Naissance et croissance de l’École normale supérieure

Le 18 octobre 1994

Alain PEYREFITTE

Bicentenaire de l'École Normale Supérieure

Naissance et croissance de l'École normale

par M. Alain Peyrefitte
Délégué de l’Académie française

Séance publique annuelle des cinq Académies

 

Le 9 brumaire an III, entendez le 30 octobre 1794, voici deux cents ans à quelques jours près, la Convention adoptait, sur proposition de Lakanal, ce décret fondateur :
« Art. 1er. Il sera établi à Paris une École normale où seront appelés, de toutes les parties de la République, des citoyens (...) pour apprendre, sous les professeurs les plus habiles, (...) l’art d’enseigner.
« Art. 2. Chaque district nommera à l’École normale trois citoyens (...) qui unissent à des mœurs pures un patriotisme éprouvé (...)
« Art. 10. Deux représentants du peuple, désignés par la Convention nationale, se tiendront près l’École normale (...)
« Art. 11. Les élèves formés à cette école républicaine rentreront à la fin du cours dans leurs districts respectifs : ils y ouvriront une (…) École normale seconde » (...)

Autrement dit, l’École normale de Paris devait recruter des élèves républicains et les faire essaimer ensuite en province, de manière qu’ils y établissent autant de ruches républicaines qu’il était nécessaire, non seulement pour enseigner à lire, écrire et compter, mais pour former de bons citoyens de la république, qui aient une tête bien pleine, certes, mais surtout bien faite, c’est-à-dire modelée selon les principes affirmés par la Convention, sous l’étroit contrôle des deux Commissaires politiques qu’elle désignait à cet effet.

Tel est l’ambitieux décret que nous commémorons aujourd’hui.

La célébration du bicentenaire de l’École normale ne serait point tout à fait fidèle à son objet, s’il n’y entrait un parfum de canular, cette forme normalienne de l’humour.

Et n’en est-ce pas un, déjà, que d’avoir organisé cette cérémonie, qui commence par un discours, où l’Académie française, en présence de quelques-unes des autorités les plus élevées du pays, et du haut de ses trois cent cinquante-neuf années, tend la main à la jeune bicentenaire ?

Cette image en appelle naturellement une autre, l’image parallèle de l’Académie française, bienveillante marraine de cent cinquante-neuf ans, qui se serait penchée en 1794 sur le berceau de la nouvelle « École normale », cette académie de l’âge tendre.

Imaginez nos prédécesseurs d’il y a deux siècles siégeant pour cette séance solennelle, et, tout en écoutant les discours d’une oreille distraite, cherchant dans les limbes de l’avenir des continuateurs dignes de leur compagnie : Condorcet pressentant les Bergson, Boutroux, Durkheim, Alain, Sartre, Michel Foucault. Marmontel devinant les Taine, Fustel de Coulanges, Lavisse, Carcopino, Lucien Febvre, Marc Bloch, Duroselle. Bailly flairant les Évariste Galois, Pasteur, Branly, Jean et Francis Perrin, Langevin, Kastler. La Harpe imaginant les Francisque Sarcey, Faguet, Lanson, Bédier, Hazard, Thierry Maulnier. Malesherbes subodorant les Jules Simon, Jaurès, Blum, Herriot, Pompidou. L’abbé Maury sentant poindre les pères Olivaint et Festugière, les cardinaux Perraud et Baudrillart. Chamfort ou Florian apercevant déjà Edmond About, Charles Péguy, Christophe, Romain Rolland, Jules Romains, Jean Giraudoux, Maurice Genevoix, Jean Guéhenno. Etc., etc.

Image émouvante. Mais image impossible, image mystificatrice ! Quand l’École naît, les Académies ne peuvent pas être convoquées pour la fête : nos compagnies ne sont plus. Voilà bien le canular : en évoquant sous notre Coupole la naissance de l’École de l’an III, nous devons évoquer aussi, messieurs, le souvenir de notre mort. Car entre notre mort et cette naissance, il existe un lien, non de simple simultanéité, mais de cause à effet.

