Discours de réception de Frédéric-Alfred de Falloux

Le 26 mars 1857

Frédéric-Alfred de FALLOUX

M. de FALLOUX ayant été élu par l’Académie française à la place vacante par la mort de M. le comte MOLÉ, y est venu prendre séance le jeudi 26 mars 1857, et a prononcé le discours qui suit :

    

Messieur,

Lorsque j’eus l’honneur de solliciter vos suffrages, je vous rappelai, pour excuser mon ambition, la bienveillance affectueuse dont m’honorait celui que vous regrettez. Permettez-moi de me placer encore sous les mêmes auspices. Je ne chercherai à vous remercier qu’en m’efforçant de parler selon vos souvenirs de mon noble prédécesseur. Comme il occupe seul votre pensée en ce moment, il remplira seul ce discours. Sa mémoire m’est aussi précieuse et aussi chère qu’à ceux d’entre vous qui l’ont le mieux connu et le plus aimé. Dans les phases inattendues de ma courte carrière politique, j’ai toujours rencontré plus d’indulgence que je ne pouvais offrir de services. Il en a été de même le jour où vous m’avez ouvert vos rangs ; mais, du moins, le devoir de louer n’aura jamais été confié à quelqu’un qui fût animé d’un plus vif désir de répondre à sa mission, non pour obéir froidement à vos usages, non pour essayer de paraître quelques instants moins indigne de votre choix, mais pour ne pas se sentir infidèle et ingrat.

Chez M. le comte Molé, qui a réuni tant de distinctions, la première de toutes, c’était lui-même. Son esprit possédait, dans un parfait équilibre, l’étendue, l’élévation et l’activité ; toutes ces qualités brillaient, au premier coup d’œil, dans l’harmonie exquise de ses manières et de son langage, dans sa physionomie attrayante et sévère. Il porta avec dignité un nom historique, avec grâce les plus hautes fonctions.

M. Molé, qui n’eut pas la tentation d’être jeune, eut à peine le temps d’être enfant. L’aspect néfaste des scènes révolutionnaires devait glacer d’effroi son âme ou l’élever au-dessus des conditions ordinaires. À l’âge de l’insouciance et des innocentes joies, il affrontait la Terreur et ses meurtriers. Son père, le président Molé de Champlâtreux, avait protesté, pour ses ancêtres et pour lui-même, contre la destruction des parlements l’échafaud l’en punit. Sa mère, fille des Lamoignon, abrita bientôt, dans un monastère de Bretagne, une douleur qui ne voulut plus d’autre consolation que la solitude, la prière et la charité.

Le jeune Louis-Mathieu Molé, presque livré à lui-même, s’instruisant, se développant par l’essor de sa propre nature, par l’étude assidue des grands exemples de sa famille, marqua ses premiers pas dans le monde d’une gravité qu’on appela dès lors consulaire. Marié à dix-huit ans, il se défendait contre le piège d’une oisiveté facile et brillante. Laborieux avant d’être utile, il songea à se créer de mâles et puissantes facultés, avant de se demander quel en serait un jour l’emploi il travailla sur lui-même avant de travailler pour son pays, courage difficile qui mérite d’être signalé en des temps où les révolutions le mettent souvent à l’épreuve. Avec le goût des fortes études marche de pair le penchant aux nobles amitiés. La jeunesse frivole ne met en commun que des plaisirs ; l’amitié sérieuse place au premier rang de ses jouissances les exemples et les leçons, et, quand elle se donne des frères, choisit surtout des frères aînés. C’est ainsi que grandit le jeune Molé. Il ne s’annonça pas, il se révéla. Ses premiers amis, M. de Fontanes, M. de Chateaubriand, M. Joubert, furent ses premiers guides. M. Joubert, l’observateur l’esprit analytique par excellence, écrivait à Mme de la Briche, belle-mère de M. Molé : « Ce jeune homme est pour moi un beau spectacle, et je dirais un beau modèle, si j’étais sûr de n’en être pas entendu. Son caractère réunit en lui deux saisons. On aperçoit dans son être l’homme fait et l’adolescent. On sent dans tous ses sentiments, comme dans toutes ses idées, la solidité et le feu. Enfin, très distingué de tous les autres, son mérite offre à ses amis ce qu’il y a de plus séduisant au monde une grande espérance, de grandes réalités. » Bientôt après, il écrivait à M. Molé lui-même : « Je n’ai pas trouvé dans la vie de meilleur conseiller que vous. » Ce conseiller avait vingt-trois ans.

