L’histoire est jolie et on aimerait la croire vraie. Au début du siècle dernier, un lord, rentrant chez lui après une séance à la Chambre, demanda à son domestique de brûler son costume une fois qu’il s’en serait débarrassé. Celui-ci se permit de demander à son maître la raison de cette étrange conduite. Il lui répondit qu’il voulait qu’on le brûle parce qu’on lui avait dit qu’il était très élégant, alors que, pour lui, la véritable élégance ne devait jamais se faire remarquer. Plus d’un siècle a passé, et commence à se répandre une expression traduisant cette théorie, quiet luxury, qui s’oppose à ce qu’une langue familière et expressive appelle le bling-bling. Quiet luxury s’emploie dans le monde de la mode et désigne le fait de porter des vêtements qui ne sont remarquables ni par les couleurs voyantes ni par une forme sortant de l’ordinaire, mais par la qualité du tissu et de la coupe. Nul doute que les locutions françaises élégance discrète, voire, pour citer Bunuel, charme discret pourraient, elles aussi, désigner cette quête de raffinement non ostentatoire.