Réponse au discours de réception du duc de Saint-Aignan

Le 16 janvier 1727

Antoine DANCHET

RÉPONSE

de M. DANCHET Directeur de l’Académie, au Difcours prononcé par M. le Duc DE S. AIGNAN.

 

MONSIEUR,

Lorfque nos defirs vous ont appellé, pour nous confoler de notre perte, tout confpiroit à rendre votre réception & plus brillante pour l’Académie, & plus flatteufe pour vous.

On voyoit à la tête de cette Compagnie deux perfonnes des plus distinguées ; je dirois par leur rang, par leurs dignités, fi dans l’empire des Mufes, les diftinctions étoient fondées fur les titres pompeux : mais c’eft l’efprit, c’eft le mérite perfonnel, qui s’y attirent les premiers hommages.

Nous avions pour Directeur un Prélat, qui joint à la profondeur de l’érudition les talens de la parole, fi néceffaires pour inftruire les peuples & fi propres à orner nos Affemblées. Nous avions pour Chancelier un des plus dignes appuis de l’État, un de ces hommes qui nous retracent les anciens Héros, qui dans Athénes & dans Rome, après avoir triomphé par leur valeur à la tête des armées, revenoient au fein de la Patrie fe couvrir d’une nouvelle gloire par leur fageffe dans les Confeils, par leur politeffe dans la fociété, & plus encore, par leur amour pour les beaux arts.

Voilà, MONSIEUR, quels Académiciens devoient vous recevoir parmi nous. Ils n’ont pû s’acquitter de ce devoir ; l’un par une maladie, qui nous a tous allarmés ; & l’autre par une indifpofition, qui duroit encore au tems marqué par le changment de nos Officiers. Mais dans cette occafion reconnoiffez, MONSIEUR, les attentions de l’Académie à conferver, & vos avantages & les fiens. Avant que d’en venir à ce changement, qui eft foûmis aux feules voix du hazard, elle a prefcrit au nouveau directeur de ne vous répondre que par le difcours qui vous étoit préparé.

Il femble qu’un fecret preffentiment eût annoncé, que le fort quelquefois trop capricieux me feroit fuccéder à de fi illuftres Prédéceffeurs. La feule reffemblance qui m’en peut rapprocher, c’eft le zéle pour la gloire de l’Académie, & pour la vôtre ; & tout ce que je puis dans ce jour, eft de prêter ma voix à M. 1’Evêque de Blois. Eh ! qu’aurois-je pû dire qui méritât l’attention, après ce que vous venez de nous faire entendre. MONSIEUR, & dans l’attente de ce que je vais vous lire.