Discours de réception de François-Auguste Parseval Grandmaison

Le 20 avril 1811

François-Auguste PARSEVAL-GRANDMAISON

M. Parseval Grandmaison, ayant été élu par l’Académie française à la place vacante par la mort de M. de Saint-Ange, y est venu prendre séance le jeudi 20 avril 1811, et a prononcé le discours qui suit :

    

Messieurs,

Le premier sentiment que j’éprouve, en prenant place parmi vous, est le désir de surmonter mon trouble à l’aspect de l’assemblée nombreuse qui m’écoute et de l’auguste corps qui daigne m’admettre dans son sein ; ce silence profond, ce concours de spectateurs, l’attention même dont ils daignent m’honorer, tout contribue à m’intimider dans un moment si solennel. Je me félicite, cependant, d’avoir à vous entretenir d’un poëte dont les travaux utiles, consacrés aux traductions en vers, offrent à mes réflexions des idées qui me sont devenues familières, et je me rassure en songeant que je ne suis point étranger au sujet dont je vais vous entretenir.

M. de Saint-Ange dut à un succès légitime l’avantage d’être admis dans votre sein ; j’ambitionnais la même gloire, et quand votre choix, d’accord avec l’opinion publique, lui donna sur moi une préférence méritée, j’applaudis moi-même à cet acte de justice. Hélas ! j’étais loin de prévoir que, devenant son successeur, je fusse appelé sitôt à vous entretenir de lui. Le jour même où, pour la première fois, il siégea parmi vous, j’entendis le discours qu’il vous adressa pour vous exprimer sa reconnaissance, et je ne pus résister à ma vive émotion lorsqu’il vous dit, d’une voix affaiblie par ses longues douleurs, qu’il regardait l’honneur d’être votre collègue comme un titre à inscrire sur sa tombe, et, ce.qui le touchait bien plus encore, comme une recommandation non moins utile qu’honorable qu’il pouvait léguer à sa famille. Paroles touchantes où se renferme toute l’âme d’un époux et d’un père, et comparables au dernier vœu de cet Athénien qui, privé de fortune et prêt à quitter la vie, léguait à son ami le soin de doter et de marier sa fille.

M. de Saint-Ange n’a point donné d’autres ouvrages que des traductions en vers, et il n’a point traduit d’autres poëtes qu’Ovide. Il ne pouvait choisir un modèle plus aimable et plus ingénieux ; mais comment Ovide, auquel on reproche l’extrême abus de l’esprit et une foule de négligences, a-t-il pu fonder une réputation qui le met sur la première ligne des poëtes de l’antiquité ? Il me semble que l’heureux choix qu’il fit du sujet des Métamorphoses doit seul expliquer cette énigme.

