La vertu en nos temps difficiles
Messieurs,
Des vertus traditionnelles, dont mes prédécesseurs chargés du même discours ont admirablement vanté les mérites, je ne dirai mot. De la charité, de la bonté, de la générosité, de l’humilité, de la tempérance, de la droiture, du pardon des offenses, de l’abnégation, de la dureté pour soi-même et de quelques autres merveilles, je ne parlerai pas. Ce sont là des qualités belles et bonnes pour l’honneur de soi ou le bien du voisin. La vertu dont je parlerai est différente. C’est la vertu de défense de l’aventure humaine. Et je tenterai de vous démontrer qu’à cet égard l’homme est un animal de petite vertu. Un animal inadapté à la vie en commun. Un animal qu’une sorte d’anti-vertu condamne au déséquilibre communautaire.
J’espère éclairer dans un instant ce discours un peu obscur. Mais auparavant permettez-moi de rappeler l’histoire de l’animal humain, notre histoire, telle que la biologie peut aujourd’hui vous la conter avec exactitude. Il y avait déjà quatre milliards et demi d’années que la terre existait et un peu plus de trois milliards d’années que la vie était apparue sur la terre. Des millions d’espèces végétales et animales faisaient de notre planète un univers grouillant, équilibré et prospère. Quelle était alors la règle qui avait régi l’essor et la prospérité de ces espèces ? C’était un comportement totalement passif et prédéterminé de chaque individu, des mœurs sous stricte commande génétique, et bien entendu rien qui ressemblât, dans cette organisation rigoureuse, à un quelconque respect de l’individu, à une quelconque rébellion contre la souffrance et la mort. La mante religieuse est conditionnée pour tuer le mâle aussitôt après l’amour, et nul ne s’en offusque. Le hasard d’une mutation qui introduit deux reines au lieu d’une dans un essaim d’abeilles est aussitôt suivi de l’assassinat de l’insecte en surnombre, et personne n’y trouve à redire. L’antilope qui a la moindre faiblesse dans son aptitude à la course est rattrapée par le lion et mise à mort : le naturaliste parlerait d’inégalité, mais certainement pas d’injustice. Aucun de ces êtres vivants n’était d’ailleurs armé pour porter un jugement. Et si l’homme se donnait aujourd’hui le ridicule d’appliquer ses normes éthiques à l’histoire naturelle des trois milliards d’années qui précédèrent son apparition sur la terre, il énoncerait que rien n’égale la cruauté, l’injustice, le mépris de l’individu, dont la nature a fait preuve dans le développement de la vie. Certains ajouteraient même que c’est là le secret majeur de l’admirable réussite qui permit, non seulement la naissance et la survie de millions d’espèces vivantes, mais aussi le miraculeux équilibre de leur coexistence `sur la terre. Par un jeu étonnant, impérativement inscrit dans les chromosomes de chaque individu, les cohabitations pacifiques ou agressives entre espèces, les agents infectieux, les parasites et les virus maintiennent cet équilibre, empêchant l’expansion outrageuse d’une quelconque de ces espèces. Le virus de la leucémie de la vache contribue à interdire qu’il y ait trop de vaches sur la terre, sans qu’aucune vache ait jamais protesté.
Et puis l’homme apparaît. Apparition très récente dans toute cette histoire, puisque nos premiers ancêtres ne datent guère de plus de deux millions d’années. Et même de quelque quarante mille ans seulement si l’on parle de l’homo sapiens sapiens auquel nous nous identifions. Quarante mille ans dans une aventure de quatre milliards d’années, cela représente un cent millième du temps total. En d’autres termes, si dans une intention pédagogique on rassemblait toute l’histoire de la vie sur terre en une dizaine d’années, nous serions apparus au cours de l’heure ultime de ces dix années. En vérité, nous sommes, les arrivés de la dernière heure.
