Mario VARGAS LLOSA Élu en 2021 au fauteuil 18

N°738
Officier de la Légion d'honneur
Commandeur des Arts et des Lettres
Grand-croix de l’ordre El Sol del Peru
Insigne de l’ordre Aguila Azteca (Mexique)
Ordre des Arts et des Lettres du Pérou
Écrivain
Essayiste
Romancier

Biographie

C’est bel et bien sa vocation d’écrivain et la fidèle réalisation de ce dessein qui définissent Mario Vargas Llosa. Ainsi qu’il l’avoue dans Le Poisson dans l’eau, mémoires qu’il publie en 1993, cette vocation jaillit comme une révolte contre l’autorité paternelle. Elle ne tarda pas à se convertir en la précoce certitude que son destin serait marqué par le rythme de la frappe sur un clavier de machine à écrire. Né en 1936 dans la ville péruvienne d’Arequipa, Mario Vargas Llosa ne connut son père qu’à l’âge de dix ans. Ses parents s’étaient séparés dès sa naissance et les retrouvailles marquèrent pour toujours le destin de cet enfant peu enclin à échanger les câlins maternels contre une discipline de fer. Cet épisode de sa vie lui fit rapidement découvrir le second mobile de son existence : la soif de liberté. Quelques années plus tard, il exprimerait magistralement ces conflits dans La Ville et les Chiens, roman qui obtint en Espagne le prix Biblioteca Breve, celui de la Critique (1963), et qui le rendit célèbre dans le monde entier.

Il fit ses premiers pas dans l’écriture en s’initiant, en tant que jeune reporter, comme chroniqueur dans divers journaux de Lima et Piura. Persuadé que son monde ne peut être que celui des mots, il s’inscrit en 1953 à l’université de San Marcos pour y étudier les lettres et le droit. À cette époque, il écrivait déjà des contes « avec doutes et efforts », comme il l’expliquerait à plusieurs occasions, et commença à les publier dans différents périodiques.

Il noua bientôt une relation amoureuse avec Julia Urquidi, sa tante par alliance, et il l’épousa en 1955 avant de voyager avec elle en Europe, à la recherche du lieu qui serait le plus stimulant pour sa carrière d’écrivain.

Ces éléments biographiques ne sont pas anodins car tous ont largement influencé les trames, personnages et arguments de quelques-uns de ses grands romans : La Maison verte (1969), dont l’action se déroule dans la sordide et surprenante atmosphère d’un bordel de Piura et en Amazonie péruvienne, Conversation à La Catedral (1973), reproduisant dans les milieux estudiantins l’oppression de la dictature d’Odria, La Tante Julia et le scribouillard (1980), autobiographie polémique et romancée de son premier mariage.

Mario Vargas Llosa arrive en Espagne en 1958, une bourse d’études en poche. Cependant, son but n’est autre que Paris et c’est là qu’il s’installe au bout d’un an. Il y passe presque huit années et, déjà séparé de sa première femme, se marie avec sa cousine Patricia Llosa, à Lima en 1965. En sa compagnie, il parcourt de nouveau l’Europe, vit à Paris, à Londres et à Barcelone, jusqu’en 1974. Aujourd’hui encore, la capitale anglaise conserve sa préférence : l’anonymat qu’elle lui offre lui permet de mener à bien son activité d’écrivain. En 1976, il est élu président de Pen International.

Par ailleurs, Vargas Llosa poursuit son travail de critique littéraire, de chroniqueur journalistique et de dramaturge. Ses analyses littéraires – Garcia Márquez : historia de un deicidio (1971), L’Orgie perpétuelle : Flaubert et Madame Bovary (1978), En selle avec Tirant le Blanc (1996) –, ses recueils d’articles – Contre vents et marées (1989), Les Enjeux de la liberté (1997) – et ses mémoires – Le Poisson dans l’eau (1995) – comptent parmi ses ouvrages les plus appréciés.

Après avoir été candidat à la présidence du Pérou en 1990, il a partagé son temps entre New York, Londres, Madrid, Lima et Paris. Il se consacre actuellement à la littérature, non sans écrire régulièrement des articles pour El Paîs.

Les distinctions les plus significatives que Mario Vargas Llosa a reçues, dans le seul domaine de la littérature en langue espagnole, sont les prix Rómulo Gallegos (1967), Príncipe de Asturias (partagé en 1986 avec Rafael Lapesa), Planeta (1993, grâce à son roman Lituma dans les Andes), Cervantes (1994). Il a également reçu de nombreux prix internationaux dans d’autres langues, comme le Ritz-Paris-Hemingway pour la traduction de son roman La Guerre de la fin du monde (1985), le prix Jérusalem (1995) et le Prix de la paix des libraires allemands (1996). Sa carrière a enfin été consacrée en 2010 par le prix Nobel.

