Rapport sur l'inauguration de la statue de M. Royer-Collard

Le 25 novembre 1847

Henri PATIN

INAUGURATION DE LA STATUE DE M. ROYER-COLLARD

À VITRY-LE-FRANÇOIS.

RAPPORT FAIT À L’ACADÉMIE

PAR M. PATIN.

AU NOM DES MEMBRES DE L’ACADÉMIE PRÉSENTS A CETTE CEREMONIE[1]

Séance du 25 novembre 1847.

 

MESSIEURS

L’Académie, dans sa précédente séance, avait bien voulu charger deux de ses membres de la représenter à l’inauguration du monument érigé en l’honneur de M. Royer-Collard, dans son pays natal, par ceux dont il fut, pendant tant d’années et si glorieusement, le député. Vos envoyés se sont acquittés, avec tout le zèle qui était en eux, de l’honorable et chère mission que vous leur aviez confiée, et il ne leur reste plus qu’à vous en rendre compte.

Arrivés, dans la nuit du 30 de ce mois, à Vitry-le-François, ils ont, dès le matin du jour suivant, reçu la visite du maire de cette ville, M. de la Franchecourt, et de M. Fossey, un de ses adjoints. Ces messieurs venaient nous exprimer, dans les termes les plus vifs, leur reconnaissance et celle de leurs concitoyens, pour le concours prêté par l’Académie à un acte où se trouvaient intéressés, à un si haut degré, avec les sentiments du pays tout entier, ceux de la vile de Vitry en particulier.

Nous avons été conduits plus tard par ces mêmes magistrats, auxquels s’étaient joints le principal et les professeurs du collége, à l’hôtel de ville. Là se rassemblaient les personnes qui devaient, sous la conduite des principales autorités de l’arrondissement et du département, aller présider à la fête publique préparée pour héritier la mémoire d’un bon et grand citoyen. C’est, marchant avec le préfet en tête du cortége, dans une place d’honneur, que chacun s’était empressé de nous céder, que nous sommes arrivés jusqu’au lieu où s’élevait la statue de M. loyer-Collard, encore couverte d’un voile. Quand ce voile est tombé, au bruit des salves d’artillerie et des fanfares, et surtout aux acclamations d’une population nombreuse accourue de toutes parts pour saluer l’image du compatriote qui l’avait tant honorée, nous n’avons pas retrouvé, sans une émotion que vous comprendrez. rendus avec vérité sur le bronze par un artiste habile[2], des traits que le respect et l’affection ont profondément gravés dans le souvenir des membres de l’Académie, et qu’ils cherchent encore ici involontairement à la place on s’asseyait leur illustre confrère.

Les rares mérites du philosophe, de l’orateur, surtout de l’homme public, ont été dignement retracés dans des discours qu’ont successivement fait entendre, le préfet du département, M. de Bourlon, le successeur de M. Royer-Collard à la chambre des députés, M. Lenoble, enfin le maire de Vitry.

C’est avant le dernier de ces discours, que le directeur de l’Académie a pris la parole. Il a été assez heureux pour que des marques fréquentes d’approbation lui témoignassent que ce qu’il disait en votre nom répondait à la pensée de ses auditeurs. Il avait, avec son obligeance habituelle, exprimé le vœu que le membre de l’Académie, désigné par vous, parmi tant d’autres plus dignes, pour l’accompagner, et lui-même sa part de l’honneur singulier d’élever la voix dans une telle circonstance. De là, quelques paroles encore, dans lesquelles son confrère s’est chargé plus particulièrement, comme il lui convenait, d’associer à l’hommage que recevait de l’Académie la mémoire de M. Royer-Collard, celui qu’elle devait aussi attendre de l’Université.

Le défilé des gardes nationales de l’arrondissement. inclinant respectueusement leurs drapeaux devant l’image de l’homme qui fut en notre temps le plus parfait modèle des vertus civiques, a convenablement terminé une fête à la fois domestique et nationale.

Pendant tout le cours de cette solennité, et dans le banquet donné à l’hôtel de ville qui l’a suivie, nous n’avons cessé de recevoir des premiers magistrats, des fonctionnaires les plus considérables du département et de la cité, des plus honorables représentants du pays, des témoignages de déférence affectueuse, qui s’adressaient en nous à l’Académie, et dont nous sommes heureux d’avoir à lui rapporter l’hommage.

 

 

[1] M. Dupaty, chancelier de l’Académie, faisant fonction de directeur, et M. Patin.

[2] M. Marochetti.