L’héritage paternel, Champlâtreux, quoique dévasté, avait échappé à la spoliation. Le vieux château, qui avait reçu deux fois Louis XIV, avait été reconstruit par le troisième aïeul de M. Molé, dans les plus magnifiques proportions du style de Mansard. M. Molé portait à cette demeure un attachement plein de respect il résolut de la restaurer, et, visitant l’Angleterre, étudia l’art des jardins et des parcs presque autant que les secrets du gouvernement. Au retour, il n’abdiqua point le goût français, il le rajeunit ses vieux arbres ne furent point abattus, mais seulement rendus à leur végétation naturelle. Sans bouleverser le sol, sans violenter la nature, il dessina de nouveaux contours, élargit les horizons, ouvrit des perspectives sa main s’exerçait d’avance à innover et à corriger, sans détruire.

Dans la plénitude de cette existence déjà féconde, M. Molé ne se contenta plus de lire et de planter ; il écrivit.

Plein d’ardeur et de timidité, comme quiconque a foi en son œuvre plutôt qu’en lui-même, impatient de confier son manuscrit et embarrassé de la confidence, il s’ouvrit enfin à M. Joubert. Un homme ne se trahit jamais plus sûrement que par la manière dont il consulte ; une sincérité docile n’est pas seulement la mesure de la modestie, elle est aussi celle du caractère et du talent.

M. Molé s’était formé sur ce point une doctrine rigoureuse, et, chose rare, il ne chercha point à s’y dérober en la professant.

L’ouvrage parut sous le titre d’Essais de Morale et de Politique. M. de Fontanes et M. de Chateaubriand se plurent tous les deux à l’annoncer au public. M. de Fontanes, dans le Journal des Débats, comparait à Vauvenargues le jeune écrivain qui ne s’était pas nommé ; M. de Chateaubriand, dans le Mercure de France, lui appliquait le mot du poète grec : « Il sied bien à un homme armé de jouer de la lyre. »

Les Essais se partagent entre les observations du moraliste, les études du politique et du philosophe. Tout en luttant contre le sensualisme du dix-huitième siècle, tout en platonisant, comme l’en félicitaient ses doctes amis, tout en consacrant ses plus belles pages à Dieu et à la religion, le jeune métaphysicien subissait encore le joug inaperçu de ses devanciers. Le politique était emporté dans la réaction générale, qui faisait maudire la liberté, par la juste horreur des crimes qu’on venait de commettre en son nom. Cependant le pouvoir arbitraire et l’anarchie sont frappés du même anathème. « L’un et l’autre, dit-il, ont des résultats semblables ; le despote et le démagogue travaillent par le même moyen à la désorganisation du corps social. »

Les pages qu’on pourra toujours relire dans ce petit volume sont celles du moraliste. Le mérite littéraire en est incontestable, bien qu’il ait disparu dans la carrière politique de M. Molé. Qui a mieux dépeint et démasqué le rôle de l’erreur dans le monde ? « Les passions s’usent, dit-il ; il faut bien qu’elles se reposent ; l’erreur ne se fatigue jamais… L’erreur conduit avec méthode, conseille avec prudence ; elle n’ôte pas la connaissance et laisse éviter les dangers ; elle éclaire le crime et s’entend avec l’orgueil. »

Qui de vous, Messieurs, ne consentirait à signer cette définition et cette condamnation de l’égoïsme « C’est un amour de soi, perverti et dénaturé, que celui par lequel on s’aime en soi-même ; on s’y cultive uniquement. Tous les goûts de l’homme lui insinuent et toutes les expériences lui disent de se porter en les autres et de porter les autres en lui… Belle nature d’un être qui ne s’aime jamais tant que lorsqu’il s’oublie ! »

Que d’applications ne pourrait-on pas faire de ce portrait de l’imagination secouant le frein et la règle salutaires : « Avide d’impressions, l’imagination veut toujours sentir et s’embarrasse peu de connaître. Ses favoris sont ses victimes. »

« Eh ! que nous importe, s’écrie-t-il ailleurs, tout le détail de nous-mêmes ? Le temps et la connaissance manqueront encore au dernier homme pour l’achever. En attendant que le ciel soit notre patrie, nous devons honorer notre exil, ne fût-il que d’un moment. »

Ce livre fixa l’attention publique. On y salua l’indice d’une vocation littéraire de premier ordre. Un des lecteurs alla plus loin. Son habitude était de chercher dans un livre l’écrivain, dans l’écrivain le politique. Il caressait la jeunesse, parce qu’elle représente l’avenir, et le talent, parce qu’il est toujours une puissance. Ce lecteur venait de changer le titre de premier consul en celui d’empereur. Un matin, au retour de Tilsitt, il dit à M. de Fontanes : Amenez-moi votre jeune ami.

À partir de ce jour, l’homme de lettres était effacé l’homme d’État était pressenti et allait être préparé.

Napoléon n’hésita plus ni dans son estime ni dans la ferme volonté d’attacher M. Molé à son règne. Il le fit entrer d’abord à cette forte école du conseil d’État où lui-même apportait souvent ses grandes vues et ses foudroyantes harangues.