L’École normale a été édifiée sur une table rase. La Convention avait auparavant nettoyé, pour ainsi dire au lance-flammes, tout ce que cinq à six siècles d’histoire avaient permis d’édifier pour créer et transmettre la culture : les universités, les sociétés savantes, les Académies. C’est sur leurs décombres fumantes que la Convention allait bâtir ses grandes écoles : Normale, Polytechnique, le Conservatoire national des arts et métiers, les Langues orientales.

La Révolution avait aboli les organes où les idées et le savoir se débattaient et s’imposaient. Elle avait mis au chômage technique les esprits chargés d’élaborer la connaissance. « La République n’a pas besoin de savants ! »,avait-on proclamé en guillotinant Lavoisier. Parmi les académiciens que je viens d’évoquer, Condorcet, Bailly, Malesherbes, Chamfort venaient de payer leur tribut à la Terreur. Leurs ombres tendent les mains vers les victimes des autres tragédies de notre histoire, Jaurès, Péguy et ses 238 camarades morts au champ d’honneur, Marc Bloch, Pierre Brossolette, Cavaillès et leurs 73 camarades tombés dans la Résistance.

La Convention se repentit après Thermidor : elle rappela les savants au service, et ce fut pour les mettre au service... de l’École normale. Celle-ci apparaissait ainsi comme le substitut des Académies qui venaient de trépasser. La plupart des professeurs éminents qui furent donnés à l’École normale provenaient des Académies supprimées, comme La Harpe, Bernardin de Saint-Pierre, Berthollet, Lagrange, Laplace, Haüy, Monge, Daubenton, qui ont donné leur nom à des rues du quartier latin.

Mais cette naissance de l’École normale fut un désastre pédagogique sans précédent.

L’École de l’an III devait être, dans son intention primitive, un outil révolutionnaire, un instrument de modelage mental. Dans l’exécution, elle fut une parenthèse de libre et haute réflexion sur l’état des sciences et des lettres. Sur le moment même, La Harpe commenta cet épisode avec optimisme : « La réunion de maîtres aussi célèbres était déjà un service rendu à l’instruction publique, une preuve qu’on ne voulait pas l’anéantir. »Seulement, ce haut enseignement était délivré à des centaines de garçons qui, arrivant de leurs bourgades lointaines, n’étaient vraiment pas préparés à le recevoir.

On avait réuni 1400 jeunes républicains, choisis dans les districts de toutes les provinces « pour leur patriotisme éprouvé » (chacun devine ce que parler veut dire), avec mission d’y revenir ensuite comme instituteurs militants. Ce public formait un mélange hétéroclite. On y trouvait quelques érudits, mais beaucoup d’illettrés. On leur donna pour professeurs de grands savants qui retrouvaient, pour la première fois depuis la Révolution, une occasion d’exposer publiquement leur savoir. Ils s’en saisirent impitoyablement, quand les cours s’ouvrirent dans l’amphithéâtre du Muséum d’histoire naturelle. Jamais l’écart entre le maître et l’élève ne fut plus abyssal.
Un pamphlet écrit par l’un des élèves tourna bientôt cette École en ridicule : « C’est la Tour de Babel au Jardin des Plantes ».La Convention, estimant que « les plus courtes folies sont les meilleures »,décréta rapidement la fermeture, sur le rapport du girondin Guyomar, qui concluait : « Vouloir, de paysans, faire des savants, c’était une brillante chimère. »Les élèves, écœurés, furent congédiés au bout de deux mois et 27 jours et renvoyés dans leurs terroirs. L’expérience ne fut pas reprise.