Lucrèce avait enseigné son système de la nature ; Virgile avait saisi la palme de l’épopée ; Horace avait tiré de sa lyre des sons dignes d’Alcée, de Pindare et d’Anacréon ; Ovide parut, s’ouvrit une nouvelle route vers la renommée, et, fouillant dans le système religieux de la Grèce et de l’Italie, y recueillit un merveilleux qui enchanta l’imagination sans blesser la raison, presque toujours cachée sous le voile de ces fictions enchanteresses. Aussi sont-elles en possession de plaire à tous les âges. Les lit-on dans l’extrême jeunesse, avec quelle ardeur l’esprit exalté s’empare de ce monde idéal qui embrasse la terre et les cieux, et dont la brillante féerie n’offre pas un arbre, pas un rocher, pas une fontaine qui ne s’anime d’un sentiment et ne s’embellisse d’un souvenir ! L’âge mûr, éclairant la raison, nous rend-il moins sensibles à l’éclat de ces brillants prestiges, le sens allégorique, enveloppé sous leurs images, nous révèle un ordre de choses qui présente à nos réflexions les plus imposantes vérités. La vieillesse, enfin, vient-elle affaiblir nos organes, ces fictions nous charment encore, parce que, redevenus enfants par notre goût pour les fables, nous nous livrons à leurs vives impressions, qui raniment en nous le feu d’une imagination prête à s’éteindre. Aussi, quoique les Romains, et surtout les philosophes du temps d’Ovide, ne crussent déjà plus aux traditions qui servaient de fondement à cette brillante mythologie, ils s’empressèrent de l’accueillir. En vain Lucrèce avait-il voulu remplacer la théogonie païenne par l’absurde physique d’Épicure, ces aimables fictions prévalurent sur des arguments captieux qui ne combattaient leurs illusions que par des théories non moins chimériques, et l’on crut avec raison que, dans le poëme d’Ovide, la vérité se cachait sous les formes de l’erreur, tandis que dans le poëme de Lucrèce l’erreur se cachait sous les formes de la vérité. Aussi le succès des Métamorphoses fut universel, et même, après avoir traversé dix-huit siècles, elles font encore les délices de l’univers ; il n’est pas un artiste qui n’en préfère les fictions à toutes celles qu’on a depuis imaginées, et l’on peut dire de ce bel ouvrage, comme du livre d’Homère, que tous les arts viennent puiser à l’envi dans sa source intarissable.

Ovide paraissant après Virgile, qui s’était emparé de l’admiration de son siècle, ne pouvait se distinguer qu’en produisant un chef-d’œuvre, et le chef-d’œuvre parut. M. de Saint-Ange, s’occupant d’une traduction en vers, après la traduction des Géorgiques de Virgile, par M. Delille, était également dans l’obligation de faire un très-bon ouvrage, et le succès répondit à son espérance. Une chose assez remarquable, peut-être, c’est que M. Delille, doué d’une imagination vive et d’un esprit étincelant comme celui d’Ovide, a tempéré, par son commerce avec Virgile, ces deux brillantes facultés qu’ont retenues dans de justes bornes la sobriété judicieuse et le goût sévère son modèle, tandis que M. de Saint-Ange, doué d’un goût pur et d’un esprit sage, mais quelquefois un peu timide, sut s’approprier, en traduisant Ovide, le piquant d’une poésie ingénieuse et la richesse d’une imagination féconde. M. de Saint-Ange est devenu, mais il est resté un excellent imitateur. M. Delille, du talent de traduire s’est élevé glorieusement à celui de créer, et il est devenu modèle à son tour. J’en atteste, Messieurs, ces beaux poëmes de sa composition où l’esprit, le savoir, la philosophie, le sentiment et la poésie la plus brillante, semblent se disputer le privilége de vous étaler toutes leurs richesses, et je me félicite de ce que la nature de mon sujet, m’ayant conduit à vous parler de M. Delille, m’autorise à lui rendre devant vous un hommage si légitime. S’il est doux de consoler l’ombre des morts, en leur offrant un tribut d’hommages mérités, il ne l’est pas moins de proclamer les titres de ceux qui vivent encore ; et d’ailleurs les beaux vers de M. Delille, déjà gravés dans la mémoire des hommes, comme ceux des anciens poëtes, ont pris quelque chose d’antique à nos yeux, et semblent avoir anticipé leur avenir.