Le jeune auditeur devint promptement maître des requêtes, puis fut placé à la tête de l’un de nos principaux départements. C’est à Dijon que M. Molé publia une seconde édition des Essais, en y joignant une vie de son aïeul Mathieu Molé. Son salon fit bientôt envie aux salons les plus enviés de Paris. On l’appelait la cour de Dijon et les états du nouveau duc de Bourgogne.

L’Empire atteignait son apogée. Un décret, daté de Schœnbrunn, nomma le préfet de Dijon directeur général des ponts et chaussées. Ce poste était l’occasion de rapports journaliers et familiers avec l’empereur qui prisait si haut un esprit lumineux et droit, une intégrité délicate. Par goût et par calcul, Napoléon aimait les hommes distingués. Il n’oubliait pas cette maxime du contemporain des Médicis, du compatriote de sa famille, Machiavel : « La première conjecture qui se forme d’un prince se tire de ceux qui l’entourent. » Organisateur de la Révolution au dedans, Napoléon en était le propagateur au dehors une route méditée dans son cabinet, en dépit des montagnes et des fleuves, traçait le sillon de sa pensée à travers le monde c’était la domination accomplie ou la conquête en marche.

La direction des ponts et chaussées constituait donc, en 1809, un des principaux éléments de la stratégie de l’Empire vis-à-vis de l’Europe elle exigeait une conception rapide, une exécution soudaine, une surveillance infatigable. M. Molé y déploya tous ces dons, et vous l’avez vu, quarante ans après, dans une de ses dernières apparitions à la tribune, défendre avec une vivacité juvénile le corps des ponts et chaussées attaqué.

En 1813, il succéda au duc de Massa, grand juge, ce qui le plaçait, on est tenté de dire ce qui le replaçait à la tête de la magistrature française. Il avait alors trente-deux ans.

Le génie de Napoléon, capable de violence et d’in- justice, ignorait le dédain. Son instinctive sagacité se complétait par une enquête continuelle ; il causait beaucoup, autant pour s’instruire que pour se distraire ; il éveillait, stimulait les facultés d’autrui, en même temps que les siennes. Ceux qui furent admis à l’intimité de ces entretiens fameux se retiraient toujours émerveillés de son éloquence, souvent étonnés de la leur. En déployant ses ressources, il avait fait jaillir chez ses interlocuteurs ce qu’ils n’y soupçonnaient pas eux-mêmes, ce qui peut-être ne serait pas né sans lui, car l’homme, créature haletante, va rarement jusqu’au bout de lui-même, sans y être contraint ou aidé. M. Molé fut constamment l’un des causeurs de Napoléon les plus goûtés et quand l’empereur s’éloignait de Paris, le grand juge avait ordre de prolonger, pour ainsi dire, l’entretien, en lui écrivant tous les jours. Une telle faveur d’un tel maître, alors entouré d’un tel prestige, pouvait-elle laisser le caractère, l’esprit, quelle que fût leur trempe naturelle, toujours fermes, toujours sûrs ? Le jugement de M. Molé put être quelquefois entraîné, il ne fut jamais complice.

On voit d’ordinaire autour des pouvoirs nouveaux et heureux deux sortes d’hommes, ceux qui reçoivent et ceux qui apportent. M. Molé fut du nombre de ces derniers ; et ne faisait-il pas involontairement songer à lui-même, lorsque, dans cette enceinte, il vous disait un jour : « Messieurs, Napoléon n’était pas entouré uniquement de serviteurs, mais bien de ceux qui, en l’aidant à réparer tant de maux, à faire oublier tant de crimes, à détrôner tant d’orgueilleux mensonges, à réhabiliter tant d’éternelles vérités, croyaient embrasser une sainte et généreuse croisade. »

Quand les soucis et les revers s’appesantirent sur la destinée impériale, Napoléon s’attacha de plus en plus à M. Molé. M. Molé ne se détacha pas de l’empereur. Ni dévouement ni conseils ne furent épargnés, tant qu’ils furent utiles en même temps à l’empereur et à la France. Quand ces deux causes se séparèrent, M. Molé s’en affligea, sans rien perdre de son attachement personnel envers Napoléon, hésita et enfin donna la préférence à la patrie. L’Empire tomba, reparut, tomba encore, après une entreprise désastreuse qui amassa derrière elle plus de calamités qu’elle ne compta de jours. Je n’ai point, grâce à Dieu, à retracer les derniers drames de l’Empire ; ses témoins et ses juges sont partout, ses historiens sont ici.

M. Molé ne prit aucune part aux premiers actes qui ramenèrent la maison de Bourbon en France ; son patriotisme y applaudit.

Les peuples ne s’identifient à une dynastie que pour leur gloire et pour leur intérêt propres. « C’est un grand bien, dit Bossuet dans sa langue incomparable, que le gouvernement devienne aisé ; qu’il se perpétue par les mêmes lois qui perpétuent le genre humain, et qu’il aille, pour ainsi dire, avec la nature. » C’est par son intelligente fidélité à ces grandes lois, Messieurs, que, durant un long cours de siècles, la France a conquis sa place au premier rang des nations modernes. Aucune famille royale à son tour n’acquitta sa dette envers un peuple dans des circonstances plus solennelles et plus mémorables.