Et comme en France, même sous les révolutions, tout finit par des chansons, on rima une « Fugue normalienne »dont je vous lirai seulement le refrain (sans vous le chanter) :

« Allez-vous en, gens de l’École,
On ne peut rien faire de vous.
L’entreprise en était trop folle,
On ne peut rien faire de vous.
Allez-vous en
Très promptement
Reprendre votre premier rôle,
Allez-vous en planter vos choux. »

Mais, me direz-vous, en quoi ce fiasco concerne-t-il l’École normale supérieure ? On peut se le demander. Il est un épisode de l’histoire de l’enseignement primaire, si l’on regarde les élèves. Il est un épisode de la vie des académies, si l’on considère les maîtres. Du reste, la véritable succession de l’École de l’an III, c’est l’Institut de France qui va l’assumer en 1795 : les professeurs de cette École mort-née s’y retrouveront tous.

Quant à l’École normale, après ces quelques semaines d’existence fugitive, on n’en entendit plus parler de longtemps. Ce n’est que par un décret du 17 mars 1808 que l’École normale réelle a commencé d’exister vraiment, et qu’elle s’est vu confier la tâche de former les professeurs des lycées. Si une institution se caractérise essentiellement par la continuité, et par l’évolution dans la continuité, alors il ne fait aucun doute que l’École devra attendre l’an 2008 pour achever son second siècle d’existence.

Mais cette création de Napoléon ne faisait elle-même que reprendre une idée de l’ancienne monarchie. Quand Louis XV, cédant à la pression du parlement de Paris, anéantit la Compagnie de Jésus, il dut alors la remplacer, pour faire prospérer sans elle le modèle qu’elle avait commencé à répandre. Il transforma, en 1763, les collèges jésuites en « collèges royaux ». Il créa, en 1766, pour leur donner des professeurs, l’agrégation. Il institua, en 1767, pour y attirer vers elles les meilleurs éléments, des « boursiers d’agrégation ». Lesquels furent accueillis en 1770. L’École normale est vraiment née alors pour la première fois, avec, d’emblée, ses trois pôles : le concours d’entrée comme tri de départ, le concours de l’agrégation comme but, l’internat comme moyen. L’École normale était bel et bien créée ; il ne lui manquait que le nom. Elle fut hébergée au collège Louis-le-Grand, qui précisément hébergera à nouveau, en 1810, la nouvelle École normale, celle de l’Empire.

Ainsi, l’École a été engendrée trois fois, par Louis XV en 1770, par Lakanal en 1794, par Napoléon en 1808. La première naissance fut éphémère : les disputes entre les évêques et le parlement de Paris ne permirent pas de pérenniser l’institution. La seconde naissance, nous l’avons vue avortant encore plus vite que la première. Il fallut attendre Napoléon pour qu’enfin, l’École normale naisse viable. Elle a survécu jusqu’à nos jours, comme tant d’institutions que l’Empereur avait bâties à chaux et à sable : le Conseil d’État, la Cour des comptes, l’Université, la Comédie française, les préfets, la Légion d’honneur, le Code civil.

En somme, Louis XV a créé le concept de l’École normale, sans le nom. La Convention lui a donné le nom. Napoléon lui a donné la vie. Deux avortements et une naissance viable. Reconnaissons, avec le sens de la relativité que doit avoir tout historien, que la glorification, aujourd’hui, du second avortement, plutôt que du premier, ou plutôt que de la naissance viable, est un choix un peu arbitraire, et qui tient en quelque sorte du canular, par lequel cette École se reconnaît de loin.

L’arbitraire a pourtant une logique : une logique idéologique. Si le comte de Chambord avait bien voulu accepter les trois couleurs et que la France fût redevenue durablement une monarchie, comme le souhaitaient les Constituants de 1875, nous aurions fêté le bicentenaire de l’École en 1970. Et si Napoléon III avait su garder son sang-froid en recevant la dépêche d’Ems, s’il avait résisté à l’entraînement guerrier, nous devrions sans doute attendre 2008 pour prononcer notre hommage...

La république militante des années 1890, et l’École normale non moins militante de Lucien Herr, ont imposé à la rue d’Ulm une origine strictement républicaine.