Mais des arrivés qui allèrent vite en besogne. L’espèce humaine était la première espèce vivante à se voir dotée, non seulement d’une incroyable intelligence, source de puissance, je veux dire du pouvoir de créer de grands chambardements, mais aussi de ce surprenant univers spirituel que heurtent les lois biologiques jusque-là en vigueur et qui nous inspire le désir merveilleusement exorbitant — exorbitant par référence à ces lois biologiques — de respecter l’individu, de prendre garde à ses souffrances, de refuser sa mort prématurée, de corriger les inégalités flagrantes, d’inventer le concept d’assistance à personne en danger, de réprouver la cruauté et même, volonté plus exorbitante encore, de nous aimer les uns les autres. Pour exprimer ces vœux, on choisit au XIe siècle le mot vertu, tiré du vocable latin virtus, qui avait traduit dans la Rome antique l’orgueil des individus de sexe mâle. Le mot évoquait le courage et la force d’âme, et c’était un juste choix car il faut du courage pour dire non à des règles biologiques immuables depuis trois milliards d’années.
L’entreprise était audacieuse et noble le dessein. Il s’agissait en somme de combattre le naturel. Et le combat eût été pur si le diable ne s’en était mêlé. Car tous ces hauts désirs d’introduire la justice et de lutter contre les cruautés de la vie côtoient en nous, par un de ces équilibres savants dont la nature a le secret, des passions exactement contraires : la passion de puissance, l’égoïsme, l’envie, l’agressivité, la tentation de malveillance et parfois même la passion de détruire. Un bric-à-brac de passions où se mêlent le pire et le meilleur. Un entremêlement si bien ancré génétiquement en nous qu’il demeure inchangé d’un siècle à l’autre malgré les changements de décor.
Voilà donc fadeur en place. Le voilà doté, d’un côté, d’une puissance qui s’accroit d’incroyable façon; de l’autre, d’une vertu molle, d’une vertu constamment en butte à des pulsions contraires. Que pensez-vous qu’il arriva ? Ce ne fut pas le serpent qui creva.
La faim dans le monde, scandale autant que malheur. La guerre, renaissant éternellement de ses cendres. La misère, qui s’infiltre même dans les pays qu’on dit prospères. La privation de liberté et, sur la carte du monde, les taches noires et innombrables de l’enfermement arbitraire dans des pays où il est interdit de penser, de parler ou d’écrire ce qui déplaît aux maîtres du lieu. Un aimez-vous les uns les autres en échec quotidien. Des menaces sur les leçons de clarté, de beauté, d’équilibre, de sagesse, qu’après la Grèce et Rome, la France, l’Europe et d’autres forgèrent lentement, amoureusement, dans les siècles passés. Des menaces plus .concrètes encore sur la survie de nos enfants, exposés à quelque folie d’un lointain chef d’État, fanatique et mégalomane, capable de tout détruire en jouant de quelques bombes atomiques. Voilà le monde que l’anti-vertu des hommes a réussi à construire.<?xml:namespace prefix = o />
Or, Messieurs, dans un paradoxe apparent qui sera l’essentiel de mon discours, je plaiderai non coupable pour l’homme. Et voici pourquoi.
Je crois qu’une pente savonneuse l’entraînant vers des calamités et des détresses était inscrite, dès l’origine, dans le destin de l’homme, comme l’était le péril des pestes, des typhus, des cancers et autres choléras. En recevant à la fois ses grands pouvoirs intellectuels et ses appétits passionnels — double et somptueux présent — la communauté humaine recevait la promesse des difficultés qu’elle rencontre aujourd’hui ou, si vous préférez, la promesse de ce que je vous ai proposé d’appeler de l’anti-vertu. Les hommes ont en eux les gènes de leur marche vers des temps difficiles.
