Dire, ne pas dire

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Faire consensus

Le 13 décembre 2018

Emplois fautifs

Par un étrange paradoxe, une recherche de modernité en matière de langue amène certains d’entre nous à recourir à la syntaxe en usage au Moyen Âge. À cette époque, l’emploi de l’article était beaucoup plus libre et beaucoup plus rare. Nombre d’expressions le prouvent comme faire peur, faire mal, avoir honte, prendre froid, etc. À celles qui ont été consacrées par l’usage, on se gardera d’ajouter d’autres formes de ce type, généralement construites avec un faire passe-partout, et l’on évitera d’employer des tours, malheureusement trop répandus, comme faire consensus ou faire unanimité.

Alerter sur sans complément d’objet direct

Le 8 novembre 2018

Emplois fautifs

Alerter, qui signifie « prévenir d’un danger en donnant l’alerte », est un verbe transitif direct : Alerter l’opinion, les pompiers, un médecin. Ce verbe peut aussi être suivi d’un complément indirect introduit par sur ou contre. Il convient cependant de ne pas faire de ces tours un tic de langage, mais plus encore de ne pas considérer que la présence d’un complément indirect autorise l’omission du complément direct.

On dit

On ne dit pas

Alerter l’opinion sur les dangers de ce produit

Alerter sur les dangers de ce produit

Il en va de pour Il y va de

Le 8 novembre 2018

Emplois fautifs

Les locutions Il en va de et Il y va de sont correctes et s’emploient régulièrement en français, mais elles n’ont pas le même sens. Il y va de, qui généralement s’emploie seul, signifie, lorsque l’on évoque une situation dangereuse : « il s’agit de, c’est cela qui est en jeu » : Ne goûtez pas ce breuvage, il y va de votre vie. Ce n’est pas le sens d’Il en va, qui s’emploie avec un adverbe ou une locution adverbiale, comme de même ou ainsi ou, au contraire, autrement, différemment, et signifie « il en est » : Les navires sont de plus en plus grands ; il en va de même des avions. On veillera donc à ne pas utiliser l’une de ces formes en lieu et place de l’autre.

On dit

On ne dit pas

Ne faites pas affaire avec lui, il y va de vos économies

L’automne a été très chaud, il en allait bien autrement l’an dernier

Ne faites pas affaire avec lui, il en va de vos économies

L’automne a été très chaud, il y allait bien autrement l’an dernier

Incessamment sous peu

Le 8 novembre 2018

Emplois fautifs

La locution adverbiale sous peu signifie « bientôt, dans un temps très rapproché », tandis que l’adverbe incessamment a pour sens « d’une manière incessante, sans interruption », mais aussi « sans délai, au plus tôt, très prochainement, toutes affaires cessantes ». Dans ce dernier cas incessamment est un synonyme tout proche de sous peu et il faut se garder de les employer ensemble pour en faire le par trop redondant incessamment sous peu.

On dit

On ne dit pas

Il devrait arriver sous peu

Le livre doit paraître incessamment

Il devrait arriver incessamment sous peu

Le livre doit paraître incessamment sous peu 

Au complète pour Au complet

Le 4 octobre 2018

Emplois fautifs

Quand il ne désigne pas un vêtement d’homme, le mot complet est un adjectif signifiant « à quoi il ne manque rien » et « achevé ». C’était aussi naguère un nom qui ne s’employait que dans des tours comme le complet d’un régiment, c’est-à-dire le nombre d’hommes requis pour que ce régiment soit entier. On a gardé une trace de cet emploi nominal dans la locution adjectivale au complet : un compartiment au complet, une troupe au complet. Il convient de rappeler que dans ces tours complet est un nom commun masculin singulier, comme le montre l’article contracté au et reste donc invariable. On dira donc Notre assemblée est au complet et non notre assemblée est au complète.

On dit

On ne dit pas

L’armée est au complet

Les deux équipes sont au complet

L’armée est au complète

Les deux équipes sont aux complètes

 

Préférer A que B

Le 4 octobre 2018

Emplois fautifs

Les verbes et locution verbale préférer et aimer plus que sont synonymes, mais ils ne sont pas suivis des mêmes compléments. Le verbe préférer se construit avec un complément direct et un complément indirect : Je préfère Jean à Louis, alors qu’avec la locution aimer plus que, les deux compléments sont l’un et l’autre compléments d’objet direct, celui qui est introduit par que étant le C.O.D. du verbe aimer sous-entendu : j’aime plus Jean que Louis s’analyse en effet comme j’aime plus Jean que je n’aime Louis. Ces deux tours sont corrects, mais il ne faut pas les mêler pour en faire l’étrange et fautif préférer Jean que Louis.