Quant à nous, membres des diverses académies de l’Institut, qui avons respecté dans chaque régime le pouvoir en charge de la France, et qui avons toléré et su faire vivre en notre sein la succession et la coexistence des idées et des fidélités, nous apprécions dans l’École ce flou des origines, qui en fait une institution si typiquement de chez nous. Et si le privilège de l’âge permettait à la plus ancienne de nos cinq Académies de donner un conseil, ce serait de « choisir tout »,comme disait l’archicube Simone Weil.

Car il y a une unité, dans cette triple origine. Et l’on peut rêver des pages qu’Alexis de Tocqueville aurait pu écrire pour mettre en lumière cette continuité profondément française, à travers les changements dramatiques de nos régimes.

Dans les trois cas, en effet, il s’agissait de créer, pour l’enseignement, une institution d’État, chargée de se substituer à une institution d’Église. Louis XV avait à remplacer les Jésuites, qu’il venait de chasser. La Révolution avait à remplacer l’Église, qu’elle venait de détruire. Napoléon tenait à peupler ses lycées de professeurs laïcs, vêtus de noir et voués au célibat, qu’il appelait « mes jésuites d’État ».

Mais Louis XV n’a pas poussé jusqu’au bout son idée, parce que l’épiscopat a finalement obtenu que les collèges royaux fussent confiés à des congrégations religieuses. La Convention avait si bien détruit l’Église, qu’elle ne sentait même plus l’urgence de la remplacer durablement par l’École normale — alors que cette urgence, du fait de la guerre, a maintenu l’École polytechnique : si l’on n’avait pas besoin de savants, on avait besoin d’artilleurs. En revanche, la dynamique de concurrence, créée par Napoléon entre l’Église concordataire et l’Université, devait se poursuivre pendant tout le siècle — et l’École normale y a tenu une grande place.

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Elle a tenu, elle tient aussi une grande place dans nos Académies. Elle n’a pas été tout de suite une pépinière d’académiciens. Par exemple, en 1895, lors du premier centenaire, on ne comptait encore que seize normaliens qui fussent entrés à l’Académie française pendant le siècle écoulé. Le premier d’entre eux, élève de la première promotion de Normale, celle de 1810, fut Victor Cousin en 1830, bientôt suivi d’Henri Patin, secrétaire perpétuel, et de Prévost-Paradol. C’est seulement avec la IIIe République que le rythme s’accélère : une demi-douzaine d’élus par décennie. Jusqu’à atteindre ces régions heureuses, où les archicubes détiennent entre le quart et le cinquième des fauteuils à l’Académie française ; tandis qu’ils en occupent le quart à l’Académie des Sciences morales et politiques, le tiers à l’Académie des Sciences, les deux tiers à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (sans compter la moitié des chaires au Collège de France, le tiers des prix Nobel français vivants et six médaillés Fields sur sept). Aussi n’est-il guère aujourd’hui de conscrit qui n’entre rue d’Ulm avec le sentiment d’avoir un habit vert dans sa besace.

C’est donc après 1870 que cette entrée en force des normaliens dans les Académies s’est manifestée. Pourquoi ?

L’explication est simple : c’est pendant la Monarchie de Juillet que, sous l’impulsion de Guizot, l’École a trouvé son rythme de croisière et a conquis l’honneur d’être nommée supérieure, et l’avantage d’être supérieurement logée, précisément dans la rue d’Ulm. Elle a alors attiré des talents, auxquels les facultés créées par le Second Empire ont ouvert des carrières. L’époque des sièges à l’Institut allait venir à son tour, avec le relais des Écoles de Rome et d’Athènes. C’est sous l’égide de Louis-Philippe que l’École normale a conquis sa place dans notre hiérarchie intellectuelle et dans notre mythologie culturelle ; c’est alors qu’elle est devenue un lieu de mémoire.

