COMPLIMENT
FAIT AU NOM DE L’ACADÉMIE Française, à M. DODUN, Contrôleur Général des Finances, par Monsieur l’Abbé MONGIN.
MONSIEUR,
L’Académie Française en venant Vous féliciter sur l’important Ministère qui Vous est confié, vient en même temps Vous marquer les grandes espérances qu’elle en a conçues pour le bien public, & pour l’empire des Lettres. Accoutumé à rendre des jugements équitables sur le premier Tribunal de la Justice, Vous ne laisserez au bon droit, rien à craindre de vos décisions ; & le goût que Vous avez toujours marqué pour toutes les belles connaissances, fait espérer à ceux qui les cultivent, de trouver en Vous un Protecteur éclairé. Vous entrez, MONSIEUR, dans une place où ceux qui l’ont remplie avec le plus de succès & le plus de gloire, ne se sont pas rendus moins recommandables par l’amour des Lettres, que par le bon ordre qu’ils avoient rétabli dans les Finances ; & le temps de nos plus grandes prospérités sera toujours marqué par ce glorieux Ministère qui fit fleurir avec tant d’éclat les Sciences & les beaux Arts. Leur décadence a toujours annoncé celle des Empires ; & après Mécènes, il n’y eut plus d’Auguste.
Ainsi, MONSIEUR, nous espérons que les Lettres que Vous avez cultivées, Vous fourniront de nouvelles lumières & de nouvelles ressources. On ne s’égare que dans la nuit ; où faute de connaître les véritables routes fût-on dans un labyrinthe, tant qu’on peut voir pour se conduire, on peut en sortir. De même l’idée du réel & du vrai, l’amour de l’ordre qui porte le jour partout, peut tout rétablir.
C’est, MONSIEUR, ce que nous attendons de la supériorité de vos lumières éprouvées & senties par un Prince également instruit, & de nos besoins, & de vos talents. Sa confiance en vos forces nous rassure & déjà nous nous promettons que sage & habile Ministre, Vous assurerez bientôt les fortunes chancelantes de presque tous les Sujets du Roi, & qu’en affermissant leur repos, Vous nous fournirez une ample matière à son éloge, & à vous en rendre, MONSIEUR, d’éternelles actions de grâces.