Depuis une dizaine d’années on commence à entendre le nom grolar. S’il ne prête pas à rire chez nos amis d’outre-Manche ou d’outre-Atlantique, il résonne fâcheusement, chez nous, avec gros lard, « injure visant une personne pesante et indolente », nous dit notre Dictionnaire. Dans L’Oreille cassée d’Hergé, un perroquet enfermé dans une caisse en carton crie « Gros plein de soupe » à proximité d’un homme de forte corpulence. Celui-ci pense que c’est la personne qui porte le carton qui l’a ainsi injurié et une rixe éclate. Aurait-on remplacé « Gros plein de soupe » par « Gros lard » que le résultat eût sans doute été le même. Mais qu’est-ce donc que cet étrange nom, grolar ? Il s’agit d’un mot valise, un choix judicieux pour nommer le croisement de deux animaux, un grizzly et un ours polaire (polar bear en anglais). Grolar, formé des premières lettres de grizzly et des dernières de polar, est la forme la plus répandue, mais on trouve aussi grolaire, sans doute moins choquant pour une oreille française, composé, lui, à l’aide de grizzly et d’(ours) polaire, et enfin pizzly, plus neutre puisque composé d’un simple p qui a l’avantage de pouvoir être l’abréviation de polar ou de polaire et de (gr)izzly. Mais même ce pizzly gardera quelque trace de son origine anglaise puisque, rappelons-le, grizzly, forme abrégée de grizzly bear, est un nom anglais qui signifie proprement « ours grisâtre ».
Cette nouvelle espèce est née en raison de la fonte des glaces, qui amène les ours polaires à s’aventurer sur des terres où ils croisent les grizzlys qui, eux, remontent vers le nord parce que les activités humaines réduisent leur territoire de chasse.