La scène du monde changea subitement ; un vaste camp redevint une société politique et régulièrement maîtresse d’elle-même. L’aigle de la guerre replia ses ailes ; le génie de la liberté déploya les siennes. Contenir les passions, les ressentiments et quelquefois même le zèle ; résister aux exigences impétueuses et contradictoires ; dissiper les préjugés ; traiter avec les souverains, ennemis encore sous le nom d’alliés telle fut l’œuvre de princes qui n’avaient que leur antique prestige pour bouclier et pour épée ; telle fut la tâche d’un pouvoir pour lequel l’heure des adversités hâte l’heure de la justice.

Mais la France est prompte et fière sur tous les champs de bataille. Les combats de la pensée la séduisirent et l’enivrèrent. L’indépendance et la sécurité enfantèrent bientôt les dissentiments. Était-ce le malheur ou la faute d’un seul parti ? Non, c’est le tribut trop ordinaire de notre infirmité. Les plus forts n’y y échappent qu’à grand’peine, et ceux auxquels rien ne pourrait nuire se nuisent à eux-mêmes. Cependant les sociétés vivent, marchent et souvent même se fortifient à travers ces vicissitudes. C’est que la raison, toujours contrariée, n’est jamais qu’incomplètement et momentanément vaincue. C’est que deux mouvements existent en politique comme en astronomie l’un s’accomplit dans le cycle des jours, l’autre dans le cycle des années. L’homme d’État ne les prend pas l’un pour l’autre il ne confond pas les accidents éphémères et les faits à longue portée il démêle promptement et sûrement ce qui est passager de ce qui est durable, ce qui est praticable de ce qui est impossible il subit les obstacles et il les combat comme des entraves, non comme des ennemis calme, même envers ceux qui ne le sont pas, il garde son ardeur pour sa cause, et rougirait de la dé- penser pour sa personne.

Tel fut l’un des premiers et l’un des plus nobles conseillers de la Restauration, le duc de Richelieu, en qui « l’honnête homme, selon l’heureuse expression de M. Villemain, soutenait et agrandissait l’homme d’État. » Les amertumes ne furent point épargnées à ce vrai citoyen mais ce sera un honneur insigne devant la postérité d’avoir été l’auxiliaire de l’homme qui comprit le mieux et fit le mieux comprendre la mission élevée et réconciliatrice de la Restauration. M. Molé appartenait déjà à la chambre des Pairs. Une ordonnance du 12 septembre 1817 l’appela au ministère de la marine. Son langage public devint promptement, comme tout ce qui émanait de lui, ferme, noble et précis.

Que dans la confusion et l’essai de tant de nouveautés, dans le conflit de tant de préoccupations diverses, M. de Richelieu, M. Molé ne se soient jamais trompés, nul ne voudra le prétendre ; mais ce qu’on peut affirmer, c’est que plusieurs de leurs vues eussent conjuré de déplorables malentendus et tenu, aussi large qu’il devait l’être, le cercle des hommes à la fois dévoués et utiles. M. Molé dit un jour à la chambre des Pairs : « Je tiens que le passé ne suffit jamais au présent. Personne n’est plus disposé que moi à profiter de ses leçons mais en même temps, je le demande, le présent ne fournit-il pas toujours les indications qui lui sont propres ? Par cela seul qu’il succède au passé, il réclame des procédés différents. » Celui qui prononçait ces paroles s’y peignait. Elles résument une carrière vouée dès lors, sans partage, à la défense d’institutions, qui garantissaient à la France la liberté et assuraient à la liberté elle-même le solide appui de l’autorité et de la justice.

M. Molé avait quitté le ministère au bout d’un an. Le duc de Richelieu, traversant avec un égal désintéressement la fortune et la disgrâce, mourut trop tôt pour son pays. Bientôt il fut remplacé par un ministère dans lequel le rapprochement de deux caractères incompatibles enfanta, malgré des combinaisons financières habiles et durables, malgré des négociations diplomatiques d’une incontestable grandeur, des divisions plus funestes à la monarchie que les entreprises de ses ennemis déclarés.

Sans subir le mot d’ordre d’une opposition systématique, sans s’associer aux vivacités extrêmes de la presse ou de la tribune, M. Molé se trouva rarement d’accord avec cette administration. Moins effrayé que le ministère des allures de la société moderne, il aurait souhaité, comme M. de Serres, comme M. Laisné et M. Royer-Collard, ses amis, qu’on fût plus attentif à ne point l’alarmer légèrement.

Le jour où M. de la Ferronnays fut appelé aux affaires étrangères et M. de Martignac à l’intérieur, M. Molé se retrouvant en plein accord avec le roi et son gouvernement fut admis, en qualité de ministre d’État, à plusieurs des conseils importants de cette époque.

