Dire, ne pas dire

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Verbes en -ir ou -ire

Le 2 mai 2019

Emplois fautifs

Les verbes du 2e groupe ont un infinitif en -ir. On les reconnaît facilement parce que, au participe présent, ils ont une terminaison en -issant. Le 3e groupe a, parmi de nombreux autres, des verbes en -ir, comme partir et dormir, et des verbes en -ire, comme lire ou écrire. Aussi certaines personnes hésitent-elles sur l’orthographe de ces infinitifs. Dire que les premiers viennent de verbes latins dont l’infinitif est en -ire, avec un i long, comme dans partire ou dormire, et que les seconds viennent de verbes latins dont l’infinitif est en -ere, avec un e bref, comme dans legere ou scribere, est sans doute intéressant mais peu utile pour qui ne connaît pas cette langue. Signalons alors qu’il est un autre moyen de distinguer ces deux catégories de verbes. Ceux qui sont en -ir ont, à l’oral, le même nombre de syllabes à l’infinitif et au participe présent, et la consonne qui précède la terminaison de l’un et de l’autre est la même : partir/partant ; dormir/dormant. Alors que ceux qui sont terminés par -ire ont, à l’oral, une syllabe de moins à l’infinitif qu’au participe présent (lir(e)/lisant ; écrir(e)/écrivant) et la consonne qui précède la terminaison -ant, ici s ou v, est absente à l’infinitif.

Dérapement pour Dérapage

Le 4 avril 2019

Emplois fautifs

De nombreux verbes français ont des dérivés en -ment et en -age, comme creuser, qui a donné creusage et creusement. Certains n’ont que des formes en -ment, comme étonner, à l’origine d’étonnement, d’autres seulement des formes en -age, comme bavarder, dont est dérivé bavardage. C’est à cette dernière série qu’appartient le verbe déraper, dont le seul dérivé usuel est dérapage. Car, si dérapement existe, il appartient à des domaines beaucoup trop spécialisés, auxquels il doit être réservé, pour se rencontrer dans la langue courante. Ce nom apparaît par exemple dans Les Travailleurs de la mer, dans la partie où Victor Hugo détaille la longue liste des manœuvres effectuées par Giliatt pour détacher et récupérer le moteur de La Durande, qui s’est échouée sur des rochers, et nombre des explications données sont d’ordre technique. Mais, redisons-le donc, dans la langue usuelle, il convient de n’utiliser que dérapage.

On dit

On ne dit pas

La présence de plaques de verglas augmente les risques de dérapage

Le gouvernement veut s’attaquer au dérapage des prix

La présence de plaques de verglas augmente les risques de dérapement

Le gouvernement veut s’attaquer au dérapement des prix

Le cœur rempli d’affection ou d’affections

Le 4 avril 2019

Emplois fautifs

Il est des noms qui changent de genre selon qu’ils sont au singulier ou au pluriel, ce sont les fameux amour, délice et orgue, masculins dans un cas, féminins dans l’autre. Mais il en est d’autres, plus nombreux, qui n’ont pas exactement le même sens au singulier et au pluriel. Parmi ceux-ci, on trouve affection. Dans la langue courante, au singulier, ce nom désigne l’attachement tendre que l’on éprouve pour une personne. On dit ainsi que l’on porte de l’affection à quelqu’un, que l’on donne des marques d’affection, etc. Au singulier, ce nom peut aussi désigner une altération de la santé (une affection aiguë, chronique) et peut également, en ce sens, s’employer au pluriel (des affections de la peau, des affections pulmonaires). On veillera donc bien à écrire correctement ce mot selon que l’on veut lui donner son premier sens ou son deuxième, et l’on se souviendra qu’il avait le cœur plein d’affection signifie « il était très aimant », alors qu’il avait le cœur plein d’affections signifierait « il souffrait de nombreux troubles cardiaques ».

Lui autorise pour L’autorise

Le 4 avril 2019

Emplois fautifs

Autoriser est un synonyme de permettre et un antonyme d’interdire, mais il ne se construit pas exactement de la même manière que ces deux verbes. Avec autoriser le complément qui représente une personne est un complément d’objet direct, alors qu’avec permettre ou interdire ce même nom de personne est complément d’objet indirect : On autorise quelqu’un à faire quelque chose mais on permet (ou on interdit) à quelqu’un de faire quelque chose. Et si les tours interdire (ou permettre) quelque chose à quelqu’un sont corrects, il n’en va pas de même pour autoriser quelque chose à quelqu’un, qu’il convient d’éviter. On dira donc le médecin l’autorise à pratiquer la natation et non le médecin lui autorise la pratique de la natation.

On dit

On ne dit pas

L’agent l’a autorisé, les a autorisés à passer

Le médecin lui permet le café

La faculté lui interdit le tabac

L’agent lui a, leur a autorisé le passage

Le médecin lui autorise le café

La faculté ne lui autorise pas le tabac

Pourcent au lieu de Pour cent

Le 4 avril 2019

Emplois fautifs

La locution pour cent, précédée d’un nombre cardinal, indique que le rapport entre deux grandeurs dénombrables est exprimé par une fraction ayant cent pour dénominateur. La réduction à cent de ce dénominateur permet de se faire beaucoup plus facilement une idée de ce rapport qu’avec les chiffres originaux. On se représente mieux 51,64 % des voix que 18 000 668 voix sur 34 861 353. Mais, si on l’écrit en toutes lettres, il convient de ne pas faire de faute d’orthographe dans cette locution, que l’on doit orthographier, en séparant les deux mots, pour cent et non, sans doute par analogie avec le nom pourcentage, pourcent. Cette remarque vaut également pour le tour moins employé pour mille.

