Discours sur le rétablissement de la santé du Roi

Le 27 janvier 1687

Jean BARBIER d’AUCOUR

DISCOURS

sur le rétablissement de la santé du Roi. Prononcé le même jour 27. janvier 1687.

par Mr. DAUCOUR.

 

 

MESSIEURS,

Quand nous aurions autant de voix, qu’on en donne à la Renommée, ce ne serait pas encore assez pour nos cœurs dans cet heureux jour, où nous voudrions pouvoir exprimer toute la joie, que Nous ressentons de la parfaite guérison du Roi, de cette nouvelle Victoire plus avantageuse infiniment, que toutes celles qui ont reculé si loin nos frontières et qui ont porté la gloire de nos Armes jusqu’aux extrémités de la Terre.

Il importe peu, qu’un État soit plus ou moins grand ; puisqu’il peut être heureux ou malheureux, avec plus ou moins de Pays ; et l’on ne doit pas comparer les Victoires qui ont agrandi le Royaume, avec celle-ci, qui en lui conservant son Auguste Prince, lui conserve sa force, son bonheur, sa gloire, et le remplit d’une joie qui ne se peut contenir.

Il n’est rien de plus charmant, que de voir tout le Peuple, comme transporté hors de lui-même. Jamais la Magnificence des Rois n’a fait un spectacle si beau, ni si digne de la Majesté Royale, que cet empressement universel des Artisans et des Marchands, qui laissent leurs ouvrages, ferment leurs Boutiques, et courent aux Églises, y louer Dieu de la Santé du Roi. Ils ne savent quelles marques donner, d’une joie extraordinaire qu’ils n’ont point encore sentie. Il leur semble qu’ils ne sauraient assez allumer de feux Sacrés sur les Autels pour faire connaître l’ardeur et la pureté de leur zèle. Ils ne se contentent pas de leur propre voix, pour exprimer la tendresse de leur amour ; ils empruntent les plus belles et les plus savantes, qui retentissent de toutes parts en Cantiques de louanges et d’actions de grâces. Il est vrai cependant, que rien n’est si beau, que ce qu’ils font eux-mêmes sans préparation ; ces cris naturels qui ne sauraient être imités par une fausse joie ; ces concerts de cœurs et d’affections, où l’on ne prélude point ; cette voix du Peuple, qu’un Prophète appelle la voix de Dieu, parce qu’elle ne peut, ni feindre, ni tromper.

Que ferons-nous, MESSIEURS, dans cette joie publique, pour témoigner celle que nous ressentons en particulier ? Il faut qu’elle éclate de toutes parts, et en toutes manières. Tout est bon, hors le silence, dans une occasion si favorable, et plutôt que de nous taire, il faudrait battre des mains. La vraie joie ne veut point d’étude, elle n’a ni précepte, ni règle. Réjouissons-nous, comme nous nous sommes affligez, sincèrement, naturellement, sans art.

Je m’en souviendrai toute ma vie, MESSIEURS ; Quand on nous vint dire ici l’état où le Roi s’était trouvé, la seule idée du péril nous saisit tellement l’esprit, que ne pensant point d’abord au succès du Remède, et n’en voyant que la violence, nos cœurs furent touchés d’une crainte, dont la vive expression parut longtemps sur nos visages.

Quelles auraient donc été nos frayeurs, et nos alarmes, si au lieu de nous dire que ce Remède extrême et dangereux avait réussi, on nous eût dit seulement qu’on était résolu de l’éprouver ? Quel abattement de cœur ! Quelle consternation d’esprit ! Quel tremblement dans toutes les parties de l’État, si ce bruit avait été répandu ! Et que ne devons-nous point à la bonté plus qu’héroïque de Notre Auguste Prince, qui a voulu nous épargner ces mortelles inquiétudes, en nous cachant le péril où il était ?

N’est-ce pas une chose admirable, et que nous ne saurions jamais dire avec assez de reconnaissance ? Il n’a pas été moins secret dans sa Maladie, que dans ses Guerres ; et comme nous n’avons connu le dessein de ses Conquêtes que par le bruit de ses Victoires, nous n’avons su aussi, qu’il devait s’exposer à une opération périlleuse, qu’après qu’elle a été heureusement faite.

