Compliments faits au Roi et à la Reine sur la mort de la Reine de Sardaigne

Le 28 novembre 1728

Charles d’ORLÉANS de ROTHELIN

COMPLIMENTS

Faits le 28. Novembre. 1728.

Au Roi & à la Reine, au nom de l’Académie Françoise, fur la mort de la Reine de Sardaigne. Par M. l’Abbé DE ROTHELIN, Directeur de l’Académie Française ; le Roi étant de retour à Versailles, & parfaitement rétabli de la petite vérole qu’il avait eue à Fontainebleau.

 

AU ROI,

SIRE,

Des Sujets fidèles & reconnaissants ne devraient exprimer leurs hommages que par les transports de leur joie ; quand après d’aussi vives alarmes ils cessent de craindre pour les jours précieux d’un Prince qui fait leurs délices.

Mais l’Empire absolu que vous possédez sur nos cœurs, imprime en nous tous les mouvements que V. M. peut ressentir, & le plaisir même le plus pur & le plus parfait ne saurait nous faire oublier ce qui vous afflige.

Oui, SIRE, l’Académie Française est sensiblement touchée de la mort de cette grande vertueuse Reine que vous regrettez, Elle a su concilier dans les temps les plus difficiles ce qu’elle devait à sa naissance, & ce qu’exigeaient d’elle les engagements les plus sacrés. Chère à la France par le Sang auguste dont elle était formée, plus chère encore par son glorieux titre de Mère de l’illustre Princesse à qui nous devons notre bonheur, puisque vous lui devez le jour.

 

À LA REINE,

MADAME,

L’affliction que V. M. ressentait de la mort d’une grande Reine faisait aussi celle de l’Académie Française : nous regrettions en elle de rares qualités que sa naissance nous rendait encore plus chères, lorsqu’un sentiment bien plus fort a fait taire en nous tous les autres. Une maladie qui n’a que trop souvent des suites funestes, en attaquant notre auguste protecteur, nous a livrés aux plus vives inquiétudes : nous chercherions en vain des termes pour les exprimer, mais le cœur de V. M. entendra le langage des nôtres. Nous avons, partagé, MADAME, les alarmes qui vous ont agitée ; nous venons partager votre joie. Puisse V. M. nous en donner bientôt un nouveau sujet, en obtenant du Ciel, pour achever le bonheur de cet Empire, ce que vos vertus méritent, & ce que nos vœux ne cessent point de demander.