La mémoire encore émue des résistances populaires de l’Espagne contre Napoléon, il avait cru aux difficultés plus qu’au succès de l’expédition de 1823. Jugeant plus favorablement de l’expédition de Morée, il s’unit aux éloquents amis de la Grèce. Enfin, il prit part à l’élaboration de la loi départementale et communale ; date douloureuse, Messieurs ! car là remonte pour tous les partis l’occasion, le prétexte, et, en tous cas, l’origine de la crise ministérielle d’où, après une année inquiète au dedans, glorieuse au dehors, sortit la révolution de Juillet.

Ici, Messieurs, deux convenances également impérieuses, quoiqu’en apparence contraires, me sont imposées la réserve et la franchise. L’Académie jalouse de l’honneur de tous ses membres, ne consentirait à me voir oublier ni l’une ni l’autre. Il ne me coûte pas de croire à la sincérité des convictions que je ne puis partager et de respecter le mobile des conduites que je n’aurais pas tenues. Je ne doute pas que le patriotisme n’ait déterminé, à cette époque, la résolution de beaucoup d’hommes éminents mais vous me permettrez de déplorer qu’en présence de l’abdication de Charles X, de l’abnégation du Dauphin, son fils, et de la fille de Louis XVI ; qu’à l’aspect d’un prince de dix ans, que ne pouvait atteindre une animosité ou un reproche, la France n’ait pas eu le prévoyant courage de consacrer, dans ces journées décisives, le principe de l’inviolabilité royale, en même temps que celui de la responsabilité ministérielle. On eût dit alors : La royauté est sauvée ; il eût fallu ajouter : La liberté l’est aussi. La liberté se serait affermie par sa modération, autant que par sa victoire. En sacrifiant le droit héréditaire, on crut qu’elle échappait à son dernier danger et triomphait sans retour. Cela était vrai dans les intentions et dans les espérances, mais non pas dans les chances de l’avenir qui s’ouvrait pour notre pays. Les résultats qui, depuis quarante ans, à force de souffrance et de fautes communes, avaient été acceptés, de part et d’autre, comme une pacification irrévocable, furent livrés encore une fois aux anciens et aux nouveaux agitateurs ; la violence était rentrée dans cette arène que ne ferment jamais ceux qui l’ont ouverte ; aucune sagesse ne s’est trouvée assez forte pour l’empêcher d’y éclater de nouveau.

Parmi les hommes qui s’associèrent au mouvement pour le contenir et le diriger, on comptait l’ancien collègue du duc de Richelieu. Le portefeuille des affaires étrangères lui fut confié, c’était un gage offert en même temps à la France et à l’Europe. L’attente publique fut justifiée. Tout d’abord M. Molé proclama et fit prévaloir le principe de non-intervention, protégeant ainsi les traités et la paix du monde contre les entraînements de la première heure. Mais, plus on s’étudiait à déjouer la révolution au delà des frontières, plus irritée on la retrouvait au dedans. Le ministère, issu d’un mouvement en lutte secrète avec lui-même, manquait d’unité. Il céda bientôt la place à un second cabinet où l’opposition obtenait la prépondérance. Bientôt aussi, l’exagération des prétentions dans le conseil, la fréquence des perturbations dans la rue, amenèrent une réaction. Elle arbora franchement le nom de résistance. M. Casimir Périer en devint l’énergique personnification et, frappé à mort sur la brèche dont il venait de se rendre maître, il légua sa victoire à ses amis.

Ce legs périlleux fut diversement interprété et accepté. L’opinion ralliée sous ces auspices ne perdit plus la majorité dans les Chambres, mais elle ne conquit pas le repos intérieur et la stabilité. Le parti radical fut mis momentanément hors de cause mais restait la difficulté, toujours grande, de poser les limites de la résistance, de fixer l’étendue ou l’à-propos des concessions.

Rentré au pouvoir en 1836, M. Molé ne tarda pas à se trouver séparé de ses plus éminents collaborateurs et forma un ministère dans lequel il assumait la plus forte part de responsabilité. Ce cabinet prit à tâche de donner le caractère de la conciliation à sa politique ; une amnistie l’inaugura.

La guerre d’Afrique recevait en même temps une vive impulsion ; guerre patiente et féconde, où les soldats, les généraux et les princes s’entretenaient dans une mutuelle et cordiale émulation où la conquête ne s’élançait qu’inspirée et contenue par la civilisation où notre intrépidité native s’aguerrissait contre tous les climats, contre toutes les saisons, et grandissant de jour en jour l’acception de ces deux mots dont l’alliance est si ancienne chez nous vertu militaire , préludait à cette héroïque épopée qui ravissait naguère l’admiration du monde.