C’est ainsi que dans les états de la vie les plus contraires, ce grand Prince a toujours la même conduite, parce que c’est toujours la même grandeur d’Ame : toujours la même fermeté d’esprit, toujours le même amour pour ses Peuples. Oui, cet amour, qui n’a pas voulu que nous ayons su combien il souffrait, de peur de nous faire souffrir avec lui, c’est le même qui nous a donné tant de part dans la joie de ses Triomphes, sans nous faire entrer dans les alarmes de ses Combats.

C’est le même qui a nourri les Peuples durant la famine et qui a pris tant de soins pour ne leur pas manquer, dans un temps où la nature leur manquait.

C’est le même, qui n’a jamais pardonné au Duel, d’avoir répandu le sang de ses Sujets.

Admirable conduite d’un Roi, qui est persuadé que Dieu a fait les Rois, non seulement pour être les Ministres de sa Puissance, mais encore de sa Bonté, et qui veut remplir toutes les fonctions de ce divin ministère !

Je ne saurais oublier, ce que j’ai cent fois ouï dire à un grand Ministre d’État, qui a été un des principaux Ornements de cette Académie où sa mémoire sera toujours en vénération. Il est vrai, disait-il souvent, en parlant du Roi, je ne connais personne dans tout le Royaume, qui aime tant à faire son devoir que notre Maître : et rien au monde ne peut empêcher, qu’il ne fasse toujours tout le bien qu’il se croira obligé de faire.

Heureux Peuples qui lui êtes soumis, vous pouvez tout espérer d’un si Grand Prince. Vous l’aimez et il vous aime ; il est invincible en tout. Il ne se laissera pas surpasser en amour par ses Sujets, non plus qu’en valeur par ses Ennemis. Assurez-vous que vous jouirez d’un bonheur accompli, et que s’il reste encore quelque chose à faire pour l’achever, ce n’est rien en comparaison de ce qui est fait.

II ne s’agit plus de passer à la nage les plus grands Fleuves ; de vaincre les obstacles des Eléments ; de camper sur la glace et dans les neiges ; de prendre chaque jour des Villes qu’on estimait imprenables. Toutes ces choses les plus grandes qu’on se puisse imaginer dans la Vertu Héroïque, ont été faites avec un succès incroyable.

L’Hérésie même qui était un sujet perpétuel de trouble et de crainte, cette Hérésie qui se croirait invincible, est entièrement vaincue. Elle qui se glorifiait d’avoir plus d’Hommes dans son parti, s’est vues tout d’un coup abandonnée. Elle n’a plus dans le Royaume, ni de Ministres, ni de Temples. Nous avons vu abattre celui qu’elle avait élevé à la vue de Paris, et qui faisait le plus grand scandale de l’Église. Nous avons foulé aux pieds le comble qui le couvrait. Nous avons marché sur ses ruines. Heureuses ruines, qui sont le plus beau Trophée que la France ait jamais vu ! Ouvrage admirable de LOUIS LE GRAND ! Ouvrage immortel et incomparable, qui est infiniment au-dessus, et des Statues et des Obélisques, et de tous les autres Monuments qui publient les Vertus de ce Grand Prince ! Cent Arcs de Triomphe élevés à sa Gloire ne la porteront pas si haut, que ce Temple de l’Hérésie abattu par sa Piété ; et jamais rien ne lui fera tant d’honneur que ce qu’il a fait lui-même.

Jamais on ne louera que très-imparfaitement une action si admirable, qui est au-dessus des louanges, et dont la grandeur infinie ne se laisse pas comprendre.

Qui est-ce en effet qui comprend bien la Victoire, ou plutôt le Miracle de l’extirpation de l’Hérésie ? Quelque esprit d’homme a-t-il bien conçu, comment cette Hérésie, qui dans les derniers Règnes, a fait tant de Guerres sanglantes et plus que civiles, a pu être défaite au milieu d’une profonde Paix, sans qu’il ait paru aucun signe de Guerre ? Quoi, ce malheureux Schisme, qui dans un petit nombre de ses Partisans, et dans une seule de ses retraites[1], avait été plus difficile à vaincre que la Mer n’avait été difficile à enchaîner, est entièrement aboli, sans qu’il en ait coûté le moindre Combat ! Quoi, ce formidable Parti qu’on avait vu se multiplier dans le sang et le carnage, est entièrement dissipé, sans qu’il ait été répandu une seule goutte de sang ?

