La Chanson de l’eau
d'Erik Orsenna (illustration de Maya Mihindou)
paru le 4 janvier aux éditions Cambourakis
Dans la famille de Moussa 7, à Kinshasa, on est luthier de père en fils. Flûtes, koras, tam-tam djembés, bâtons de pluie et autres kass kass sont façonnés et réparés avec soin de génération en génération. Mais les harpes ngombi occupent une place spéciale dans le cœur du grand-père de Moussa 7, car ce sont elles qui ont le pouvoir de faire entendre les paroles des génies du Congo, ce fleuve long de 4 700 kilomètres, large et chaotique, cause de nombreux naufrages mais surtout source de vie et d’apaisement pour les habitants de tous les pays qu’il traverse. Plus encore que sur les autres instruments, le jeune Moussa veille avec une attention particulière sur ces harpes. Car il tient à perpétuer la tradition tout en nourrissant l’espoir de réveiller l’ouïe du vieil homme et de faire résonner à jamais la musique du fleuve.