L’éclatante revanche de Constantine rejaillit légitimement sur le ministère. Après Lamoricière, Bedeau, Combe et Changarnier, après Damrémont et Vallée, deux noms qui semblent inscrits sur le même bâton de maréchal, l’expédition dut encore quelque chose au chef du cabinet qui l’avait souhaitée et préparée avec une active sollicitude.

La dissidence latente qui n’avait cessé d’exister entre le ministère et une fraction considérable du parti conservateur s’aggrava en se prolongeant et finit par donner naissance à ce grand mouvement parlementaire qu’on nomma la coalition. Je ne m’arrêterai point (vous ne l’attendez pas de moi) aux motifs qui, dans cette grave circonstance, rapprochèrent, un moment, d’anciens adversaires et séparèrent d’anciens amis ; mais je puis et je dois dire que le petit-fils de Mathieu Molé envisagea cette situation formidable avec le regard intrépide et le mâle sang-froid de son aïeul. Les plus illustres de ceux qui le combattirent alors m’entendent aujourd’hui leur présence ne me cause point de trouble, mon langage ne leur causera point de déplaisir.

Combien je souhaiterais, au contraire, que les lois de votre Compagnie me permissent de faire appel à leur puissante voix Ils aimeraient à vous redire et vous rediraient bien mieux que tout autre quelle urbanité, quelle lucidité d’argumentation, quelle noble et habile persévérance de réplique furent déployées dans cette mémorable lutte par un antagoniste renversé plutôt que vaincu.

Ses collègues, votre affliction m’autorise à nommer l’un d’entre eux, M. de Salvandy, l’avaient chaleureusement secondé ; une majorité douteuse ne leur parut pas une sanction suffisante. Le ministère, qui pouvait continuer à se défendre devant une assemblée nouvelle, préféra se retirer. M. Molé aimait le pouvoir et par cela même il le respectait. Il alla reprendre son siège à la chambre des pairs et n’aggrava point les difficultés que ses successeurs allaient rencontrer à leur tour.

C’est alors, Messieurs, que lui fut ouvert l’accès de votre paisible tribune. Vous étiez en cela fidèles à vos coutumes. L’Académie ne laissa jamais hors de son sein les maîtres de la parole ; quelquefois même elle accueille les simples disciples.

En France, c’est notre honneur ! les forces intellectuelles ont toujours joué un rôle plus grand que dans aucun pays du monde et se sont toujours prêté un mutuel appui. Seule, la France a fondé et honore, depuis deux siècles, une institution dans laquelle se groupent, par une élection indépendante, les lettres, la politique, le clergé. C’est ce qu’attestait autrefois le triple hommage rendu, dans chacune de vos solennités, au cardinal de Richelieu, au chancelier Séguier, à Louis XIV. Au commencement de notre siècle, M. Arnault, recevant M. le comte Daru, lui rappelait que Racine avait siégé entre un ministre d’État et un premier président .

Enveloppée de tant de ruines, l’Académie est restée intacte dans ses conditions essentielles. Une pareille vitalité ne s’acquiert point par la vanité et le caprice elle s’explique par la parfaite harmonie qui exista dès l’origine, qui subsiste encore, entre l’Académie et le génie français. Chez nous, en effet, les hommes d’État, les monarques, dignes de mémoire, se sont signalés par le talent ou par le goût des lettres. Chez nous aussi, plus souvent qu’ailleurs, les lettres se retrempent dans la pensée sociale ; jadis même elles devançaient ou suppléaient la politique. Chez nous, enfin, l’Église a toujours participé au mouvement des esprits, comme à la direction des âmes, et produit quelquefois simultanément le politique, l’orateur, l’apôtre. Vous ne me démentirez point, Messieurs, en vous souvenant du vénérable prédécesseur de M. le comte Molé parmi vous.

M. de Quélen fut le premier de ces pontifes victimes, chez lesquels la vertu s’élève à la hauteur du sacrifice. L’un a fléchi la calomnie, l’autre la guerre civile, le troisième n’a pu désarmer l’orgueil ! Puissent-ils du moins faire monter jusqu’à Dieu le deuil de la France !

M. de Quélen, qui joignait tant de dignité personnelle à la dignité épiscopale, avait été bruyamment accusé de sacrifier l’esprit du sacerdoce à l’esprit de parti M. Molé, avec lequel il s’était plus d’une fois trouvé en contradiction, se complut à le venger. « Les caractères de cette trempe, vous dit-il, refusent de s’expliquer tant qu’on les menace M. de Quélen ne fit rien alors pour se justifier de ce dont personne ne l’accuse aujourd’hui. »