Imaginez qu’on vous raconte l’histoire d’une planète lointaine, où une espèce vivante douée d’intelligence et d’habileté serait apparue. Imaginez également que les individus de cette espèce soient possédés par un monde intérieur de passions, où les pulsions de haine se mêlent aux pulsions d’amour, l’égoïsme féroce à l’altruisme, le mépris du voisin au respect du voisin, l’envie de tuer l’autre à l’envie de l’aider, l’intolérance aveugle à des velléités de tolérance, l’esprit de clan à la haine des autres clans. Imaginez encore que même les plus généreuses de leurs passions puissent faire des habitants de cette planète des apprentis-sorciers, par le seul jeu déséquilibrant d’une désobéissance à d’éternelles lois biologiques. Quel avenir prédiriez-vous à cette espèce ? N’aurait-elle pas en elle tous les ingrédients nécessaires pour l’exposer aux pires catastrophes ?
À l’instar de ce peuple imaginaire, il me semble que les hommes ont dans leur nature même, un généticien dirait dans leurs chromosomes, l’annonce des désordres de leur communauté, comme ils ont l’annonce de leur croissance, de leur maturité, de leurs maladies, de leur mort. Par une prédisposition naturelle, nous sommes exposés à connaître nos difficultés comme nous sommes exposés à contracter la rougeole, si nous ne faisons rien pour l’éviter.
Si nous ne faisons rien. Voilà où trouver le recours. Nous pouvons éviter que nos enfants aient la rougeole si nous les vaccinons. Il a suffi que nous prenions conscience du danger que représentent des événements aussi naturels que le typhus, la peste et le choléra pour que nous découvrions les moyens de leur faire échec. Lutter contre des menaces génétiques n’est pas toujours hors de notre portée. Nous nous sommes montrés capables de déjouer bien des guets-apens que nous tend la nature. Voilà bien la démonstration que nous sommes responsables de notre avenir. Or, si les hommes devenaient conscients du guet-apens vers lequel leur patrimoine génétique et culturel les entraîne, du prix mortel dont ils ont à payer les merveilles de leur aventure, rien ne dit qu’un grand souffle de révolte contre cette traîtrise congénitale n’entraînerait pas le fervent désir d’y faire obstacle et la recherche des moyens d’y parvenir. La volonté de transmettre un tel souffle, la volonté d’une telle recherche, voilà, me semble-t-il, dans la période critique que vit aujourd’hui la communauté des hommes, la vertu majeure, l’urgente vertu de notre temps.
Les pierres de vertu.
Avec quelles pierres peut-on bâtir et soutenir ladite vertu ? J’en proposerai plusieurs à votre attention : la tolérance, le sang-froid, l’enthousiasme, l’équilibre raison-passions et la perception des liens étroits qui nous unissent au monde vivant.
Que la tolérance envers les idées et les mœurs d’autrui soit un des piliers de la vertu, voilà qui est de morale commune et qu’on trouve, admirablement commenté, dans certains textes écrits par d’illustres membres de notre Compagnie. L’un d’eux publia autrefois un Traité de la tolérance de 255 pages et il écrivit : « Le droit de l’intolérance est absurde et barbare; c’est le droit des tigres; et il est bien plus horrible, car les tigres ne déchirent que pour manger, et nous nous sommes exterminés pour des paragraphes. » Cet académicien se nommait Voltaire. Les choses cependant sont moins simples : faut-il tout tolérer ? Faut-il tolérer l’intolérance ? Assurément non. Si bien que le problème est de définir comment donner à cette pierre de vertu les limites qui assureront sa vraie solidité. Je te tolère si tu tolères que mes idées diffèrent des tiennes; je tolère même que tu cherches à me convaincre; mais je ne tolère pas que tu me prennes à la gorge pour mieux me convaincre. Nous acceptons qu’un pays se choisisse un autre régime que le nôtre, mais nous ne pouvons accepter que les maîtres de ces autres contrées disent à ceux qui n’ont pas leurs faveurs (je cite encore Voltaire) : « Vous serez brûlés à jamais ; et, en attendant, nous allons commencer par vous égorger. »
