« Pas que »

Le 3 mars 2016

Michel SERRES

bloc-notes du 3 mars 2016

« Pas que »

Elle est belle, mais pas que. Mozart a du talent, mais pas que. Je suis prêt à vous aider, mais pas que. Cette expression rapide, qui prend la place de pas seulement, signifie que cette femme est, aussi et en plus, aimable et intelligente, que le compositeur a du génie, enfin que je souhaite vous soutenir jusqu’au bout de vos entreprises.

Pas seulement est la forme du bon usage ; pas que est d’usage courant. Non seulement je suis favorable à l’usage, que j’entends souvent avec plaisir et que j’utilise avec gourmandise, mais j’aurais aussi de la joie à entendre ce pas que adopté par mes amis de l’Académie.

 

« Je suis contre »

Nos amis anglais font un usage courant des postpositions, ce qui ne veut pas dire qu’ils négligent les prépositions. Toutes les langues, peu ou prou, ont besoin d’elles ou de leur équivalent ; par exemple, les déclinaisons.

Le français utilise si fréquemment les prépositions que, dans les comptages d’occurrences, trois d’entre elles se classent parmi les dix mots les plus souvent usités ; de y tient même la première place, victoire qui donne à notre langue un titre avéré de noblesse.

Or un usage constant consiste à les employer en postposition, comme en anglais. Je suis pour, il est contre jaillissent de nos bouches à propos de quelque opinion discutée.

Je suis pour adopter je suis pour.

Michel Serres
de l’Académie française