Naguère les verts inquiétaient parce qu’ils étaient considérés comme de doux utopistes manquant cruellement de réalisme ou comme des oiseaux de mauvais augure annonçant des lendemains peu chantants. Ce qui est arrivé à ces personnes semble se produire maintenant pour l’adjectif vert, que d’aucuns paraissent chercher à remplacer à toute force. Ainsi une grande ville, une capitale même, proposait il y a peu des « bons plans pour un monde plus green ». Un proverbe dit que l’herbe est toujours plus verte (ou plus grasse) dans le champ du voisin. Pourquoi vouloir nous faire croire qu’elle serait d’encore meilleure qualité si elle était green ? Le monde sera-t-il moins beau s’il est vert plutôt que green ? Le meilleur moyen de promouvoir la diversité – des espèces ou des langues – est-il véritablement de remplacer des mots français par d’autres d’une langue déjà dominante ? Cela n’est pas sûr, et il n’y aurait rien de choquant à ce que nos édiles s’adressent à leurs administrés dans la langue de ces derniers.