On peut ne pas se troubler de l’insertion de plus en plus fréquente d’expressions anglaises dans les rubriques de nos journaux, lorsqu’elle ne signifie pas autre chose qu’un clin d’œil, comme c’est souvent le cas dans les revues féminines où le it shoes, le cross-dressing ou les filles cute ne feront qu’une saison. Il ne paraît pas en être de même lorsque, insidieusement, les organisateurs de notre vie quotidienne se permettent d’exprimer en anglais les réalités les plus courantes.
Quelle ne fut pas ma surprise, il y a peu, de constater que le billet qui m’était délivré par mon agence de voyages et me permettait de me rendre à Bordeaux par le T.G.V. portait à ma connaissance que mon seat, situé dans le coach 1, portait le numéro 55 ! J’en marquai ma surprise, croyant à une erreur de programmation de l’ordinateur dont on aurait manipulé le menu, mais on me répondit qu’il en était désormais ainsi.
J’ose espérer qu’il ne s’agissait que d’une malfaçon locale, mais en suis-je si sûr ? Notre bonne S.N.C.F. ne se permit-elle pas déjà d’introduire ses S’Miles dans son langage publicitaire ? Ne dois-je pas craindre bientôt de devoir emprunter la Mountparnasse Station pour rejoindre ma chère Bretagne, oh ! excuse me, my dear Brittany ?
Professeur Yves Pouliquen
de l’Académie française