COMPLIMENT AU ROI,*
Sur la Victoire qu’il venoit de remporter à Fontenoy, par M. l’Abbé TERASSON, alors Directeur de l’Académie Françoise.
SIRE.
Le sort qui met à la tête de votre Académie Françoise, l’Académicien qui doit parler en son nom, pouvoit, ce semble, la servir plus heureusement dans une occasion où il s’agit de féliciter V. M. d’une victoire signalée & d’une conquête importante. Mais il y a longtemps, SIRE, que l’ardeur de vos Peuples rend tous vos Sujets égaux dans l’empressement de célébrer vos louanges ; & l’on doute même si les témoignages les plus populaires ne l’ont point emporté à cet égard sur les efforts des plus grands génies. Heureux le Prince qui fait chanter ses vertus par la voix publique ! Mais V. M. n’ignore pas non plus que sa valeur devient l’objet de nos craintes, d’autant plus qu’elle excite l’émulation d’un Fils qui doit faire passer notre félicité à nos neveux. Les François en d’autres temps ont demandé la paix à leur Roi : nous la demandons au Ciel pour le nôtre. Ses Sujets, il en a été témoin lui-même, immolent leur vie à sa gloire. Oserions-nous le conjurer de sacrifier une partie de sa gloire à notre amour ?
* Le Roi ayant dispensé l’Académie Françoise de se rendre auprès de lui en Flandre, S. M. ordonna que le Compliment qui lui avoit été préparé par le Directeur, seroit adressé à M. le Duc de Richelieu, premier Gentilhomme de fa Chambre, & l’un des quarante de l’Académie, pour lui être ensuite présenté de la part de cette Compagnie : ce qui fut exécuté conformément aux ordres du Roi, 12 Juin 1745.
