Dire, ne pas dire

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Aux quatre coins du globe

Le 8 février 2019

Emplois fautifs

Un globe est une sphère et ce nom se trouve surtout dans l’expression « globe terrestre », employée pour désigner la Terre, expression que l’on réduit le plus souvent à « globe ». Nos représentations figurées de notre planète sont des globes mais plus encore des planisphères. Les uns sont en trois dimensions, les autres en deux. On s’efforcera donc de ne pas appliquer le vocabulaire utilisé pour la description des cartes à celle des globes et l’on essaiera de ne pas parler des « quatre coins du globe », une sphère n’ayant, par définition, pas de coin. L’expression aux quatre coins de la Terre est, quant à elle, scientifiquement tout aussi inexacte, mais elle a pour elle l’ancienneté et le fait qu’elle date d’un temps où l’on imaginait notre planète comme étant plate. On évitera aussi la forme aberrante : Aux quatre coins de l’hexagone.

Nous n’avons pas été concertés

Le 8 février 2019

Emplois fautifs

Le verbe concerter se rencontre surtout à la forme pronominale, se concerter, et indique alors que l’on cherche une entente en vue d’un projet commun. Mais il existe aussi à la voix active et il a, dans ce cas, le sens de « projeter quelque chose en accord avec une ou plusieurs personnes » : on concerte un dessein, une entreprise, etc. Dans cet emploi, il a pour complément d’objet direct un nom abstrait synonyme de « projet » et en aucun cas un nom de personne ou un équivalent. On doit donc bien se garder de tours, que l’on commence à lire ici ou là, comme nous n’avons pas été concertés, une erreur sans doute provoquée par la ressemblance avec nous n’avons pas été consultés.

Tu as vu ce qu’il a dit

Le 8 février 2019

Emplois fautifs

On s’accorde généralement pour faire de la vue le principal de nos sens, et le verbe voir est souvent considéré comme celui grâce auquel nous percevons le monde. Cela se traduit par le fait qu’il se rencontre dans de très nombreuses tournures où l’on pourrait logiquement attendre un autre verbe de perception. Littré rend compte de ce point dans son Dictionnaire ; il y écrit en effet, à l’article Voir : « Apprécier par quelqu’un des sens : Voyez si ce vin est bon. Voyons si cet instrument est d'accord. Il faut voir si cela n'est pas trop chaud. Voyez si c'est la même odeur. » Ces formes, qui ont la caution de l’illustre lexicographe, sont bien sûr parfaitement acceptables, mais il convient d’éviter celles où voir se substitue à un autre verbe plus précis et qui conviendrait mieux. On évitera donc de dire tu as vu ce qu’il a dit ou tu as vu comme la cave empestait le moisi, phrases auxquelles on préfèrera tu as entendu ce qu’il a dit ou tu as senti comme la cave empestait le moisi.

Anoblir pour Ennoblir

Le 10 janvier 2019

Emplois fautifs

Anoblir et ennoblir sont deux verbes dérivés de noble, mais ils ont aujourd’hui des sens différents. Le premier signifie que l’on confère à une personne ou à une famille les titres, droits et prérogatives de la noblesse. On dit ainsi que la cérémonie de l’adoubement anoblissait l’homme de guerre du haut Moyen Âge. Jadis, on trouvait aussi ce verbe employé absolument dans l’expression le ventre anoblit, par où l’on entendait que, dans certaines contrées, la noblesse se transmettait autant par les femmes que par les hommes. Le second verbe, ennoblir, a d’abord signifié « pourvoir d’un titre de noblesse » mais en ce sens on lui préfère aujourd’hui anoblir. Il ne s’utilise plus de nos jours qu’au sens de « donner de l’élévation, de la dignité, de la noblesse à quelqu’un ou à quelque chose ». On s’efforcera donc de ne pas employer ces verbes l’un pour l’autre et l’on veillera à les utiliser à bon escient.

On dit

On ne dit pas

Votre attitude vous ennoblit à nos yeux

Sa conversation est banale mais ennoblie par une exquise politesse

Il a été anobli par le souverain

Votre attitude vous anoblit à nos yeux

Sa conversation est banale mais anoblie par une exquise politesse

Il a été ennobli par le souverain

Donne-moi-le

Le 10 janvier 2019

Emplois fautifs

En général, quand un verbe est suivi d’un pronom complément d’objet direct et d’un pronom complément d’objet indirect de première ou de deuxième personne, ce complément indirect précède le complément direct (Pierre te le donne, Paul me le dit), mais s’il s’agit d’un pronom de troisième personne, il suit le complément d’objet direct (tu le lui donnes, il le leur dit). Il n’en va pas de même à l’impératif où c’est toujours le pronom complément d’objet direct qui suit immédiatement le verbe, auquel il est relié par un trait d’union (un autre trait d’union unit les deux pronoms) : donne-le-moi, dites-le-lui. Si l’on n’entend que très rarement des formes comme dites-lui-le, le tour donne-moi-le se rencontre fréquemment, particulièrement dans une langue populaire. Il s’agit pourtant d’une faute dont on doit se garder.