On dit

On ne dit pas

J’aime plus les chiens que les chats, je préfère les chiens aux chats

Je préfère les chiens que les chats

Tant qu’à présent pour Jusqu’à présent

Le 4 octobre 2018

Emplois fautifs

La locution tant que, qui avait jadis encore un sens spatial signifiant « aussi loin que » (tant que la vue peut s’étendre), ne s’emploie aujourd’hui qu’avec une valeur temporelle et signifie « aussi longtemps que » : tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir ; tant que je serai chef, les choses se passeront ainsi. Dans la langue classique, cette locution avait le sens de « jusqu’à ce que » et se construisait avec le subjonctif. On lit ainsi dans une fameuse chanson à boire du Bourgeois gentilhomme : « Sus, sus, du vin partout, versez, garçons, versez / Versez, versez, tant qu’on vous dise assez. » Mais même si tant qu’à a eu autrefois la valeur de jusqu’à, il faut veiller aujourd’hui à ne pas employer l’un pour l’autre et l’on se rappellera que tant qu’à présent est une incorrection.

Vous faîtes pour vous faites

Le 4 octobre 2018

Emplois fautifs

Les parfaits latins, à l’origine de nos passés simples, se terminaient, à la deuxième personne du pluriel, en istis : amavistis, « vous aimâtes », fecistis, « vous fîtes ». Dans le passage du latin au français, le premier s est tombé, mais il a été remplacé, comme on peut le voir, par un accent circonflexe. Ce dernier permet de distinguer, dans certains cas, des formes de présent de formes de passé simple : vous dites est un présent tandis que vous dîtes est un passé simple. Il convient de ne pas oublier cette distinction, mais aussi de ne pas ajouter cet accent circonflexe à d’autres formes où il n’a pas à se trouver, et l’on rappellera que, si l’on écrit bien vous fîtes avec un accent circonflexe, ce dernier serait incorrect dans vous faites.

On se gardera bien sûr de confondre ces formes avec le nom faîte.

On écrit

On n’écrit pas

Faites des efforts

Que faites-vous ce soir ?

Faîtes des efforts

Que faîtes-vous ce soir ?

Merci pour vos diligences

Le 6 septembre 2018

Emplois fautifs

Quand il désigne le soin scrupuleux et l’empressement mis pour exécuter une tâche, le nom diligence s’emploie au singulier. On pouvait certes le trouver jadis, au pluriel, dans la langue de la justice ; il signifiait alors « poursuite, requête ». On lisait dans les cinquième, sixième et septième éditions du Dictionnaire de l’Académie française : « Faire ses diligences contre un tiers ». Mais ce pluriel, tombé en désuétude, ne figurait plus dans la huitième édition, celle de 1935. On le rencontrait aussi parfois avec le sens de « soin vigilant, recherche exacte ». « J’ai fait diligence, toutes mes diligences pour le trouver, pour venir à bout de tel dessein », lisait-on dans la sixième édition du Dictionnaire de l’Académie française et, dans Jeannot et Colin, Voltaire fait dire à un valet : « Je vais faire mes diligences pour être payé de mes gages. » Mais aujourd’hui, ces emplois sont hors d’usage et, à moins de vouloir donner une teinte historique à ses propos, on n’emploiera diligence en ce sens qu’au singulier et on évitera le tour Merci pour vos diligences.

Selon si pour Selon que

Le 6 septembre 2018

Emplois fautifs

Selon est l’un de ces mots outils qui ont de nombreuses natures. Il peut être préposition (selon votre frère, selon lui) et il peut aussi être adverbe dans des tours comme c’est selon. Mais il est le plus souvent employé pour former la locution conjonctive selon que, qui signifie « dans la mesure où, si », et dont La Fontaine a donné un exemple fameux dans les derniers vers des Animaux malades de la peste : « Selon que vous serez puissant ou misérable / Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. » Il convient, dans cette locution conjonctive, de ne pas substituer si à que, puisque les sens de selon que et de si sont déjà proches et qu’il y aurait là une forme de pléonasme.

on dit

on ne dit pas

Selon que vous travaillerez ; non ou si vous travaillez ou non, vos résultats ne seront pas les mêmes

Selon si vous travaillez ou non, vos résultats ne seront pas les mêmes

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