Dire, ne pas dire

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C’est selon

Le 5 janvier 2017

Emplois fautifs

C’est selon

Selon est le plus souvent une préposition, mais si le terme qui devrait la suivre est omis, selon s’emploie adverbialement. C’est selon est d’un usage familier et, comme on peut le lire dans la huitième édition du Dictionnaire de l’Académie française, signifie « selon l’occurrence, selon les différentes dispositions des personnes, etc. ». Il ne s’emploie alors guère que pour marquer quelque doute, quelque incertitude à quelqu’un qui nous interroge. Pensez-vous qu’il puisse réussir ? C’est selon. On ne condamnera donc pas cette tournure, mais il convient de ne pas en faire un paresseux tic de langage.

Oppresser pour Opprimer

Le 5 janvier 2017

Emplois fautifs

Oppresser pour Opprimer

Le verbe opprimer est emprunté du latin opprimere, « presser, comprimer », mais aussi « faire pression sur, accabler ». Oppresser est tiré, lui, de oppressum, supin de ce même verbe opprimere. Nos deux verbes français sont donc très proches par l’étymologie, mais ils diffèrent fortement aujourd’hui par le sens. Oppresser s’emploie dans la langue de la médecine et signifie « serrer dans la région de la poitrine de manière à gêner la respiration » : la trop grande chaleur l’oppresse. Par extension, oppresser peut aussi signifier « accabler » : un violent chagrin l’oppresse. Le verbe opprimer demande pour sujet des personnes, ou, par métonymie, des institutions, et évoque l’autorité tyrannique exercée par ces personnes, ces institutions. On se gardera donc bien de confondre ces deux verbes, dont seul opprimer a un participe passé substantivé.

on dit

on ne dit pas

Une douleur lui oppresse la poitrine

Un tyran qui opprime ses sujets

Prendre la défense des opprimés

Une douleur lui opprime la poitrine

Un tyran qui oppresse ses sujets

Prendre la défense des oppressés

 

Sauta-t-il au plafond, haussa-t-il les épaules en incise

Le 5 janvier 2017

Emplois fautifs

Sauta-t-il au plafond, haussa-t-il les épaules en incise

Les incises ont pour elles l’avantage de la légèreté. Elles permettent l’économie d’un que conjonction, autorisent l’emploi d’indépendantes plutôt que de subordonnées, et peuvent servir à donner du rythme à un texte. La plus fréquente est sans doute dit-il, mais il est généralement recommandé d’essayer de ne pas reprendre constamment cette tournure et de la faire varier avec d’autres comme reprit-il, ajouta-t-il, etc. Cependant, dans ce domaine comme dans bien d’autres, le mieux est souvent l’ennemi du bien. Il convient donc de ne pas donner au texte l’apparence d’un dictionnaire des synonymes du verbe dire et de ne pas se livrer à de dangereuses acrobaties langagières comme releva-t-il la tête ou trembla-t-il de peur.

on dit

on ne dit pas

Avec grand plaisir, dit-il en sautant au plafond

Hélas non, répondit-il en haussant les épaules

Avec grand plaisir, sauta-t-il au plafond

Hélas non, haussa-t-il les épaules

 

Taxer d’avare pour Taxer d’avarice

Le 5 janvier 2017

Emplois fautifs

Taxer d’avare pour Taxer d’avarice

La locution verbale taxer de peut signifier « accuser de ». Dans ce cas, cette locution est suivie du nom du défaut que l’on reproche à tel ou tel. On peut ainsi taxer quelqu’un de mensonge, de paresse, etc. Mais il convient de ne pas construire cette locution comme qualifier de, traiter de. En effet, celles-ci sont suivies directement d’un adjectif et non d’un nom : on traite une personne d’avare. À l’inverse on taxe une personne d’avarice et non d’avare. Et rappelons pour conclure que le tour taxer de suivi d’un infinitif, vous le taxez d’être méchant, est correct mais n’est plus guère en usage aujourd’hui.

on dit

on ne dit pas

Être taxé de lâcheté

Il a été taxé d’incompétence

Être taxé de lâche

Il a été taxé d’incompétent

 

Dépradation

Le 1 décembre 2016

Emplois fautifs

Dépradation

Dans la mythologie grecque, le monstre appelé Chimère était composé de trois animaux, un  lion, une chèvre et un dragon. Nous en avons un équivalent linguistique avec le mot inventé de toutes pièces dépradation, qui semble avoir emprunté à la fois aux noms dégradation, dépravation et déprédation. Le premier, dégradation, est un synonyme de « destitution » et désigne, par extension, la détérioration de quelque objet, concret ou abstrait ; le deuxième, dépravation, désigne le fait d’inciter au mal ; quant à la déprédation, il s’agit d’un pillage accompagné de destruction. Ce dernier nom, tiré du latin praeda, « proie », a été employé pour la première fois pour évoquer les exactions des hordes vikings et semble être celui auquel on substitue le plus souvent, et à tort, le monstrueux dépradation.

