FUNÉRAILLES DE M. LAYA.
DISCOURS DE M. DE JOUY,
MEMBRE ET DIRECTEUR DE L’ACADÉMIE
PRONONCÉ AUX FUNÉRAILLES
DE M. LAYA
Le mardi 27 août 1833.
MESSIEURS,
En présence de la tombe qui va se fermer sur les restes mortels d’un homme de bien, vous n’attendez pas de moi l’éloge des talents et des travaux qui l’ont illustré dans la carrière des lettres, qu’il a si honorablement parcourue : dans ce dernier adieu que nous adressons à sa cendre, c’est à ses hautes vertus, à son noble caractère que nous réservons nos hommages.
Je ne crois cependant pas m’écarter de la réserve que la sainteté de ce lieu m’impose, en parlant d’un des ouvrages de notre illustre confrère, car cet ouvrage est une action sublime, qui suffit seule pour recommander sa mémoire à la postérité.
À l’époque à jamais déplorable où la France gémissait sous le joug de la plus sanglante tyrannie, Jean-Louis Laya ne craignit pas d’élever une voix solennelle et de vouer à l’exécration des siècles les hommes dont le plus grand crime, peut-être, est d’avoir souillé la liberté dans son berceau. La reconnaissance publique a payé sa généreuse audace.
Honneur ! éternel honneur à L’AMI DES LOIS ! Adieu, sage et courageux Laya ! tu fus bon citoyen, bon époux, bon ami, bon père. Dors en paix : tu laisses après toi deux tendres fils, et leurs gémissements, qui se mêlent si douloureusement à mes dernières paroles, annoncent en eux les dignes héritiers de ta belle âme et de tes nobles vertus.