Le talent de M. de Saint-Ange devait jeter moins d’éclat, puisqu’il se renferma dans les limites de la traduction ; cependant il obtint justement un haut degré d’estime, parce que ce laborieux écrivain, soutenu par une ardeur infatigable, perfectionna longtemps, dans le silence de la retraite, le travail immense auquel il dut sa réputation : bien différent en cela de son éclatant modèle, qui trouva dans la facilité de son talent des moyens assez puissants pour créer un chef-d’œuvre, au milieu même de la dissipation du grand monde et des spectacles multipliés qu’offrait à ses regards la capitale de l’univers : exemple remarquable dans les fastes de la littérature. En effet, Messieurs, si l’on excepte les poëtes comiques, auxquels la fréquentation de la société devient nécessaire pour y observer leurs modèles, une loi générale ne semble-t-elle pas commander la retraite aux grands écrivains, et le monde n’est-il pas l’écueil le plus dangereux pour tous les talents qui s’efforcent d’atteindre au sommet d’un art difficile ? Est-il un besoin plus pressant pour l’esprit où s’élaborent de vastes conceptions, que ce silence absolu et cette absence de tous les objets dont l’impression peut affaiblir en lui la pensée dominante qui devient, pour ainsi dire, son démon familier, l’accompagne dans ses promenades, assiste à ses repas, le poursuit dans ses rêves, prend sur lui l’ascendant d’une véritable manie, et aurait presque le caractère du délire, si elle ne manifestait la présence du génie même ? Mais qu’est-il besoin, Messieurs, que je vous représente ces vives émotions, que vous avez éprouvées si souvent ? il n’est pas un seul d’entre vous qui ne se rappelle, en m’écoutant, les impressions qu’il a ressenties, et le plaisir inexprimable qu’il a goûté, en triomphant enfin d’une difficulté combattue avec une opiniâtreté infatigable. Or, comment un homme obsédé par le besoin d’imaginer qui le tourmente sans cesse, peut-il fréquenter le monde sans s’arracher aux inspirations de son génie, ou sans porter dans la société cette préoccupation rêveuse dont le ridicule doit l’avertir qu’il n’est plus dans la sphère de son talent ? S’il fréquente les cercles, il recueillera les éloges, mais il ne produira plus les chefs-d’œuvre. Aussi la retraite a-t-elle été, de tout temps, le partage des hommes qui ont illustré leur siècle ; Montesquieu, Rousseau, Voltaire et Buffon vivaient dans la retraite quand ils composaient leurs ouvrages ; Pascal était un solitaire ; Corneille n’était point un homme du monde, et la Fontaine se faisait une solitude au milieu même de la société, où ses vagues rêveries, recueillant son esprit en lui-même, ne laissaient plus paraître au dehors que la simplicité d’un homme ordinaire.

Oserai-je à présent, Messieurs, vous soumettre quelques réflexions sur l’art que M. de Saint-Ange a si bien cultivé ? C’est peut-être la manière la plus convenable d’honorer sa mémoire et de rendre hommage à son talent.

Un traducteur en vers ressemble à cet arbre où la greffe insère un bouton ; il se couvre de fruits qui, ne lui appartiennent point, mais il les nourrit de sa sève. Il n’est point de travail plus ingrat que le sien, et cependant plus profitable. La nécessité de lutter sans cesse contre un talent supérieur, qui le presse de toute sa force, l’oblige à déployer toutes les ressources de son adresse et toute la puissance de ses moyens. Nul doute que celui qui sort vainqueur d’une telle entreprise n’ait fait faire un grand pas à l’art d’écrire en vers ; mais avec quelle opiniâtreté ne lui refuse-t-on pas alors le tribut d’éloges mérité par ses longs efforts ! Son ouvrage offre-t-il de grandes beautés, on en rapporte tout l’honneur à l’original ; blesse-t-il par quelques défauts, lui seul en est responsable ; enveloppé d’entraves, on exige qu’il ait un air de liberté ; a-t-il cet air de liberté, on l’accuse d’indépendance ; est-il d’une grande exactitude, il paraît servile ; traduit-il plutôt que la lettre, il manque de fidélité ; enfin, lorsqu’après avoir lutté contre tous ces obstacles, il triomphe de la critique et obtient l’applaudissement général, on le regarde encore comme un rejeton stérile de la littérature, et cependant son idiome, enrichi par ses travaux constants, se familiarise de plus en plus avec les formes empruntées aux langues étrangères. La nécessité d’exprimer de nouvelles idées lui fait essayer de nouveaux tours, des locutions nouvelles ; le goût applaudit à ses acquisitions heureuses, et le génie lui-même, secondé par ses travaux utiles, forme des entreprises qu’il n’aurait point exécutées, si ce traducteur modeste n’en eût préparé le succès par ses laborieuses découvertes.

