Remerciment prononcé en Avril 1682. dans l’Académie Françoiſe par Mr. LE COMTE DE BUSSY.
MESSIEURS,
Quoyque je ſçache bien que le Compliment dont vous m’avez honoré, eſt une ſuite de la grace que j’ay receuë du Roy, je ne laiſſe pas de vous en être extrémement obligé, parce que je ſçay que vous ne ſeriez pas cet honneur à tous ceux de vôtre corps qui ſortiroient de diſgrace. Soyez donc perſuadez, s’il vous plaiſt, MESSIEURS, que je ſens cette diſtinction comme je dois & qu’il n’y a rien dans mon cœur au deſſus de l’obligation que je vous ay, que la reconnoiſſance du retour à la miſericorde de ſa Majeſté ſur mon ſujet. Ce ſeroit ici un bel endroit, MESSIEURS, pour vous parler de ce grand Roy, dont les ennemis mêmes parlent avec éloge ; mais dix-ſept ans d’abſence de l’Académie m’ont fait perdre les diſpoſitions que je pouvois avoir à ces beaux tours & à ces nobles expreſſions qu’on apprend ſi bien avec vous, & qui ſont ſi neceſſaires pour traiter un auſſi grand ſujet que celuy-là. Je n’ay pas oublié d’admirer & ſi je l’oſe dire, d’aimer le plus grand Roy du monde : mais j’ay oublié la maniere de le dire comme il le merite. Vous me l’apprendrez, MESSIEURS, & cependant je vous aſſureray qu’on ne peut être avec plus de verité que je le ſuis &c.