M. Molé se sentait près de vous en pays ami. Assidu à vos travaux, plusieurs fois il eut l’honneur de vous présider et de parler en votre nom. Ses discours, du ton et de l’accent du grand siècle, variés d’aperçus, mirent de nouveau en relief ses qualités littéraires. L’esprit a ses devoirs, comme le cœur, comme la conscience ; votre nouveau confrère, qui les connaissait, aimait à les proclamer dans cette enceinte. « Je voudrais, disait-il en recevant le digne petit-fils de Malesherbes je voudrais que le progrès des lumières ne permît plus d’enthousiasme sans estime et que nos futurs grands hommes ne dédaignassent plus d’être hommes de bien. » L’expérience politique l’avait rendu attentif aux penchants et aux directions du goût, en achevant de lui démontrer que là était, pour la société, le germe trop souvent négligé par elle de l’amélioration ou de la décadence morale. Croyant rencontrer, dans le personnage fictif d’un roman célèbre, le dénigrement de l’admiration, il s’en plaignait en ces termes : « C’est par l’admiration que l’homme se console de ne pas égaler ce qui le surpasse. Elle le porte à imiter tout ce que, sans elle, peut-être, il n’aurait su qu’envier. »

Naturellement conduit, en accueillant l’un d’entre vous à prononcer les noms les plus illustres de l’art, il s’écriait : « C’est une source abondante d’inspirations que l’honnêteté du cœur, que le désintéressement de la vie. L’artiste ou l’écrivain n’ont, après tout, qu’eux-mêmes à confier à leur pinceau ou à leur plume. On ne puise qu’en soi-même, quoi qu’on fasse, et l’on ne met que son âme ou sa vie sur la toile ou dans ses écrits. »

Peu d’années s’écoulèrent et M. Molé fut hâtivement appelé à reprendre le gouvernail des affaires. Mais c’était l’heure des tempêtes et le gouvernail n’appartenait plus à personne.

La catastrophe du 24 février conserva cependant un caractère qui fit le salut de la France et qui sera signalé dans l’histoire les opinions et les personnes demeurèrent libres. À côté d’un vif désir d’intimider, apparut et prévalut le respect de la loi. Dès les premiers jours de son existence, l’Assemblée constituante fut assaillie mais elle fut victorieusement défendue. Tout n’était pas évanoui de nos trente dernières années ; il en était resté des points d’appui et des sauvegardes pour la conscience publique. À peine cette situation fut-elle clairement dessinée et comprise, que le nom de M. Molé fut instinctivement prononcé.

Représentant de Bordeaux à l’Assemblée constituante, rarement il prenait part à des discussions presque constamment tumultueuses. Dépouillé de titres, de fonctions, jamais pourtant il n’avait exercé une autorité plus directe et plus universelle. Un ascendant incontesté fut la vraie récompense d’une carrière politique sincèrement dévouée à la patrie. On l’eût dit encore président du conseil et premier ministre au département de l’opinion publique. Son abnégation croissait en même temps que son influence. Sans rien déguiser de ses convictions, sans cesser un seul jour de les professer hautement, il provoqua et facilita tous les rapprochements opportuns. Prêt à céder les rôles qui paraissent, pour ne se vouer qu’aux résultats qui servent, il gardait de son âge la prudence, il empruntait encore à la jeunesse ce qu’elle a d’activité et ce qu’elle devrait avoir de condescendance. Pas une grande question intérieure ou extérieure ne lui demeura indifférente ; chacune d’elles reçut de lui, à propos et avec mesure, sa part de modération ou d’élan.

Les dernières résolutions d’une longue existence en sont la condamnation ou la couronne. Elles jettent en arrière et sur tout ce qui les précède une vive clarté plus sûrement que les commentaires et les conjectures des contemporains, elles donnent l’interprétation juste, le sens intime de ce qui fut jadis controversé ou critiqué. Cette épreuve fut le triomphe de M. le comte Molé.

À l’Assemblée constituante succéda l’Assemblée législative. C’était, en apparence, le jeu naturel de la constitution républicaine c’était, en réalité, la royauté qui perçait dans les préoccupations générales. Le pays élut en foule les hommes monarchiques et leur indiqua clairement qu’il attendait de leur union un dénouement légal et définitif.

M. Molé n’hésita point sur la marche qu’il croyait en harmonie avec le vœu public. Il assistait depuis de longues années à nos espérances et à nos mécomptes. Il avait vu de près nos tentatives infructueuses. Il avait partagé les enthousiasmes, les désenchantements et les lassitudes de son pays. Il avait entendu les partis placer la vérité et la sagesse tantôt dans l’absolu et les extrêmes, tantôt dans les accommodements et le milieu. Attristé, non découragé, il avait reconnu (j’emploie ici ses propres expressions) que la vérité se prête plus difficilement qu’on ne croit aux prescriptions accidentelles ; qu’elle est là où elle est, en vertu d’elle-même que l’exagération ou la défaillance lui enlève également son essence et son nom.

Espérant tout de la monarchie pour réparer les malheurs publics, il la voulut dans la plénitude de son principe. Tant que cette délibération nationale fut ouverte, avec l’assentiment du pays, M. Molé maintint son opinion, sans relâche et sans détour ; du jour où cet immense débat fut interdit, M. Molé protesta, s’éloigna et acheva dans la retraite ces années silencieuses et méditatives qui précèdent si convenablement la mort.