L’École se perd dans ses naissances, à la façon d’Homère. Mais une chose est certaine. Elle a eu sa jeunesse boutonneuse et conquérante ; elle n’est devenue elle-même que sous le roi-citoyen, le roi préféré de Daumier. Cent cinquante ans, ce n’est pas si mal. Aussi, canular pour canular, substituons un instant une commémoration à une autre, et célébrons ensemble l’École de 1844, qui est en train de prendre tout son éclat : celle où, sous la férule de Jules Simon et de Sainte-Beuve, d’Henri Wallon et de Vacherot, de Jules Michelet et de Nisard, étudient Burnouf et Gaston Boissier, Paul Janet et Sommer, Hatzfeld et Pasteur.

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Depuis lors, l’inflation a menacé l’École. L’inflation des écoles normales supérieures ; l’inflation des effectifs ;l’inflation de l’humilité. Pourtant, chacune de ces inflations a été vaincue.

Alors que la rue d’Ulm était l’unique École normale supérieure jusqu’en 1880, les Écoles normales supérieures se sont multipliées depuis cette date. Mais Georges Pompidou disait plaisamment que, si on en comptait une bonne dizaine, celle de la rue d’Ulm était la seule à pouvoir se permettre de laisser tomber le qualificatif de « supérieure », sans risquer d’être confondue avec la centaine d’Écoles normales installées sur le territoire de la république.

Les promotions ont grandi, tout en devenant mixtes. Le nombre total des élèves en cours de scolarité, toutes promotions de lettres et de sciences confondues, est passé de cent cinquante après la seconde guerre à un millier. Mais ils n’en restent pas moins les produits d’une sélection rigoureuse, matrice de l’effort et détectrice du talent.

C’est l’inflation de l’humilité qui aura été la plus dangereuse.

À l’époque où l’on a supprimé les prix d’excellence, parce qu’ils paraissaient une insulte aux médiocres, l’École est entrée dans une longue période où elle a cessé de croire en elle-même, où appartenir à une élite était devenu un péché capital, dont on ne pouvait obtenir l’absolution qu’en se reniant. Des meneurs prétendaient ravaler l’École au rang de la plus minable faculté, par solidarité prolétarienne, et s’y employaient activement : ils ont même failli y réussir. Qui rêverait d’entrer dans un établissement dont les membres pratiquent l’auto-flagellation ? Qui défendrait une institution, quand elle ne se défend plus elle-même ?

Mais cette crise a passé. L’École d’aujourd’hui a repris confiance en elle-même. Les taupins qui sont reçus simultanément à Polytechnique et à Normale-Sciences choisissent systématiquement cette dernière depuis quelques années. Les normaliens-Lettres ont cessé d’être envoyés dans des collèges de province, où les expédiait l’ordinateur de l’Éducation nationale. Ils ont désormais de bonnes chances de déboucher sur les classes préparatoires ou sur les universités — quand ce n’est pas sur la haute fonction publique ou le journalisme, la finance ou l’industrie, la politique ou la diplomatie, la littérature ou l’épiscopat.

L’École, régénérée par son mariage avec Sèvres, a retrouvé sa fierté et, avec le sens de son histoire, le sens de sa mission. Elle sait que son rôle propre est de laisser respirer les intelligences, de les aider à se découvrir et à s’éprouver, à prendre les risques de la rébellion ou de la fidélité. Elle est comme un labyrinthe, où les jeunes gens et les jeunes filles livrés annuellement auraient chacun et chacune sa chance et sa façon d’en sortir.

Voilà pourquoi l’École fête son bicentenaire sans nostalgie, le regard tourné vers le siècle qui s’ouvre.

Ce qui s’ouvre, c’est aussi un millénaire ; mais ne laissons pas l’enthousiasme nous entraîner aux excès. Ne provoquons pas la colère des dieux. Bornons nos vœux de longévité pour l’École, à une durée que l’expérience nous a révélée possible, avec un peu de chance et d’obstination. Souhaitons-lui deux cents belles et bonnes années, et d’être à cette échéance aussi vivace qu’elle l’est aujourd’hui.