Tel est, Messieurs, l’important service que me parait avoir rendu à la langue française la traduction des Métamorphoses, où l’art d’écrire en vers se manifeste dans une foule de morceaux extrêmement distingués. La muse de M. de Saint-Ange accompagne-t-elle Phaéton au palais du Soleil, ses vers sont aussi éblouissants que ceux du poëte latin ; notre langue s’applaudit de sa nouvelle pompe, elle étincelle du feu des diamants et des saphirs, et, comme l’élégant traducteur le dit si poétiquement, fait jaillir autour d’elle l’éclat d’un argent pur, rival de la lumière. Mais c’est surtout lorsqu’il est aux prises avec une grande difficulté, que l’interprète d’Ovide semble déployer ses efforts les plus heureux. Combien n’a-t-il pas dû essayer, préparer, rassembler toutes ses forces avant de traiter cette fable touchante de Philémon et de Baucis ! Un chef-d’œuvre de la Fontaine, bien empreint de toute l’âme de ce poëte de la nature, venait s’interposer encore entre Ovide et son traducteur ; il lutte cependant sans audace et sans effroi, et se montrant rival heureux de son auteur, soutient encore le parallèle de la Fontaine lui-même. Quelle variété de tons n’a-t-il pas su trouver en peignant Vertumne auprès de Pomone ! Son style revêt autant de formes séduisantes et diverses que l’aimable dieu emprunte de formes nouvelles. Je ne le suivrai, point dans toutes les parties brillantes de son ouvrage, où la période poétique bien cadencée, le vers harmonieux, l’expression naïvement rendue, l’esprit du texte fidèlement conservé, et des tirades entières, offrant à peine quelques légères taches à l’œil le plus attentif, justifient l’estime distinguée que l’on accorde à son talent. Je vous parlerai encore moins de ses autres imitations d’Ovide, si inférieures à celle des Métamorphoses, sur laquelle se fonde sa réputation ; les fautes fréquentes du modèle n’ont passé que trop souvent dans la copie, et d’ailleurs ces traductions diverses ne doivent être considérées que comme un travail imparfait, auquel M. de Saint-Ange eût sans doute fait des changements considérables, si une mort prématurée n’eût mis un terme à sa laborieuse carrière.

Après vous avoir entretenus, Messieurs, d’un traducteur aussi estimable, oserai-je me flatter que mes imitations des poëtes antiques aient été des titres suffisants pour m’élever au rang qu’il occupait parmi vous ? et n’avez-vous pas plutôt voulu m’encourager par cet honneur insigne à terminer une plus vaste entreprise, dont peut-être l’audace ne vous a point paru digne de blâme ? Vous savez, Messieurs, que mille écueils environnent celui qui s’engage dans une épopée ; mais vous savez aussi qu’il est des naufrages glorieux et préférables, sans doute, aux frêles avantages des navigations ordinaires.