 

on dit

on ne dit pas

Le monument a souffert de nombreuses dégradations

Les déprédations commises par les envahisseurs

Le monument a souffert de nombreuses dépradations

Les dépradations commises par les envahisseurs

 

Dilemne pour Dilemme

Le 1 décembre 2016

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Dilemne pour Dilemme

Il existe peu de mots terminés par -emme en français. Les plus connus sont bien sûr femme et flemme, mais la prononciation atypique du premier et le caractère très familier du second les empêchent de servir de référence. Gemme, lemme et maremme appartiennent à des registres trop spécialisés pour prétendre jouer ce rôle. Sans doute est-ce pour cette raison que l’on hésite parfois sur l’orthographe du dernier, dilemme, que, par influence de l’adjectif indemne, on écrit trop souvent dilemne. On rappellera donc que la seule forme correcte est dilemme.

on écrit

on n’écrit pas

Les héros classiques sont souvent confrontés à de cruels dilemmes

Les héros classiques sont souvent confrontés à de cruels dilemnes

 

Expérience utilisateurs

Le 1 décembre 2016

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Expérience utilisateurs

Le français est une langue analytique, c’est-à-dire qu’il utilise volontiers des tours prépositionnels, et non des formes déclinées comme cela se fait dans d’autres langues ; la multiplication des formes appositives lui est également étrangère. On s’attachera donc bien à ne garder, en ce qui concerne les appositions, que celles qui ont reçu la sanction de l’usage et qui ne présentent pas d’ambigüités. On se souviendra aussi que ce qui est susceptible d’être gagné en vitesse par l’emploi de ces tours est bien moindre que ce que l’on perd en clarté et en élégance en y ayant recours. Une locution appositive comme expérience utilisateurs, que l’on rencontre de plus en plus, jusque dans des documents administratifs, pourra être avantageusement remplacée par la locution prépositionnelle, guère plus longue en l’occurrence, l’expérience des utilisateurs.

Significatif pour Important

Le 1 décembre 2016

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Significatif pour Important

L’adjectif significatif s’emploie pour qualifier ce qui a une signification claire et précise ce qui exprime nettement la pensée, l’intention de quelqu’un. On parle donc, par exemple, d’un geste significatif ou d’un lapsus significatif : un infléchissement significatif de la courbe du chômage. Mais on évitera d’affaiblir le sens de ce terme et de l’employer en lieu et place d’important, comme on l’entend souvent : ainsi lorsqu’on parle d’une croissance, d’une augmentation significative, on ne souligne pas son ampleur, mais le fait qu’elle est le signe, l’indice de quelque autre phénomène.

on dit

on ne dit pas

Une somme importante, un bénéfice important

Un grand intérêt

Une somme significative, un bénéfice significatif

Un intérêt significatif

 

Avoir beaucoup de choses à penser

Le 3 novembre 2016

Emplois fautifs

Avoir beaucoup de choses à penser

Le verbe penser peut avoir un complément direct et signifie alors « concevoir par la pensée » : L’architecte a pensé le bâtiment en fonction des contraintes du terrain. Il peut aussi avoir un complément indirect et signifie alors « prendre pour objet de réflexion », « avoir l’esprit occupé par quelqu’un ou quelque chose », et l’on dira par exemple penser à la vie, à l’amour, aux soucis quotidiens. Il convient de ne pas mélanger ces deux tournures, et si de nombreux points nous encombrent l’esprit, on dira Il y a beaucoup de choses auxquelles je dois penser, et non J’ai beaucoup de choses à penser, à moins, bien sûr, qu’il s’agisse d’objets qu’il faille concevoir par la pensée.

Cette nouvelle s’est avérée fausse

Le 3 novembre 2016

Emplois fautifs

Cette nouvelle s’est avérée fausse

Le verbe avérer signifie « reconnaître ou faire reconnaître pour vrai ». On dira ainsi, par exemple : Les faits sont avérés. Il signifie aussi « se révéler en réalité », et l’on dira alors : Il s’avéra un excellent médecin, l’enquête s’est avérée difficile. Mais on se gardera bien d’employer la forme, trop souvent entendue et qui constitue un non-sens : La nouvelle s’est avérée fausse. De la même manière, on évitera l’inutile redondance d’une forme comme Cette histoire s’est avérée vraie.

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