DISCOURS
PRONONCÉ PAR
Le Révérend Père A.-M. CARRÉ
à l’occasion de la mort de
M. André CHAMSON
Église réformée de l’Oratoire
Mercredi 16 Novembre 1983
Les versets que je viens de lire sont extraits du Psaume 90 : « Prière, de Moïse l’homme de Dieu. » J’ai choisi la Traduction Œcuménique de la Bible. Protestants et catholiques y ont travaillé avec ferveur, espérance, profond vouloir de communion.
J’ai parlé d’elle plusieurs fois avec André Chamson que j’ai connu grâce à l’Académie française. D’année en année nos liens se sont resserrés dans un total respect de nos consciences. Ce n’est pas assez dire. Nous nous sommes rejoints, me semble-t-il, au-delà des tragédies de l’histoire, en tendant vers l’essentiel de ce qui nous était commun en Jésus-Christ.
Appelé par lui après la mort si éprouvante de sa femme, puis à son propre chevet, je porte ici simplement témoignage. Si j’ai constaté avec douleur les progrès de la maladie, j’ai vu aussi la sérénité gagner le cœur d’un écrivain célèbre devenu un ami.
Ces derniers jours, sa chère fille m’a remis en mémoire une belle page de « La Superbe » : la femme d’un galérien cévenol — en fait Jean-Pierre Chamson — condamné pour sa foi, reçoit la visite d’une catholique, Lucrèce. Après un mouvement de recul, elle comprend qu’il s’agit d’un geste de compassion et l’en remercie : « Les gens comme nous ne peuvent donner qu’une prière, et c’est de grand cœur que nous le ferons en pensant à vous. — Faites-le maintenant », dit Lucrèce en se levant. Alors la femme le demande à sa petite fille, car « la bouche d’un enfant rend toutes les prières semblables. »
Que nos intercessions, ce matin, ressemblent donc à celles des enfants ! Que nos cœurs se purifient, comme nous y a invités Monsieur le Pasteur Mazel reprenant la parole des Béatitudes qu’évoquait le faire-part de la mort d’André Chamson. Ainsi nous pourrons prononcer le dernier verset du psaume de Moïse : « Que la douceur du Seigneur notre Dieu soit sur nous ! »