, ainsi qu’on l’entend souvent, en lieu et place de donc, de ce fait, ou par conséquent. On évitera également de faire de du coup un simple adverbe de discours sans sens particulier.

On dit

On ne dit pas

Il a échoué à l’examen. De ce fait, il a dû le repasser l’année suivante

Il a échoué à l’examen. Du coup, il a dû le repasser l’année suivante

 

Être dans l’œil du cyclone

Le 6 novembre 2014

Emplois fautifs

Être dans l’œil du cyclone est une de ces expressions dont le sens originel s’est peu à peu perdu et qui sont aujourd’hui souvent employées à contresens, comme coupe sombre ou solution de continuité, dont nous avons déjà parlé ici. Un cyclone est une perturbation atmosphérique qui s’établit autour d’une basse pression, et qui se déplace en tournoyant sur elle-même : c’est pourquoi la zone située en son centre, appelée « l’œil du cyclone », est épargnée par la tempête. Peut-être est-ce par confusion avec d’autres expressions construites de manière similaire comme être au cœur de la tempête ou être dans la tourmente que cette expression s’emploie maintenant, à tort, pour évoquer la situation d’une personne qui se trouve être la cible de toutes les attaques, de tous les dangers. Quoi qu’il en soit, gardons-nous d’imiter cette erreur et redonnons son vrai sens à l’œil du cyclone.

Proactif

Le 6 novembre 2014

Emplois fautifs

L’adjectif proactif est un néologisme issu de l’anglais proactive : il est apparu dans le domaine de la psychologie pour qualifier une personne qui prend sa vie en main et refuse de se laisser diriger par les évènements extérieurs. Malheureusement, il est utilisé aujourd’hui dans un sens étendu, symétriquement à réactif, pour parler de quelqu’un qui serait capable d’anticipation. Sans doute la « capacité de réaction » n’est-elle plus suffisante aux yeux de certains qui, grisés par l’accélération du monde, estiment qu’il convient aussi d’être proactif, en particulier dans le cadre professionnel. Le français possède suffisamment d’adjectifs et de périphrases qui traduisent l’idée d’anticipation pour que l’on puisse cantonner proactif, si l’on tient à l’utiliser, à ses sens et domaines d’application d’origine.

On dit

On ne dit pas

Il a une grande capacité d’anticipation. Il est entreprenant

Il ne se laisse pas prendre au dépourvu

 

 

Il est proactif

 

Tel que suivi d’un participe passé

Le 6 novembre 2014

Emplois fautifs

La locution adverbiale tel que peut être suivie d’un ou de plusieurs noms : Des animaux tels que la loutre ou le manchot sont de remarquables nageurs. Elle peut aussi être suivie d’une proposition : Ce terme, tel que le Dictionnaire de l’Académie française le définit… ; Les conditions, telles qu’elles ont été détaillées plus haut… On évitera, lorsque cette proposition est à la voix passive, de faire l’ellipse du sujet et du verbe conjugué pour ne conserver que le participe passé. Cette tendance, sans doute inspirée du langage juridique (tel que prévu à l’article tant), se rencontre trop souvent dans des documents à caractère administratif, et dans la langue courante.

On dit

On ne dit pas

Le contrat, tel qu’il a été établi…

Le texte, tel qu’il a été fixé par l’éditeur

Le contrat,  tel qu’établi…

Le texte, tel que fixé par l’éditeur…

 

Affabulation au sens de Fabulation

Le 2 octobre 2014

Emplois fautifs

Le nom affabulation a d’abord désigné le sens moral d’une fable, d’un apologue, puis la trame d’un récit, d’une pièce de théâtre et enfin, par extension, la construction de l’intrigue dans une œuvre de fiction ; ces deux derniers sens sont les seuls encore en usage aujourd’hui. Avec l’article défini élidé « l’ », affabulation forme un groupe nominal, l’affabulation, qui est l’homophone d’un autre groupe nominal dans lequel entre cette fois-ci l’article défini non élidé « la » : la fabulation. On se gardera de confondre affabulation et fabulation, cette dernière étant la tendance, parfois pathologique, à présenter comme vrais des récits imaginaires, et l’on fera de même pour les deux verbes correspondants, affabuler et fabuler.

On dit

On ne dit pas

Toute cette histoire n’est que mensonges et fabulations

Il ne cesse de fabuler

Voici en deux mots l’affabulation de ce roman

Toute cette histoire n’est que mensonges et affabulations

Il ne cesse d’affabuler

Voici en deux mots la fabulation de ce roman

 

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