On dit

On ne dit pas

Dis-le-moi, prêtez-le-moi

Passe-le-moi

Dis-moi-le, prêtez-moi-le

Passe-moi-le

Entrepreneurial (prononciation)

Le 10 janvier 2019

Emplois fautifs

Certains noms terminés par -eur ont des dérivés nominaux en -orat, soit issus directement de ce nom, comme professorat qui vient de professeur, soit issus d’une forme latine intermédiaire, comme doctorat qui vient de doctoratus. Ces mêmes noms ont des dérivés adjectivaux en -oral : doctoral, professoral, mais il existe aussi quelques mots en -eur, plus rares, dont le dérivé adjectival est en -eural. C’est le cas de seigneurial, mais aussi d’entrepreneurial. On se gardera bien de confondre cette dérivation avec celle, en –arial, de noms en -aire, que l’on trouve par exemple avec notaire et son dérivé : notarial. Veillons donc à ne pas dire, mais aussi à ne pas écrire, entreprenarial. Il en va de même pour le nom entrepreneuriat, que l’on ne doit ni prononcer ni écrire entreprenariat.

Jouin pour Juin

Le 10 janvier 2019

Emplois fautifs

Il existe trois semi-consonnes en français, dont, étonnamment, seules deux ont un nom : yod, que l’on entend au début de yeux ou à la fin de fille ; wau, que l’on entend dans oui ou dans tatouer, et enfin celle que l’on entend dans lui ou dans suer. Il convient de ne pas confondre cette dernière avec wau, puisque l’on ne distinguerait plus alors muette et mouette ou lui et Louis, même s’il existe des régions où ces distinctions se font peu ou mal et dans lesquelles on prononce « ui » pour oui ou « houit » pour huit.

On dit

On ne dit pas

Le mois de juin

Après s’être enfui, le lièvre s’est enfoui dans son terrier

Le mois de jouin

Après s’être enfoui, le lièvre s’est enfui dans son terrier

À l’envie pour À l’envi

Le 13 décembre 2018

Emplois fautifs

Le nom envi, qui ne se rencontre que dans l’expression à l’envi, est le déverbal de l’ancien français envier, qui signifiait « convier » et « inviter à faire quelque chose », un verbe issu du latin invitare, « inviter ; engager », et que l’on se gardera bien de confondre avec notre verbe envier, qui est lui dérivé d’envie, un nom issu du latin invidia, « haine, jalousie ». La locution à l’envi signifie quant à elle « à qui mieux mieux ». On évitera donc de lui donner un sens qui la rattacherait au nom envie, et l’on rappellera qu’elle ne signifie pas « selon ses goûts, comme on le souhaite ». Si l’on dit Les coqs chantent à l’envi, on entend par là qu’ils rivalisent entre eux et non qu’ils chantent au gré de leur humeur.

Abus de métonymie : Je rebondis sur l’interlocuteur

Le 13 décembre 2018

Emplois fautifs

La métonymie est une figure qui consiste à remplacer un terme par un autre en raison de la relation qui les unit, en désignant par exemple l’effet par la cause, le contenu par le contenant, l’objet par son lieu d’origine, le concret par l’abstrait. Grâce à elle, voile peut signifier « navire », ville, « habitants » et bannière, « troupe de soldats ». Il convient cependant de ne pas abuser de cette figure. Ainsi, si l’on peut rebondir sur les propos de quelqu’un, on évitera un tour aussi risible que Je vais rebondir sur mon interlocuteur.

Confusionner

Le 13 décembre 2018

Emplois fautifs

L’adjectif confus est emprunté du latin confusus, participe passé de confundere, « mêler, mélanger ». De l’idée de mélange, on est passé à celle de trouble, puis de honte. Ces divers sens se retrouvent dans le nom confusion et le verbe confondre. Mais il convient de ne pas adjoindre à ce groupe le verbe confusionner, ni l’adjectif qui en est tiré, confusionné. Certes ces formes se lisent au xixe siècle, et sous la plume de bons auteurs comme Las Cases, Baudelaire ou Flaubert, mais force est de constater que l’usage n’en a pas voulu. Qui les emploierait aujourd’hui serait plus considéré comme maîtrisant mal le français que comme un brillant imitateur de ces trois auteurs.

On dit

On ne dit pas

Il était tout confus

Son insolence a de quoi confondre

Il était tout confusionné

Son insolence a de quoi confusionner

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