On écrit

On n’écrit pas

Quinze pour cent des élèves ont obtenu une mention

Un taux de mortalité de trois pour mille

Quinze pourcent des élèves ont obtenu une mention

Un taux de mortalité de trois pourmille

Aussitôt son retour

Le 11 mars 2019

Emplois fautifs

Aussitôt est un adverbe qui peut s’employer seul (il mourut aussitôt) ou entrer dans la locution conjonctive de subordination aussitôt que (aussitôt que tous seront prêts, nous partirons). Aussitôt se rencontre également dans la locution prépositive aussitôt après : Aussitôt après l’arrêt de la pluie, nous irons nous promener. Mais il convient de ne pas faire d’aussitôt, employé seul, une forme de préposition, et l’on évitera des tours comme aussitôt l’arrêt de la pluie, nous irons nous promener, même si cet usage a la caution de grands écrivains, comme Stendhal, qui écrit dans La Chartreuse de Parme : « Aussitôt la mort du prince, […] M. le comte a donné l’ordre, à toutes les postes, de ne pas fournir de chevaux aux sujets des États de Parme. » Ce tour n’est en effet jugé acceptable que si ce nom est suivi d’un participe passé : aussitôt la lettre reçue, vous partirez, tour dont Littré fait d’ailleurs observer qu’il est l’ellipse d’aussitôt que vous aurez reçu la lettre, vous partirez.

On dit

On ne dit pas

Aussitôt après la tombée de la nuit, il rentra

Aussitôt que le malade fut guéri ou aussitôt le malade guéri, tous se réjouirent

Aussitôt la tombée de la nuit, il rentra

Aussitôt sa guérison, tous se réjouirent

Elle s’est proposée

Le 11 mars 2019

Emplois fautifs

Le verbe proposer, quand il a pour complément un nom de personne, peut se construire directement (Je propose Dupont pour accomplir cette mission) ou indirectement (Je propose à Dupont d’accomplir cette mission). Selon que l’on aura une construction ou l’autre, les accords, aux temps composés de la voix pronominale, ne seront pas les mêmes. On écrira en effet Elle s’est proposée pour cette mission, car ici le pronom s(e) est complément d’objet direct, mais Elle s’est proposé de remplir cette mission, car, dans ce cas le pronom s(e) est complément d’objet indirect. On écrira aussi les objectifs qu’elle s’est proposés, car cette phrase signifie « les objectifs qu’elle a proposés à elle-même » et l’accord se fait donc avec le complément d’objet direct, le pronom relatif qu(e), qui reprend le nom masculin pluriel objectifs et qui est placé avant le verbe.

On écrit

On n’écrit pas

Ils se sont spontanément proposés pour cette mission

Les buts qu’elles se sont proposés ou qu’elles se sont proposé d’atteindre

 

Ils se sont spontanément proposé pour cette mission

Les buts qu’elles se sont proposées ou qu’elles se sont proposées d’atteindre

Glabre, imberbe

Le 11 mars 2019

Emplois fautifs

Les adjectifs glabre et imberbe sont proches par le sens puisqu’ils évoquent tous deux l’absence de poils. Ainsi, dans sa Vie de Jeanne d’Arc, Anatole France décrit les hommes mûrs, enjuponnés et fourrés, les jeunes gentilshommes glabres, tandis que, dans Les Châtiments, Victor Hugo rapproche les vieux soldats et les généraux imberbes.

Mais glabre signifie « qui est dépourvu de poils, de duvet », alors qu’imberbe, qui est emprunté du latin imberbis, adjectif composé à l’aide du préfixe négatif im- et de barba, « barbe », signifie donc « qui est sans barbe ». Il convient alors de réserver ce dernier adjectif au visage et glabre au corps dans son ensemble, y compris le visage. C’est également glabre que l’on emploiera, en sciences, pour qualifier les animaux dépourvus de poils. Et on rappellera pour conclure que glabre est l’antonyme de velu, tandis qu’imberbe est celui de barbu.

Le plus… le plus pour Plus… plus

Le 11 mars 2019

Emplois fautifs

L’emploi de l’adverbe plus au début de deux propositions juxtaposées établit un rapport de proportion entre celles-ci : plus on est de fous, plus on rit ; plus il mange, plus il grossit. Dans ces phrases, plus peut être remplacé par moins : moins il travaille, moins il réussit ; Plus j’y songe, moins cela me semble une bonne idée. Il s’agit là d’un tour parfaitement correct, que l’on se gardera bien de remplacer par les constructions le plus… le plus, ou, pis, au plus… au plus…, qui appartiennent à une langue très relâchée.

On dit

On ne dit pas

Plus il s’entraîne, plus il progresse

Plus vous le presserez, moins il en fera

 

Le plus il s’entraîne, le plus il progresse

Au plus vous le presserez, au moins il en fera

12 ou 13 kilos ou de 12 à 13 kilos mais 12 ou 13 personnes

Le 8 février 2019

Emplois fautifs

Pour exprimer une approximation on peut, quand on parle de choses qui peuvent être divisées, utiliser le tour de…à… ou la préposition ou. Ainsi on dira aussi bien ce chien pèse douze ou treize kilos que ce chien pèse de douze à treize kilos, puisque ces kilos peuvent être divisés en unités plus petites. Il n’en va pas de même quand on évoque ce qui est indivisible, en particulier des êtres vivants. On ne dira donc pas il y avait de douze à treize invités, mais uniquement il y avait douze ou treize invités. Cette remarque ne vaut bien sûr plus, même s’agissant d’êtres vivants, si les deux nombres donnés ne se suivent pas : Il y avait déjà de vingt à trente personnes quand il est arrivé.

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