Ne pouvant plus faire de sa vie une grande lutte, il en fit un grand exemple. Nous le retrouvons alors, comme au début de sa jeunesse, à Champlâtreux, entouré des images de ses ancêtres, qui pouvaient le regarder avec orgueil et sur lesquels il avait le droit de lever les yeux avec assurance ; à Champlâtreux qu’il n’avait cessé, à travers toutes les vicissitudes de sa carrière, d’aimer et d’embellir ; où son cœur goûtait à la fois et avec abandon toutes les jouissances du sentiment filial et du sentiment paternel. Ceux qui agissent d’après un calcul ou une ambition ne peuvent se tromper que sous peine d’amers et d’incurables regrets ceux qui règlent leur vie sur un devoir peuvent se passer de réussir ; le devoir leur a réservé des consolations et des charmes qui savent tenir lieu du succès.

Né sous le règne de la philosophie du xviiie siècle, M. Molé apprécia trop bien ses œuvres pour pactiser avec ses doctrines. Le christianisme n’était pas pour lui l’objet d’une admiration spéculative ou le bienfait épuisé des âges disparus, c’était le libérateur et le père des siècles futurs. Il pensait que les continuateurs de Voltaire seraient plus coupables que Voltaire lui-même ; car nous avons l’expérience de plus elles abus de moins. Le monde ne lui faisait pas illusion ; la mort avait frappé sur son cœur des coups répétés et cruels. Il était chrétien fervent il le disait avec modestie et sévérité pour lui-même il l’attestait avec énergie par le témoignage de ses actes. Les intérêts de la religion, les émotions de la patrie, les affections de la famille remplissaient son âme. Sa persévérance politique ne se démentit pas un seul jour. Elle inspira ses dernières pensées et dicta sa dernière démarche. Jamais M. Molé ne parut plus animé et plus jeune que dans cette sphère épurée. Après la vieillesse exempte de caducité, Dieu lui envoya la mort exempte de souffrance, entre les bras de ses plus proches et de ses plus chers, le lendemain du jour où il s’était agenouillé devant le prêtre, ministre et garant de la suprême miséricorde.

Cette nouvelle, imprévue, soudaine, vous consterna tous, Messieurs, et fut suivie des démonstrations de la douleur publique. La société française, indifférente à la surface, est pourtant encore soigneuse et avare de son estime. Quand elle honore le cercueil d’un homme, c’est que cet homme a représenté des idées élevées et justes, et qu’il laisse derrière lui un vide.

La France aussi porte un vieux nom ; elle a ses portraits de famille ; elle aime à les contempler et à les montrer. Que nul ne la trouble dans ce culte pieux ! Tout pouvoir qui existe est le premier intéressé à une respectueuse gratitude envers les pouvoirs qui ne sont plus. Les grandeurs prospères n’ont jamais meilleure grâce que lorsqu’elles se recueillent ou s’inclinent devant les majestés tombées.

La France a été souvent malheureuse depuis soixante ans, Messieurs ; elle a poursuivi des réformes trop ajournées ; elle a voulu des lois appropriées à de nouveaux besoins et à de nouvelles mœurs. On l’accuse de légèreté et d’inconstance ! et pourtant, depuis ces soixante années, à travers tant d’événements qui tour à tour ont excité et confondu tant de chimères, s’est-elle jamais lassée dans son opiniâtre labeur, a-t-elle jamais cessé de se précipiter à la défense du côté où elle entrevoyait la menace ? Quand elle a changé d’attitude, c’est qu’elle avait changé de péril. À tous ses gouvernements improvisés et brisés à si peu d’intervalle, elle n’a demandé que la même chose ; elle les a vus successivement, avertis, suppliés, s’égarer et s’obstiner loin du but. Toujours aussi elle a vu l’esprit révolutionnaire, serviteur perfide, maître fatal, épiant toutes les faiblesses, poussant à toutes les fautes, usurper la place des idées saines, des progrès sûrs. Cette longue série d’épreuves a mûri son discernement, elle ne croit plus qu’une société lentement décomposée se reconstruise par artifice ou par des utopies ; elle n’ignore plus que les séditions populaires suivent de près les séditions morales ; elle n’aspire qu’à mettre en harmonie l’œuvre du temps et l’œuvre de l’homme et à marcher avec toutes ses forces vers un avenir digne du passé.

Cette France, Messieurs, comprit qu’elle avait perdu en M. le comte Molé un homme qui lui appartenait tout entier ; elle le regretta, et ce regret demeurera son véritable éloge.

Discours de réception de M. de Tocqueville.
Réponse à M. Dacier.
Voir le discours du duc de Noailles dans la séance du 15 août 1855.
Colbert et M. de Novion.
M. Vitet.
Discours de réception de M. le comte de Vigny.