DISCOURS DE M. LE BARON DE BARANTE,
POUR LA TRANSLATION DES RESTES DE M. DE MONTYON,
DE VAUGIRARD A L’HÔTEL-DIEU, LE JEUDI 26 AVRIL 1838.
La députation de l’Académie était composée de MM. VILLEMAIN, BARON DE BARANTE, COUSIN, DUPATY et MIGNET.
MESSIEURS,
La parole ajouterait peu aux impressions produites par cette touchante cérémonie. Nous venons donner cet asile de la souffrance et de la misère pour dernière demeure à leur bienfaiteur. Nous déposons ses restes mortels près de ce marbre consacré à sa mémoire. Et nous, qui menons son deuil, nous sommes ici les représentants et les délégués des sciences et des lettres, qui ont eu aussi une large part à sa munificence. La pensée de sa vie sera l’honneur de sa tombe. Éclairer et secourir l’humanité, telle fut non-seulement sa dernière volonté, mais l’occupation constante de ses longues années. En surcroît du bien qu’il a fait, il a trouvé la renommée qu’il ne cherchait pas. Son nom sera répété d’âge en âge dans nos académies, et le pauvre gardera à jamais sa mémoire. Puisse son exemple être imité ! Puissent les riches et les heureux du siècle, enseignés par la religion, cédant aux inspirations sympathiques de la pitié, pénétrés du véritable esprit d’égalité, avertis par l’état de la société, chercher, comme M. de Montyon, leur contentement et reconnaître leur devoir dans la pratique éclairée de la charité ! Que l’amour des richesses et des jouissances, mobile trop univers et de notre époque, s’excuse et s’absolve, en n’oubliant pas les souffrances du pauvre et en lui donnant sa portion. M. de Montyon n’a pas eu d’autres héritiers ; c’était la famille qu’il avait choisie. Elle n’est point ingrate, et aujourd’hui elle s’empresse à lui rendre un juste hommage de reconnaissance et de vénération.