Parvenu à ce point de mon discours, j’aimerais me permettre une digression. Les biologistes savent que la survie d’une espèce vivante exige que les individus ne soient pas rigoureusement semblables. Si l’espèce staphylocoque n’a pas péri malgré la pénicilline et tient même vaillamment tête à cet antibiotique, si l’espèce moustique n’a pas succombé au DDT et si elle est devenue capable de résister à cette agression en maints endroits du monde — je pourrais citer de nombreux autres exemples — c’est parce que régnait une grande diversité parmi ces germes ou ces insectes : nombre d’individus étaient vulnérables, mais quelques-uns ne l’étaient pas, qui purent procréer des générations auxquelles cette résistance fut transmise. De même, chez l’homme, on connaît aujourd’hui plus d’une maladie qui frappe gravement un groupe d’individus tandis qu’elle est incapable d’abattre les autres. Nous commençons même à pouvoir deviner à l’avance les menaces qui planent sur la vie de celui-ci et non sur la vie de celui-là. Si un enfant naît porteur d’un marqueur désigné sous le nom barbare d’HLA-B27, il a cent vingt fois plus de chances que les autres d’être atteint, adulte, d’une forme grave de rhumatisme dite spondylarthrite ankylosante. Tous les hommes sont dissemblables et inégaux devant l’hostilité naturelle à laquelle ils doivent faire face et c’est un des secrets de la survie de notre espèce. Si je me suis permis d’ouvrir cette parenthèse, c’est parce qu’elle invite à une hypothèse audacieuse: la diversité des pensées humaines n’est-elle pas aussi nécessaire que la diversité des corps ? Un peuple unanime n’est-il pas, à longue échéance, menacé de dégénérescence ? J’abandonne cette hypothèse à votre réflexion, car elle n’a pas encore donné lieu à la moindre étude sérieuse. Et on peut le regretter, car si le droit à la différence, le droit à la diversité des convictions, était biologiquement utile à la robustesse vivace et singulière de l’espèce humaine, la tolérance pourrait s’en inspirer, qui n’est autre que le respect de cette différence.
La seconde pierre de vertu que je vous propose est le sang-froid, ou mieux l’âme tranquille. L’inquiétude est mauvaise conseillère. L’angoisse est par nature égocentriste. L’angoisse métaphysique n’est pas source de vertu; au contraire, elle démobilise. Nous sommes sans recours, sinon peut-être pour les âmes religieuses, devant l’interrogation majeure : que diable sommes-nous venus faire sur cette terre ? Ai-je besoin de dire qu’il est inutile de questionner la science : elle est tout à fait incapable de répondre, ce n’est pas sa mission. La science peut néanmoins apporter un élément de méthodologie. Elle a connu depuis quelques années une singulière aventure, découvrant, à ses dépens, que les raisonnements et les habitudes de notre vie quotidienne n’avaient plus cours dans le monde de l’infiniment petit ou de l’infiniment grand, temporel autant que spatial. Elle a appris à se -méfier de toutes les extrapolations hors du champ de l’épure. Nos pourquoi, fils du principe de causalité et neveux du bon vieux déterminisme, sont probablement futiles à des échelles cosmiques. La science doute que, cherchant le pourquoi du monde, nous posions une question autre qu’anthropomorphe. Voilà qui devrait être source de sérénité si les hommes avaient l’amour des raisonnements rigoureux. Malheureusement, ou peut-être heureusement, ils ne l’ont pas.
Autre pierre possible de vertu, l’enthousiasme. On dira que ce n’est pas une pierre de vertu, plutôt un hommage rendu à la vertu des autres. Sans doute. Mais l’enthousiasme n’est-il pas surtout signe d’une certaine pureté de cœur ? L’homme qu’aucune action d’autrui n’enflamme plus, l’homme qui ne sait plus admirer, est un homme atteint de sécheresse. Au reste, dans l’enthousiasme, c’est au-dedans de soi-même que le dieu est étymologiquement présent. La vertu exige ces élans intérieurs. Si par malheur, dans quelque pays imaginaire, cette pierre devenait plus rare, si la jeunesse de ce pays cessait de s’enthousiasmer pour son passé, pour son avenir, si elle cessait d’admirer l’aventure universelle des grands hommes et des efforts humains, il me semble que ce serait pour ce pays symptôme de faiblesse et de vieillissement. Et je me demande si l’art d’enseigner et l’art de gouverner ne sont pas l’art d’insuffler cette vertu-là.
