COMPLIMENT DE L’ACADÉMIE FRANÇAISE.
À Monseigneur le Chancelier VOISIN.
Par M. DE LA MOTTE.
Le vendredi 27 juillet 1714
MONSEIGNEUR,
C’est un nouveau bienfait du Roi, pour tout son Peuple, & pour Nous en particulier, que votre élévation, à la première dignité du Royaume.
L’Académie s’est affligée, elle s’en fait honneur devant Vous, de la retraite imprévue de votre illustre Prédécesseur ; Nous perdons en lui un ami des Muses, & qui regardait comme une portion de la Justice, l’appui généreux qu’il prêtait aux Gens de Lettres.
Le choix du Roi nous a consolés ; ce choix qu’une raison constante éclaire, & qui fait toujours le plus solide éloge de ceux sur qui il tombe : il nous rend en Vous ce que nous perdons dans le Chancelier respectable à qui Vous succédez. C’est avec joie que nous Vous voyons monter à la place d’où nous avons eu, la douleur de le voir descendre, & en admirant en lui cette piété recueillie qui le dérobe au fardeau glorieux des affaires, Nous admirons en Vous cette Religion généreuse qui vous dévoue au travail pour l’utilité publique.
Vous avez déjà lutté avec succès contre les, maux de la guerre, dans un Ministère pénible, où la difficulté des temps n’a fait que servir à votre gloire : Placé aujourd’hui à tête de la Justice, Vous, exercez un Ministère de paix, dont tout le Royaume va se ressentir. Songez, MONSEIGNEUR que les Muses y doivent avoir leur part. La Paix demande que les Lettres fleurissent, & la Justice veut qu’elles soient récompensées. Nous ne doutons pas que Vous ne comptiez cette Loi entre celles dont Vous devenez l’organe & le soutien, & que dépositaire de l’autorité Royale, Vous ne soyez aussi le Ministre de la protection particulière dont le Roi nous honore.
L’Académie Françoise, MONSEIGNEUR, est digne de votre estime & de votre affection, je puis dire, en m’exceptant, par le mérite de ceux qui la composent ; mais j’ajoute, en le disputant à tous, par son zèle & son attachement sincère pour votre personne.