Divine Victoire ! Victoire sainte, dont l’Église se fera une de ses plus grandes Fêtes, et qu’elle chantera dans toutes les parties du monde ! Mais disons au moins ici, qu’on ne pourra plus entendre nommer l’invincible Héros qui a remporté cette Victoire, sans penser en même temps à l’Hérésie qu’il a détruite. On s’imaginera toujours le voir, ayant sur ses Ames triomphantes, l’Image de cette Hydre qu’il a étouffée ; de même que la Minerve des Anciens avait sur son Bouclier, la Tête de ce Monstre, qui changeait en pierre tous ceux aux yeux desquels ce Bouclier était présenté.

Il n’y a que cette Fable qui puisse nous aider à exprimer en quelque sorte, l’étonnante vérité que nous admirons. Et il paraît en effet, tant de sagesse et tant de Force dans le Vainqueur de l’Hérésie, que la seule idée de cette Victoire, jette dans l’âme de ses Ennemis, une terreur qui les arrête et qui semble les rendre immobiles.

Il n’y a plus de Nations sur la Terre, qui veuillent éprouver la Valeur de LOUIS LE GRAND. Tout l’Univers, ou lui obéit, ou l’admire ; c’est dans la gloire de cette Paix, qui est pour lui un Triomphe perpétuel, qu’il a plu au Ciel, de ne pas laisser sans action les Vertus Héroïques d’une Ame si grande ; et de vouloir l’exercer par cette maladie, dont la parfaite guérison est le sujet de notre joie.

Nous en avions toujours espéré un heureux évènement, parce que nous l’avions toujours souhaité avec une ardeur extrême ; mais cette espérance ne pouvait pas nous ôter la crainte. Et il est vrai, que la maladie du Roi nous a fait plus de peur au milieu de la Paix, que n’avaient fait au milieu de la Guerre, toutes les Armées incapables de traiter d’affaires politiques dans un état de souffrance et de douleur.

Mais toutes les circonstances de ce Conseil admirable, veulent être considérées avec une profonde méditation, qui ne convient point à cette joie publique, dans laquelle nous sommes. Il suffit seulement de marquer ici, qu’il se tint ce jour-là même, qui fut un jour de crise pour tout l’État, et qui par l’importance infinie des choses, dont il s’agissait, sera une des plus grandes Époques de notre Histoire.

Le Roi voulut aussi le même jour, se faire voir à ses Courtisans. Ils le virent en effet, toujours semblable à lui-même ; toujours avec cette douce Majesté qui inspire également l’amour et le respect. Les marques de sa douleur ne paraissaient que sur leurs virages, et le sien n’étant ni altéré, ni ému, avait une sérénité qui dissipa en un moment ce qu’il y avait de sombre et de triste sur tous les autres. Il leur parut encore plus grand dans cet état que sur le Trône et ils avouaient avec admiration, que l’éclat du Trône qui fait souvent toute la grandeur des Rois, n’avait fait que cacher une partie de la sienne.

C’est un spectacle digne du Ciel (dirait autrefois Sénèque) qu’un homme qui lutte contre la mauvaise fortune. Mais qu’aurait-il dit ? Qu’aurait-il pensé, s’il avait vu, non pas un homme d’une condition privée, mais le plus grand, mais le plus heureux de tous les Rois, souffrir si longtemps un mal si sensible ; et porter la confiance jusqu’à cette extrémité, que d’avoir pu, le jour même d’un périlleux redoublement de douleur, voir toute sa Cour, et tenir son Conseil ? Il se serait récrié, ce Philosophe de l’ancienne Rome, il se serait récrié, qu’il l’avait trouvé le sage qu’il cherchait par tout, et qu’il l’avait trouvé dans son Roi ; ce qui est encore plus heureux plus admirable.

Pour moi, je ne sais plus que dire à force de penser sur des choses si nouvelles et si inouïes. Mais je dirai au moins, n’ayant pas d’autre expression, je dirai que le Roi a été malade en Roi, c’est-à-dire en exerçant toute la puissance souveraine ; car il est certain que tout autre que le plus grand Roi du monde, à qui personne ne veut déplaire, n’aurait point, dans un jour si fatal et si douloureux, entendu parler en aucune manière, ni de compliments, ni d’affaires. Mais il ne voulut pas que ce jour fût distingué de tous les autres ; et par là il en a fait un des plus beaux jours de sa Vie, et qui sera marqué avec un Caractère de gloire dans toute la Postérité.