Je parle bien sûr d’enthousiasme, et non de sa hideuse caricature, le fanatisme. Une raison sage et lucide fait aisément la différence. L’équilibre entre les passions et la raison est donc, lui aussi, pierre de vertu. Il s’agit d’être passionné, mais de garder toujours la raison, vigilante, dans l’ombre des passions. Si, à la manière d’un traité d’anatomie comparée des mammifères, on établissait une éthique comparée des hommes d’État, je suis certain qu’on trouverait de merveilleux exemples d’hommes qui, passionnés, surent constamment maîtriser leurs passions, tel, dans les temps récents, l’homme de Colombey.
Le dernier pilier de la vertu que j’ai choisi d’évoquer devant vous est le sentiment des liens étroits qui unissent chaque homme au reste du monde et intègrent son aventure personnelle au sein d’une histoire universelle de la vie.
Il y a deux façons d’être un homme. La première consiste à se conduire comme si l’on était le centre de l’univers. Il y a moi et il y a les autres, il y a moi et ceux qui s’agitent alentour. Le monde tournait bien avant que j’apparaisse, il continuera de tourner après moi. Il est indifférent à mes sentiments et à mes peines. Il a même le pouvoir d’entraver mes désirs et d’exaspérer ma solitude. Je lui accorde au mieux d’être le décor où je jouerai mon rôle, mais mon rôle n’appartient qu’à moi, la pièce que je joue est, comme on dit en français, un one man show.
L’autre façon d’être un homme plaît davantage au scientifique, pour qui l’homme biologiquement isolé ne signifie rien. La vie d’un homme dépend de l’énergie solaire, de l’oxygène atmosphérique, de l’eau du ciel et de la terre, du monde végétal seul capable de lancer la chaîne alimentaire qui fournira les matériaux dont nous sommes faits, des cycles chimiques en éternelle circulation de la matière inanimée à la matière vivante et de la matière vivante à la matière inanimée, et même des cent mille milliards de bactéries que l’homme sain héberge dans l’intestin et qui le protègent d’agressions microbiennes dangereuses. Et l’homme est aussi partie intégrante de la communauté humaine. Il est l’expression transitoire de la chaîne génétique de notre espèce. On peut l’imaginer comme un chaînon éphémère perché, pendant un court instant avant de disparaître, sur un ruban génétique foisonnant long de dizaines de millions d’années et créateur incessant d’hommes nouveaux. Et, bien entendu, ce lien biologique se double de l’étonnant lien culturel par lequel nous héritons d’un immense patrimoine de connaissances et de créations, que nous léguerons à notre tour.
Ainsi l’homme-individu est unique et admirable en soi, et pourtant en soi il n’est rien. Prendre conscience de cette appartenance à un tout, dans l’espace et dans le temps, est à l’évidence indispensable à l’exercice de la vertu, entendue dans le sens que je vous ai proposé.
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Dans l’histoire accélérée des hommes, de grands changements sont en cours, auxquels le biologiste est sensible. Des changements suggérant que la vertu la plus urgente n’est plus ce qu’elle était. L’espèce humaine n’a qu’une échappatoire pour changer un destin prometteur de catastrophes, c’est que les hommes aperçoivent à temps le piège qui est en passe de se refermer sur eux et qu’ils aient envie de s’unir enfin pour y faire obstacle. Des pays comme le nôtre, qui ont si souvent dans le passé indiqué la route à suivre, n’ont-ils pas aujourd’hui le devoir de crier haut et fort que nous sommes en train de perdre une bataille cruciale à force de nous user dans des batailles dérisoires ? La vertu nouvelle est donc de proclamer et de convaincre. L’ambition est grande. Mais l’enjeu n’en vaut-il pas la peine ? Il n’est rien moins que la défense des merveilles de l’aventure humaine.