Beaucoup de personnes doutent encore qu’il soit possible de donner à la France une épopée. En vain leur oppose-t-on le succès de la Henriade : elles attaquent cet ouvrage qui, malgré la foule de ses beautés, n’est point à l’abri de la critique ; et elles s’en font une arme pour interdire ce genre à la poésie française. Un bel ouvrage serait, sans doute, la meilleure réfutation de ce système décourageant, et je suis loin de croire qu’il me soit réservé de la fournir. Je remarquerai seulement que notre indigence dans l’épopée semble trouver son origine et sa principale cause dans cet essor prompt et sublime qu’a pris d’abord parmi nous le genre dramatique ; en un mot, dans le succès du grand Corneille, dont la gloire fut telle, qu’un ministre chargé de gloire lui-même ne put s’empêcher d’en être jaloux. Cette haute renommée si justement acquise par tant de chefs-d’œuvre ; l’illusion de la scène, où le délire d’un peuple enivré d’admiration répond au délire des passions qui se combattent sous ses yeux, et l’immense impulsion donnée par un génie du premier ordre, entraînèrent tous les talents dans cette sphère de gloire, où Racine et Voltaire ont déployé depuis les moyens les plus énergiques de remuer le cœur humain. L’intérêt qui s’attache aux représentations théâtrales efface encore aujourd’hui l’impression que produit sur nous la lecture des ouvrages les plus attachants, parce que cette puissance tient à la nature de l’homme, sur qui les objets agissent plus que les sons, les actions plus que les récits, et les passions plus que les images. Ce genre cependant a donné tant de chefs-d’œuvre à la France, qu’il semble avoir épuisé ses ressources parmi nous, et que, peut-être, le temps est-il venu d’entrer dans la carrière de l’épopée, qui, n’a produit encore, dans notre langue, qu’un seul ouvrage distingué. Loin de moi l’idée de refroidir l’enthousiasme qui entraîne les auteurs vers le genre dramatique ; mais il me semble qu’une simplicité noble et souvent sublime, comme celle du théâtre grec, devrait être préférée aux ambitieux ornements sous lesquels on étouffe la nature ; qu’on n’a porté que trop loin le fracas théâtral et l’exagération des sentiments, et que dans un temps où tant d’innovations modernes nous semblent déjà si vieilles, le moyen le plus sûr d’être neuf est de s’attacher à redevenir antique.

Mais si l’art dramatique, où nos plus grands écrivains ont fait éclore tant de chefs-d’œuvre, présente encore au talent quelques palmes à cueillir, combien l’histoire de France, toute pleine d’épopée, n’en offrirait-elle pas à ceux qui voudraient y chercher des sujets épiques ; et, sans fouiller dans nos vieilles chroniques, ne nous suffit-il pas de la brillante époque dont nous sommes les témoins ? Où trouver des événements capables d’inspirer la poésie par un plus bel assemblage de prodiges éclatants ? Quelle brillante variété de couleurs ! quelle profusion de riches tableaux ! Là, le génie des révolutions fuyant dans le passé avec les discordes civiles ; ici, les aigles rivaux réconciliant leurs foudres apaisées, les flambeaux de l’hymen s’allumant aux torches de la guerre, et une paix triomphante combattant encore ceux qui ne sont point soumis, comme cet orage qui gronde au pied des montagnes, quand leurs sommets sont entourés du calme et de la sérénité.

Et quelle autre source de beautés poétiques dans le nouveau spectacle qui attache nos regards ! Voyez les sombres vapeurs qui enveloppaient notre avenir se dissiper à l’aspect du royal enfant, dont l’astre levé sur l’empire français le favorise déjà de ses plus bénignes influences. Voyez, d’une part, Albion qui frémit d’une sombre fureur, et de l’autre, la France et l’Autriche qui poussent des cris de joie à l’aspect du berceau qui renferme nos destinées. Voilà des événements d’un ordre supérieur, et qui, certes, n’ont pas besoin du vain secours des fictions. Élèves de Clio, ne soyez que véridiques, et vos récits ressembleront à ceux des fables ; disciples de Calliope, ne cherchez plus le merveilleux dans les récits mensongers, il abonde aujourd’hui pour vous dans la seule vérité. Hâtez-vous de saisir toutes les palmes que présente au génie des arts le génie puissant qui les encourage, et dont la grande pensée les associe aux destinées de son empire. Mais, tandis que j’excite l’émulation des poëtes, j’oublie qu’il en est, dans ce moment, dont je retarde les triomphes ; déjà les couronnes sont prêtes, déjà tous les yeux s’attachent sur les jeunes vainqueurs ; et j’impose enfin silence à l’expression de tous mes sentiments, pour que le laurier de la victoire poétique ne reste pas plus longtemps suspendu sur leurs têtes.