COMPLIMENT fait à Mr le Chancelier Séguier le quinzième Décembre 1642, lorsqu’il fut fait Protecteur à la place de feu Mr. le Cardinal de Richelieu, prononcé par Mr. DE L’EST0ILE, alors Directeur de l’Académie.
MONSEIGNEUR,
Nous faisons assez connaître que toutes les grandes douleurs ne sont pas muettes, puisque celle de la mort de Monsieur le Cardinal nous laisse encore assez de voix, pour vous supplier de ne nous abandonner pas dans ce malheur. Que s’il reste encore à ce grand Génie quelque soin des choses d’ici bas, il sera bien aise que vous soyez le support d’une Compagnie, qu’il aimait comme son ouvrage. Il vous en prie, MONSEIGNEUR, et par l’étroite affection qui vous attachait à lui, et par celle que vous portez aux belles Lettres. Vous ne l’avez jamais refusé de rien ; et c’est ce qui nous fait espérer que la tempête nous jettera d’un port dans un autre, et qu’enfin nous recouvrerons en vous ce que nous avons perdu en lui, c’est à dire, un Protecteur, non seulement illustre par sa naissance et par sa dignité mais par sa vertu. Nous en dirions davantage et n’en dirions pas encore assez, mais votre modestie et notre déplaisir ne nous permettent plus de parler, que pour vous assurer, MONSEIGNEUR, qu’une protection aussi glorieuse que la vôtre, est le plus grand de nos désirs, que nous voulons nous faire des lois de vos volontés, et que nous sommes tous en général et en particulier, Vos, etc.