Il reçoit la médaille d’honneur du Congrès de la Nation d’Argentine (1981), la médaille « Patrimoine de l’Humanité d’Arequipa, sa ville natale (2000), la médaille d’ord de la ville de Gênes (2002), la médaille internationale des Arts de la Communauté de Madrid (2005). En 2011, il devient membre honoraire de l’American Academy of Arts and Sciences. Cette même année, le roi d’Espagne lui confère le titre de marquis.

Mario Vargas Llosa a été fait docteur honoris causa de nombreuses universités, dont Harvard, Princeton, Yale, la Sorbonne, Tokyo, Oxford, Cambridge et bien d’autres.

Son œuvre a été traduite dans plus de soixante langues.

Naturalisé espagnol en 1993, cet écrivain pluriel est depuis janvier 1996 « académicien de la langue », fonction qu’il a inaugurée par un discours sur Azorin. Sa présence en Espagne devient chaque jour plus naturelle.

Élu à l’Académie française, le 25 novembre 2021, au fauteuil de Michel Serres (18e fauteuil), et reçu le 9 février 2023 par Daniel Rondeau.

Œuvres

1966 La Ville et les Chiens (Gallimard)

1969 La Maison verte (Gallimard)

1973 Conversation à La Catedral (Gallimard)

1974 Les Chiots, suivi de Les Caïds, nouvelles (Gallimard)

1975 Pantaleón et les visiteuses (Gallimard)

1978 L’Orgie perpétuelle. Flaubert et Madame Bovary (Gallimard)

1980 La Tante Julia et le scribouillard (Gallimard)

1983 La Guerre de la fin du monde (Gallimard)

1983 La Demoiselle de Tacna (Gallimard)

1986 Histoire de Mayta (Gallimard)

1987 Qui a tué Palomino Molero ? (Gallimard)

1988 Kathie et l’hippopotame, suivi de La Chunga (Gallimard)

1989 Contre vents et marées (Gallimard)

1989 L’Homme qui parle (Gallimard)

1990 L’Éloge de la marâtre (Gallimard)

1992 La Vérité par le mensonge (Gallimard)

1993 Le Fou des balcons (Gallimard)

1995 Le Poisson dans l’eau, mémoires (Gallimard)

1996 Lituma dans les Andes (Gallimard)

1996 En selle avec Tirant le Blanc (Gallimard)

1997 Les Enjeux de la liberté (Gallimard)

1998 Un barbare chez les civilisés (Gallimard)

1998 Les Cahiers de don Rigoberto (Gallimard)

1999 L’Utopie archaïque. José María Arguedas et les fictions de l’indigénisme (Gallimard)

2002 La Fête au Bouc (Gallimard)

2003 Le Paradis – un peu plus loin (Gallimard)

2005 Le Langage de la passion. Chroniques de la fin du siècle, articles (Gallimard)

2006 Tours et détours de la vilaine fille (Gallimard)

2006 La Vie en mouvement, entretiens avec Alonso Cueto (Gallimard)

2008 La Tentation de l’impossible : Victor Hugo et Les Misérables (Gallimard)

2009 Voyage vers la fiction : Le monde de Juan Carlos Onetti (Gallimard)

2011 Le Rêve du Celte (Gallimard)

2011 Éloge de la lecture et de la fiction. Conférence du Nobel (Gallimard)

2011 Les Chiots. Photographies de Xavier Miserachs (Gallimard)

2011 De sabre et d’utopies. Visions d’Amérique latine (Gallimard)

2011 Théâtre complet (Gallimard)

2015 La Civilisation du spectacle (Gallimard)

2015 Le Héros discret (Gallimard)

2016 Œuvres romanesques - deux tomes (Bibliothèque de la Pléiade)

2017 Aux cinq rues, Lima (Gallimard)

2019 Les Contes de la peste (Gallimard)

2019 L’Atelier du roman. Conversation à Princeton avec Rubén Gallo (Gallimard)

2021 L’Appel de la tribu (Gallimard)

2021 Temps sauvages (Gallimard)

2021 La littérature est ma vengeance. Conversation avec Claudio Magris (Gallimard)

2022 Journal de guerre (Editions de La Martinière)

2023 Le Tour du monde en 80 textes (ou presque) (L'Herne)

2023 Les Vents (L'Herne)

2023 Discours de réception de Mario Vargas Llosa à l’Académie française et réponse de Daniel Rondeau (Gallimard)

2024 Benito Pérez Galdós, le regard tranquille (Le Cherche Midi)

Discours et travaux académiques

Mot attribué lors de l’installation

Xérès :

(se prononce kséresse, gzéresse ou réresse) n. m. {xvie siècle. Tiré de Jerez de la Frontera, nom d’une ville située au cœur d’une grande région vinicole en Andalousie, où l’on produit ce vin.}
Vin blanc, sec ou doux, produit dans la province de Cadix (on écrit aussi Jerez). Les Anglais ont appelé le xérès « sherry ». Les manzanillas sont des xérès. Une sauce au xérès. Du vinaigre de xérès.