Mais voici encore de nouveaux sujets d’admiration. Le Roi n’a pas même voulu, que, pendant sa maladie, les divertissements de la Cour ayant été interrompus. Il a fait ouvrir ces magnifiques Appartements, où sont rassemblés tous les jeux, et les plaisirs qui peuvent charmer l’esprit sans le corrompre. C’est une fête perpétuelle, que sa magnificence et sa sagesse ont inventée, pour apprendre aux Courtisans à jouer avec modération, à se divertir innocemment, et encore pour connaître leurs inclinations et leurs mœurs, par le moyen le plus sûr, et le plus digne de la Majesté Royale.

Il commanda que ces divertissements fussent continués, parce que la joie de ses Sujets était le plus grand soulagement qu’il trouvait à son mal.

Il faut l’avouer, MESSIEURS, cette bonté, cette humanité, est une vertu bien rare dans les Princes qui se voient si élevés au-dessus des autres hommes ; mais les moindres actions du Roi sont accompagnées de cette bonté souveraine qu’il a reçue du Ciel en naissant. Il en donne des marques à toute heure, en toute occasion ; dans les affaires, au jeu, à la promenade même, où il a souvent la bonté de commander à ceux qui ont l’honneur de le suivre, de se couvrir devant lui. Mais combien cette dispense du respect extérieur qui est du à sa dignité, augmente-t-elle la profonde vénération, et la sincère estime que l’on ne peut refuser à sa vertu ? Qui ne voit en cela une grandeur d’Ame par laquelle il s’élevé au-dessus des autres Rois, et se conforme à la conduite de Dieu même, qui a peu d’égard au culte extérieur et veut être servi en esprit et en vérité ?

Quelle différence de mon Roi, à ces autres Rois de la terre, que leurs Sujets n’oseraient jamais regarder en face, et devant lesquels ils sont toujours prosternés et rampants ! LOUIS LE GRAND se laisse voir au moindre de son peuple, et la plus grande gloire est d’être vu ; parce qu’on ne peut le voir sans l’aimer ; et rien ne lui plaît davantage. Il sait qu’on ne manque jamais de révérer un Prince, quand on l’aime, mais qu’il n’est pas toujours sûr qu’on l’aime, quand on le révère ; et qu’ainsi l’importance d’avoir l’amour des Peuples, parce que cet amour est infailliblement suivi du respect, de l’estime, de l’obéissance, de la soumission et de tous les autres sentiments qui font également la gloire du Prince, et le bonheur de l’État.

Le Roi n’a qu’à se laisser voir, pour inspirer tous ces sentiments, qui sont les effets naturels de l’amour, et il importe peu pour cela, en quel état soit vu, ou dans les prospérités de la fortune, ou dans les infirmités de la nature ; aussi admirable étant malade en son lit, que commandant à la tête de ses Armées ; et tout le cours de sa maladie, n’ayant été qu’une fuite continuelle d’actions Héroïques ; car depuis qu’il eut tenu ce Conseil dont j’ai parlé, et qu’on ne saurait assez admirer, il continua règlement tous les autres jours, avec une exactitude incroyable. Et qui le croirait en effet, qu’un Prince malade fît autre chose que penser à son mal, s’en plaindre, et chercher du repos ? Mais le Roi malade a bien d’autres pensées et d’autres soins. Il porte dans son esprit toutes les affaires de son État. Il entend ses Ministres, il décide, il ordonne, il pourvoit à ce qu’il faut dans les Provinces du Royaume les plus éloignées. Il fait bâtir au-delà du Rhin pour la sûreté des Frontières, un Fort à la tête du pont d’Huningue. Il en fait bâtir un autre dans l’Ile de Gesenhem : deux Forts dont la construction est plus importante que la Prise de plusieurs Villes. Et dans le même temps, à une autre extrémité du Royaume, il règle les limites de ses Conquêtes, obligeant l’Espagne de reconnaître tout de nouveau la justice de ses Armes, et de lui céder encore une étendue considérable de Pays.

