On lit dans La Chanson de Roland, parue vers l’an 1100, les syntagmes fals jugement, « jugement injuste », et false lei, « fausse loi ». Ce sont les plus anciennes attestations de l’adjectif faux. En un peu plus de neuf cents ans, il a eu le temps de s’installer dans notre langue. Issu du latin falsus, de même sens, lui-même participe passé de fallere, « tromper, échapper, se tromper », c’est un parent, par l’intermédiaire du vieil allemand fallan, de l’anglais to fall, « tomber » et « se tromper ». Plus de neuf cents ans de bons et loyaux services devraient lui valoir reconnaissance et lui éviter de se voir préférer, comme cela commence à se faire, l’anglicisme fake, puisque, conformément à son étymologie, il peut renvoyer à ce qui est erroné mais aussi à ce qui est produit frauduleusement pour tromper (on parle de faux tableau, de faux papiers, etc.). Pour éviter cet anglicisme, on pourra aussi user de l’adjectif fallacieux, à l’instar de la Commission d’enrichissement de la langue française, qui a proposé de remplacer la locution fake news par le groupe nominal information fallacieuse ou par le mot-valise infox.