Voilà quelques-uns des effets, et si j’osais le dire, des symptômes de la maladie du Roi. C’est ainsi que ce Héros malade a fait de son lit comme un Champ de Victoire. C’est là, où il a surmonté la douleur avec une constance qui le met au-dessus des Philosophes. C’est là, où il a fait mourir l’Envie que ses autres Victoires avoient fait naître. C’est là, où il a triomphé des cœurs de ses ennemis, comme il avait triomphé de leurs Armées. Ils reconnaissent maintenant, après l’avoir vu souffrir, qu’il était digne de les vaincre. Ils avouent que tant de grands évènements de sa Vie ne sont que les effets naturels d’une force d’esprit encore plus grande ; qu’il n’a été heureux que parce qu’il est sage ; et qu’il n’est redevable de toute sa gloire, qu’à sa seule Vertu.

Nous ne pouvons pas nous-mêmes en dire davantage, mais nous souhaitons de tout notre cœur, qu’il puisse encore l’entendre dire un Siècle entier, et qu’il plaise au Ciel de retrancher de nos jours, pour ajouter aux siens. Que je serais heureux, si quelque préférence était donnée à celui qui a l’honneur de parler pour les autres. Quel avantage pour nous, MESSIEURS ! Quelle gloire, si une partie de nos années pouvait entrer dans la suite d’une si belle Vie ; d’une vie si Illustre, si merveilleuse, si Héroïque ! Ce serait sans doute le plus sûr et le plus beau moyen de parvenir à cette immortalité[2], à laquelle nous aspirons : et c’est aussi la grâce que nous demandons au Ciel, en le louant, et en invitant toutes les créatures de le louer avec nous, d’avoir conservé notre Auguste Prince.

Soleil, qui avez tant de fois éclairé ses Victoires, et qu’il a pris pour symbole des grandes et magnifiques Vertus, auxquelles il a consacré sa Vie, louez le Seigneur qui l’a conservé.

Astres de la nuit, qui l’avez trouvé tant de fois veillant seul avec vous, pour le bien du monde, louez le Seigneur qui l’a conservé.

Mères qui êtes étonnées de vous voir jointes l’une à l’autre, par son ordre, et pour le bien de ses États, louez le Seigneur qui l’a conservé.

Fiers Pirates qui étiez les ennemis déclarés de toutes les Lois, et qu’il a heureusement réduits à suivre celles qu’il vous a données : louez le Seigneur qui l’a conservé.

Rois de la Terre, qui avez admiré avec quel courage et quelle prudence il a vengé la Majesté Royale, que des Républicains avaient offensée, louez le Seigneur qui l’a conservé.

Braves Soldats[3], que sa bonté rend heureux, lorsqu’un malheureux sort vous a rendus inutiles, louez le Seigneur qui l’a conservé.

Jeune et florissante Noblesse[4], qu’il fait élever avec tant de soins, dans tous les exercices Militaires, et qui commencez déjà d’être la terreur de nos ennemis, louez le Seigneur qui l’a conservé.

Troupe de jeunes Vierges[5], que votre infortune rend heureuses en vous attirant sa protection, et qui trouvez dans sa Piété Royale les soins et les tendresses de vos mères, louez le Seigneur qui l’a conservé.

Savantes Académies des beaux-arts, que sa Magnificence a fondées, et qui devez à ses Héroïques Vertus, les plus excellents sujets de vos immortels ouvrages, louez le Seigneur qui l’a conservé.

Nous, MESSIEURS, qui sommes particulièrement consacrés à sa Gloire, par ce titre si glorieux pour nous, par lequel il veut bien que le plus Grand Roi du monde, soit appelé le Protecteur de l’Académie Française, louons le Seigneur qui l’a conservé, et demandons au Seigneur qu’il le conserve. Que tous nos vœux, aient pour objet la conservation et la durée de la vie. C’est la gloire de l’État, c’est la félicité des Peuples, c’est l’honneur de la Religion, c’eft la Paix de l’Église, c’est la source de tout le bien public. Vive le Roi, que le Roi vive, et nous sommes heureux.

 

[1] La Digue et la prise de la Rochelle en 1628.

[2] La Devise de l’Académie, est une branche de Laurier en couronne, avec ce mot, À L’IMMORTALITÉ.

[3] Les Soldats Invalides, nourris, entretenus et logez dans un Palais magnifique.

[4] Six mille jeunes Gentilshommes, élevez dans les Citadelles.

[5] Quatre cent jeunes Demoiselles, dont l’éducation est fondée dans la Maison Royale de S. Cyr.